Lumières : Carte blanche à Christian Lacroix

Pudding Bloch laine

Grand couturier, mais aussi éclectique de grand talent, Christian Lacroix a eu carte blanche au musée Cognacq-Jay pour lui donner un nouvel éclairage sous l’ombre des Lumières avec des oeuvres contemporaines mises en résonance avec le XVIIIe siècle.
Lacroix dessin
Installé dans un petit hôtel particulier du Marais, le musée est dû à l’initiative d’Ernest Cognacq, fondateur de la Samaritaine. Photographies et costumes sont les deux axes forts des incursions de Christian Lacroix dans le décor XVIIIe. Au fil des pièces ornées de portraits, de sculptures s’invitent des photos de Valérie Belin et ses noirs magnifiques. Une pièce d’argenterie, une Nature morte au chaudron de cuivre de Chardin sont accompagnées d’une Nature morte aux deux citrons (2004) de Louise Bossut et d’un magnifique Pudding (1980) de Jean-Louis Bloch-Lainé dont les photos « culinaires » sont toujours un enchantement. Dégageant une chaleur gourmande, le pudding est emballé d’un tissu qui pourrait renvoyer aux coiffes des autoportraits de Chardin (mais mon imagination est peut-être galopante…).
Passé par la manufacture de Sèvres, José Lévy y a créé une assiette aux crapauds.
Dans une salle aux boiseries blanc et or où figurent un Francois Boucher et des portraits dans l’esprit de Nattier, s’impose un costume de scène de Christian Lacroix réalisé pour Adrienne Lecouvreur.
Dans des vitrines, des petites porcelaines reprennent des personnages de la Commedia dell’Arte que Christian Lacroix a rebaptisé avec humour selon ses goûts, ses amitiés… du nom de créateurs de mode contemporains : Igor Chapurin, Adeline André, Naoki Takizawa, Gustavo Lins, Ralph Rucci, Elie Saab, Dominique Sirop, Vivienne Westwood, Damiano Biella, Maurizio Galante, Gareth Pugh, Viktor & Rolf, Pascal Millet, Franck Sorbier. Une délicieuse idée de la comédie de la mode aujourd’hui.
Lum porce
Au deuxième étage, rencontre entre des souliers XVIIIe et des Manolo Blahnik.
Une salle exotique se tourne vers l’ailleurs à une époque où les récits de voyages enchantent le quotidien. Une photo de Tim Walker mêle Orient et Occident dans un portrait.
Tim walker
En photo, des immeubles « cages à lapin » et les curieuses petites bicoques (chalets) en bougies de couleurs de Chen Zhen.
Chalets
En mode, le tonitruant Walter van Beirendonck est présent avec son originale vision du costume masculin haut en couleurs.
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L’Antiquité demeure la référence pour les artistes du XVIIIe s. qui découvrent et s’inspirent de la Grèce, de Rome. Là, Christian Lacroix a choisi ses costumes créés pour La descente d’Orphée aux enfers, effets drapés et touches de couleurs peintes.
Lacroix Orphée
Un siècle des lumières avec l’air du temps, une forme d’insouciance autour de la fête, objets précieux d’une économie artistique, évocation de sources d’inspiration, mais aussi l’émergence de l’individu dans les portraits… Un temps suspendu avant la Révolution et sa rencontre avec notre époque mise en Lumières par Christian Lacroix dans un musée à (re)découvrir.

Musée Cognacq-Jay Jusqu’au 19 avril

Pudding C Jean-Louis Bloch-Lainé
Dessin de Christian Lacroix
Xiao Wen in Sherbetyellow Marilyn Wig C Tim Walker

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