La mode a un oeil rivé sur Hood By Air dont le label figurait parmi les finalistes du premier prix LVMH pour les jeunes créateurs de mode et qui a été distingué par un prix spécial. Hood By Air est né à l’initiative de Shayne Oliver et Raul Lopez et dessine un street style sous influence newyorkaise avec des réminiscences sportswear et en filigrane. Se pose également la question du genre en mode. Pour la présentation parisienne de HBO, des bureaux en cours de rénovation dans la Tour Montparnasse avec vue sur Paris la nuit.
Des découpes, des laçages, du cuir, de la déconstruction, un transgenre un peu destroy dans l’humeur du lieu.
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Fidèle à son Sud, Jacquemus avait choisi pour thème « Les parasols de Marseille ». Dans un décor de plage planté de bouées, matelas pneumatiques, transats… pour lézarder au soleil, le blanc immaculé s’égaye de touches primaires de rouge, bleu et jaune.En fond sonore un calme bruit de mer va et vient. Pas un grain de sable dans ce bord de mer stylisé, conceptuel.
Le défilé s’impose dans le style du créateur : des formes simples, basiques et géométriques. Le blanc est mis et s’oblitère de rayures. L’étoffe du diable joue les petits gars de la marine.
Liens dans un esprit cordage, ponctuations bord de mer. Belle humeur sous le soleil. Larguez les amarres
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Avatar mixant les mots anglais real, unreal et age, Anrealage est le nouveau venu de la scène japonaise à Paris. Kunihiko Morinaga a lancé sa marque en 2003 à avec pour point de départ une phrase qui lui est chère : « dieu se niche dans les détails ». Si le créateur Tokyoïte est un grand admirateur de Comme des garçons, on peut le percevoir dans son style. Pour son premier défilé à Paris, des pièce fortes avec un travail sur l’asymétrie et un esprit dans le droit fil d’un style que l’on pourrait qualifier de japonais.
Beau travail de découpes dentelles au laser.
Toute une partie de la présentation joue la technologie* avec des matières photosensibles qui, portées par les mannequins se retrouvent, sous l‘action des lumières marquées d’empreintes corporelles ou traces graphiques. Une écriture de points lumineux a aussi calligraphié des motifs sur les robes blanches. Spectaculaire.
Quant au look des perruques plastifiées, ondulées, il donne un petit air de Playmobil et participe à la perception d’unité de la collection.
Shadow est le titre de la collection. On pense à L’Eloge de l’ombre de Tanizaki, petit bijou littéraire sur l’esthétique au Japon. Avec la « performance » de ce premier défilé parisien, le thème est projeté dans la lumière.
À découvrir aussi en exposition dans la boutique de L’éclaireur.
*Peu de créateurs jouent la carte pourtant intéressante de la technologie, de l’innovation si ce n’est un Issey Miyake ou un Hussein Chalayan.
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Très belle collection pour Léa Peckre qui compose une jolie féminité avec pour point de départ un simple tee-shirt d’homme. Construction précise des coupes alliant des matières légères type mousseline et plus rigides. Douceur et « raideur ». Jeu de contrastes et d’oppositions qui se combinent harmonieusement. Si la créatrice cite, en référence une inspiration puisée chez Nicolas de Stael (abstractions en « panneaux » ?) et Soto (cinétisme pour superpositions mouvantes ?).
Denim, crêpe, tulle, maille 3D, un jeu de matières réussi.
Une gamme de couleurs sobre d’où s’échappe un bleu très clair et surtout un vert sobre, « sapin » qui enchante la collection.
lire le billetÉruption volcanique, lave en fusion pour le défilé de Christine Phung qui imagine « une fille qui roule à bicyclette sur un volcan ». En maquillage, un sourcil ourlé de rouge, oeil de braise. Une collection estivale de robes légères dans un joli travail de coupe. Drapés, plissés. Blanc et noir ajourés, vif orange. Jeux de bicolores avec des bandes blanches ou noires qui viennent encadrer, souligner col et emmanchures.
Un zeste d’asymétrie. Belle éruption de pois multicolore en partie délavés. L’été est là.
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« The single girl » pour Corrie Nielsen. La femme s’émancipe dans les années 60 et se libère. La collection rend hommage à cette époque avec un souci de géométrie (robe trapèze) sans oublier une silhouette plus couture (dos basculés) avec de grands volumes. Jeu de formes en couleurs, jaune poussin, blanc et brillances et inspiration « papier peint ».
Le satin rime avec boudins pour composer des structures comme à « ressorts ». Jeu de transparences (la femme libérée ?). Un bémol pour la réalisation.
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Partie émergée de l’iceberg mode, les défilés du printemps été 2015 débutent le 23 septembre et se termineront le 1er octobre. Aux 93 défilés du calendrier officiel, il faut ajouter les off, les salons, les présentations, les show-rooms…
Parmi les moments les plus attendus, le dernier défilé de prêt-à-porter de Jean Paul Gaultier, de nouveaux noms invités comme le Japonais Anrealage, la nouvelle directrice artistique Julie de Libran chez Rykiel …
Humer les prémices de l’été 2015 avant de plonger dans l’hiver 2014.
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Coup de coeur de la rentrée pour un parfum masculin, Nuit d’Issey plonge dans la pénombre et m’emporte aussi, très personnellement, vers un Japon mystérieux et originel.
Fâché, le soleil se cacha dans une grotte et plongea l’archipel dans une nuit permanente avant de devenir le pays du soleil levant. Dans l’obscurité d’une nuit juste poétiquement éclairée par la présence de la lune surgit le souvenir des Contes de pluie et de lune de Ueda Akinari et d’un merveilleux film de Mizoguchi : Contes de la lune vague après la pluie.
Aujourd’hui les parfumeurs Dominique Ropion et Loc Dong (IFF), ont imaginé « mettre de la lumière dans la nuit » et ainsi naquit Nuit d’Issey (Miyake). Un zeste de fraîcheur agrume de bergamote et de pamplemousse vite absorbé par la puissance d’un accord cuir épicé de poivre noir. Richesse de notes boisées (évocation d’une interprétation de « bois noir ») avec patchouli, mais aussi encens et fève tonka. Un masculin oui, sans hésiter, mais à adopter dans un léger frisson de transgression.
Tactile, le flacon joue l’opposition texturée entre mat et brillant; un quasi « outrenoir » (terme de Pierre Soulages) ? Deux qualités de noir jadis distinguées en latin : niger pour le brillant et ater pour le mat; ici juste séparés par une ligne. Horizon ?
Signé Ryan Hopkinson, le film traduit le passage dans la nuit d’un homme confronté aux éléments de façon primitive avec la lumière lunaire qui vient éclairer la nuit.
http://www.isseymiyakeparfums.
De temps en temps
Le nuages nous reposent
De tant regarder la lune
Matsuo Bashô
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Sous l’oeil bienveillant du daruma, Le Bon Marché célèbre l’archipel. Hommage à Tadao Ando, à la mode japonaise avec les créations de Sacai, à la beauté made in Japan, à l’artisanat, à la cuisine… Entre culture et shopping.
Autour de Tadao Ando, un des plus grands architectes japonais, est projeté un documentaire sur un des lieux les plus magiques du monde. Construit par Ando sur l’île de Naoshima (penser à L’île nue, étonnant film sans parole de 1960 ), le Benesse Art Museum est musée d’art contemporain et « hôtel » avec quelques chambres disposées autour d’une pièce d’eau, en pleine nature. Parmi les oeuvres, une énorme citrouille de Kusama Yayoi, majestueuse en bord de mer, une maison abritant une installation lumineuse de James Turrell… À Naoshima ont vu le jour d’autres lieux consacrés à l’art contemporain qui essaime aussi sur d’autres îles. Un documentaire à découvrir dans un reposant (zen?) cadre stylisé reprenant la forme de l’île (maquette réalisée par des étudiants de l’école Boulle).
Des touches de décor en laque rouge, l’esprit du samourai, des silhouettes bonhommes de daruma, du maquillage kabuki, le Japon serpente les allées du Bon marché ponctuées de pois rouges (soleil levant).
Souvent (toujours ?) à la pointe de la création, la mode japonaise met en avant un des noms émergents de la nouvelle scène : Sacai. La créatrice Chitose Abe (formée chez Comme des garçons, Junya Watanabe) prolonge l’esprit nippon avec l’asymétrie, la déstructure… Des pièces au masculin, au féminin, une ligne casual : Sacai Luck et une collection capsule imaginée pour Le Bon Marché (cardigans et parkas bi-matières) ; dans la « Villa Sacai ».
Un espace beauté permet de découvrir des produits typiquement japonais. Les références pour les ongles UKA, Makanai remontent à une tradition qui date de 1889, à base de poudre d’or… Découvrir l’exquis yuzu (agrume japonais) en infusion pour le bain ou crème, le thé vert… Et des accessoires absolument kawai.
À propos de thé, un bar pour les découvrir.
Sans oublier des trésors d’emballage d’un pays où l’enveloppe est parfois plus importante que le contenu. Déjà en 1966 était publié l’iconique ouvrage Cinq oeufs dans un panier.
Côté design : Nakagawa Mokkougei, une fabrication artisanale de Kyoto qui revisite la tradition des bacs en cèdre pour devenir de très pratiques tabourets en bois cerclés de cuivre.
Et pour les papilles, à la Grande Epicerie découvrir les créations de Taku Sekine, miso et sésame à l’honneur.
Cake sésame noir et patate douce
Jusqu’au 18 octobre.
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Le 27 septembre aura sans doute lieu le dernier défilé de prêt-à-porter de Jean Paul Gaultier. Le créateur, en accord avec le groupe Puig (majoritaire au sein de sa société depuis 2011), a choisi de laisser ce secteur dans un contexte de mode compliqué aujourd’hui. En 2013, il avait pourtant renoué avec Gibo, l’historique fabricant italien de ses débuts qui avait accompagné ses grands succès. Une page se tourne. Désormais Jean Paul Gaultier se consacrera à la haute couture où, depuis 1997, il excelle. Il pourra continuer à conserver ainsi un territoire de création en liberté avec la perfection de la couture.
Au vu du succès de son exposition (Canada, États-Unis, Grande-Bretagne, Pays-Bas…), la notoriété de Jean Paul Gaultier demeure iconique, même si le succès commercial n’est plus le même.
Le développement des parfums se poursuivra encore en partenariat avec BPI (Beauté Prestige International) qui a réussi des lancements majeurs avec Classique au féminin et Le Male au masculin et récemment Le Beau Male. À Partir de 2016, une nouvelle page se dessinera, les parfums intègreront le groupe Puig.
Jean Paul Gaultier continuera aussi des collaborations avec des artistes pour lesquels il créera des costumes de scène et sans doute d’autres projets à venir…
Photo Herb Ritts
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