Coup de coeur de la rentrée pour un parfum masculin, Nuit d’Issey plonge dans la pénombre et m’emporte aussi, très personnellement, vers un Japon mystérieux et originel.
Fâché, le soleil se cacha dans une grotte et plongea l’archipel dans une nuit permanente avant de devenir le pays du soleil levant. Dans l’obscurité d’une nuit juste poétiquement éclairée par la présence de la lune surgit le souvenir des Contes de pluie et de lune de Ueda Akinari et d’un merveilleux film de Mizoguchi : Contes de la lune vague après la pluie.
Aujourd’hui les parfumeurs Dominique Ropion et Loc Dong (IFF), ont imaginé « mettre de la lumière dans la nuit » et ainsi naquit Nuit d’Issey (Miyake). Un zeste de fraîcheur agrume de bergamote et de pamplemousse vite absorbé par la puissance d’un accord cuir épicé de poivre noir. Richesse de notes boisées (évocation d’une interprétation de « bois noir ») avec patchouli, mais aussi encens et fève tonka. Un masculin oui, sans hésiter, mais à adopter dans un léger frisson de transgression.
Tactile, le flacon joue l’opposition texturée entre mat et brillant; un quasi « outrenoir » (terme de Pierre Soulages) ? Deux qualités de noir jadis distinguées en latin : niger pour le brillant et ater pour le mat; ici juste séparés par une ligne. Horizon ?
Signé Ryan Hopkinson, le film traduit le passage dans la nuit d’un homme confronté aux éléments de façon primitive avec la lumière lunaire qui vient éclairer la nuit.
http://www.isseymiyakeparfums.
De temps en temps
Le nuages nous reposent
De tant regarder la lune
Matsuo Bashô