Visionnaire d’un futur phantasmé, mais jamais arrivé, Pierre Cardin a rêvé la mode des années 60 avant de devenir un homme d’affaires éclectique aujourd’hui à la tête d’un empire (Maxim’s…). À plus de 90 ans, le couturier vient d’inaugurer le musée qui porte son nom, en plein coeur de Paris.
D’abord installées dans un musée à Saint-Ouen, ses collections pâtissaient d’une situation excentrée pour les visiteurs. Aujourd’hui dans le Marais, sont présentées les grandes années du couturier sur 1 000m2 dans une ancienne fabrique de cravates. La collection de plus de deux cents modèles est accompagnée d’accessoires, chapeaux, chaussures, lunettes… et de pièces de mobilier.
Une joyeuse plongée dans le futur du passé orchestre la vision d’une odyssée de l’espace rêvée par un couturier avant-gardiste. Une sensation d’échappée vers une autre galaxie propulse à la conquête d’un nouvel espace vestimentaire où la géométrie régnait. En visite à la NASA le couturier sera le premier civil a enfiler la combinaison des astronautes…
À ses débuts dans la mode, Pierre Cardin travaille en couture chez Paquin, puis Schiaparelli et devient premier tailleur chez Christian Dior quand il ouvre sa maison. Proche d’artistes comme Cocteau, il participe à la création des costumes de cinéma pour La Belle et la bête (1946). Quand il choisit d’ouvrir sa maison, il opte d’abord pour la création de costumes de théâtre (avec Marcel Escoffier ) et de bals… et réalise sa première vraie collection en 1953. Dans Le couturier de ses dames (1956), il imagine (avec Marcel Escoffier) les modèles d’un très original défilé de mode. Ainsi une robe Pense-bête pour femme tête de linotte qui peut faire des noeuds sur sa robe pour ne rien oublier ! Une touche de surréalisme avec un chapeau gants et déjà la géométrie futuriste annonciatrice du style du couturier.
Pierre Cardin a développé un style structuré et géométrique simple, souvent monochrome, mais aussi avec des motifs géométriques comme les cercles concentriques de sa robe cible. Il crée des robes bulles (1954), les cardinettes (1960) à la taille cintrée et jupe courte; autant d’événements pour la mode de l’époque. Pour les hommes il imagine les cols mao, il est à l’origine du look des Beatles portant des vestes sans col et crée les costumes de Steed dans Chapeau melon et bottes de cuir (5ème série).
Véritable couturier, son travail est récompensé à trois reprises par un Dé d’or (1977, 1979 et 1982).
Très vite le couturier a compris qu’un nom s’il est célèbre peut vite devenir une marque. Il l’appose sur nombre de licences (probablement aux alentours de 500 dans les années 80). De nombreux types de produits, hors mode, sont labellisés Pierre Cardin. Touche à tout créatif et prolifique, il a aussi décidé de s’intéresser au mobilier avec des créations depuis 1977. Ses activités ont essaimé dans le monder entier, au Japon, en Chine… En 1991 un défilé de ses modèles est présenté Place rouge à Moscou devant 200.000 personnes. Avec son odyssée futuriste ancrée dans la mode, Pierre Cardin est devenu un des Français les plus célèbres du monde. Si la notion existait en France, il serait sans doute trésor vivant.
Musée Pierre Cardin Passé-Présent-Futur.
5 Rue Saint-Merri
Fermé lundi et mardi. Entrée 25€.