Noir c’est noir, outrenoir profond dans un défilé tour à tour poétique et technologique. Visage peint de noir (non, il ne s’agit pas d’un « délit » de blackface !) et coiffe perruque en coque craquelée, minérale terre noire, pour sombrer dans la totale non couleur. Une forme d’art total comme devraient être les défilés où chaque élément (maquillage, coiffure, chaussures, accessoires…) participe à la construction de la mise en valeur parfaite d’une collection.
Amples vêtements noirs poudrés de blanc.
Effets de tissus délavés. Silhouettes hiératiques, majestueuses. Vestes d’allure un brin militaire mais oversized. Motif de damiers subtils entre nuit noire et éclairage blanc. Grand pull cape avec un rond blanc.
L’ombre de Claudel plane, le soleil levant est ici blanc comme neige et ne s’assombrit pas du vol d’un oiseau noir. Ce soleil blanc ponctue, oblitère toute une partie de la collection jusqu’à devenir envahissant, en semis.
Et si déjà la collection précédente jouait d’effets de lumière, avec photosensibilation des tissus, la technique aussi ici s’invite. De sombres silhouettes s’avancent et la lumière (ultraviolet) les balaye, révélatrice de motifs chamarrés, floraux, à carreaux.
Apparition, disparition. Sous forme de rond s’esquisse une nouvelle lanterne magique. Un enchantement avant le retour au chaos d’un noir magnifique.
Après avoir déboulé avec une belle énergie sur les podiums la saison dernière, Anrealage confirme son talent et la force de ses propositions.