Dans un défilé performance sur la pointe des pieds, les Viktor & Rolf ont situé leur vêtement à la frontière de la peau. Un travail complexe sur le latex travaillé en souplesse donne corps à une seconde peau posée en souffle sur le corps. Un voile opaque habille les jeunes danseuses du Dutch National Ballet. Des différences de textures donnent une illusion de trompe-l’oeil où se dessine le vêtement (bustier plus opaque).
Une gamme de tons chair va du rose poudré au corail en passant par le « nude ». Des formes simples, parfois drapées, de petites jupes de danseuses,… le ballet se compose sur la scène du défilé. Une peinture (à la main) redessine l‘illusion de tatouages évoquant rubans et noeuds chers aux créateurs.
Une collection « statement », un exercice de style poétique qui ouvre la porte au nouveau parfum des créateurs : Bonbon (L’Oréal) dont l’égérie a le corps habillé de tatouages peints. Éloge de la chair.
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Sous le signe du papillon de nuit, Yiqing Yin signe sa dernière collection couture. Des couleurs délicates, précieuses, évoquent une riche naturalité, teintes végétales et minérales : écorce, lichen ou roche. Un monde de tonalités délavées, retravaillées où semble se lire l’usure du temps. Un précieux travail de tressage, des tissus enroulés, tordus, des drapés, des lanières, pour des vêtements (em)portés dans un souffle.
Silhouettes aériennes aux improbables ailes d’organza, jupe cage en apesanteur. Jeux de transparence pour exquises chrysalides. Un moment de poésie.
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L’effet papillon a posé son souffle sur la collection de Jean Paul Gaultier avec des manches ailes, des détails « microcosmos ».
Tailleurs de ville pour Parisienne avec l’esprit Gaultier masculin-féminin et le retour des blouses blanches à carrure élargie. Vestes capes prêtes à l’envol. Élégance chic et coupes parfaites. Travail de découpes des matières, dentelles papillonnantes posées en résille arachnéenne sur le corps.
Après la sobriété des couleurs classiques, la gamme se révèle chatoyante, à l’image d’ailes de lépidoptères de jour ou de nuit.
Parmi les noms des modèles : Minute papillon, Noeud papillon, Sphinx de la vigne, Métamorphose, Chrysalide,… Une collection où s’agitent aussi les plumes dans un esprit digne des revues parisiennes les plus enlevées. À tire d’ailes, la métamorphose finale transforme Dita von Teese en flamboyant papillon de nuit.
lire le billetHirondelle de printemps, promesse de légèreté, les collections d‘Elie Saab, fidèle à lui-même, jouent la délicatesse. Broderies exquises, sans faux pas, sans excès. Sous le signe du renouveau, une éclosion de fleurs en devenir dans des gammes de couleurs tendres, parme, bleu (Raphaël), vert et aussi rose et beige, chers à l’univers du couturier.
La taille parfois s’élève, se dessine, empire sur talons d’or, précieux, haute couture. En référence à un tableau d’Alma-Tadema, tons poudrés, évanescence, plongée dans un monde préraphaélite où la nature en pétales s’épanouit.
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Avec sa collection « artisanal », la maison Martin Margiela est le bel exemple d’une voie nouvelle dans la couture. L’esprit vintage souffle sur des créations donnant ou redonnant vie à des éléments du passé. Le côté « fait main » (le nombre d’heures nécessaires à la création est toujours mentionné) justifie pleinement la place de la maison dans le calendrier de la haute couture, tissant un lien avec la notion de métier d’art. Mais, chez Maison Martin Margiela, s’invite une vision plus contemporaine de la couture, loin des robes de princesses.
La collection du printemps été 2014 est particulièrement remarquable, un sans faute esthétique où chaque modèle suscite l’admiration, l’envie de porter ces pièces d’exception. Si le thème est celui de « la collection d’un collectionneur », jamais art et mode n’auront autant si élégamment et originalement fusionné.
Quelques modèles utilisent des coupons de tissus Fortuny intégrés à la silhouette. Une série de tissus imprimés avec des motifs de Frank Lloyd Wright (édités par Schumacher) et découverts aux Etats-Unis se posent géométriquement sur le corps.
Des motifs de Verner Panton, Raoul Dufy (Les violons) côtoient l’univers des tatouages pin-up de Sailor Jerry.
Le travail, monté sur tee-shirts, corsets, stockman…, vient réinterpréter des motifs chargés d’histoire de l’art. Ballons d’aluminium, couverture de carrosse, objets trouvés… s’invitent également dans cette promenade artistique. Sans oublier l’aspect masque des silhouettes, dans le droit-fil de l’histoire de la maison et avec une touche de magie.
Un magnifique manteau « opéra » taillé dans une tapisserie du Bauhaus (Dessau) et, clou de la collection, la pièce tapisserie (Aubusson) inspirée d’un carton reproduisant un tableau de Gauguin. JUBILATOIRE.
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Pour sa dernière collection couture, Julien Fournié s’est inspiré de la danse et plus particulièrement de la figure magnifique de Maïa Plissetskaïa. « Premier frisson » est le nom de la collection, choisi en pensant aux jeunes filles qui vont effectuer leur « entrée dans le monde ». De longs fourreaux prêts du corps. Le zip n’hésite pas à s’afficher, large, imposant.
Délicats détails de broderies et plissés fins, à l’antique.
Un top joue l’assemblage de pierres semi-précieuses et donne le ton, améthyste, jade, cristal de roche, délicate gamme de mauve, vert et blanc transparent.
Une collection dans un souffle de légèreté.
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Volontaire, déterminée, la femme d’Alexandre Vauthier traverse avec assurance le podium. Une carrure dessinée, des basques, la veste tailleur très construite se pose non sur une jupe mais sur une « gaine culotte ».
Un travail couture dans les broderies magnifie l’or cher au couturier (ses trois couleurs sont blanc, noir et or). Les franges jouent les fils de l’air.
Le cuir se découpe, se tresse de façon ethnique.
Et si le jour est construit, géométrique, le soir joue le fluide, les fourreaux échancrés et les superpositions de tulle, feuilletés.
Un imprimé « léopard » rugit », un zèbre passe, jungle urbaine.
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Quand la haute coiffure ouvre la porte à l’extravagance, à la fantaisie, Charlie le Mindu en est le Figaro. Dans son défilé off où les vêtements sont accessoires, la part belle est réservée aux coiffures. Tenues de latex pour créatures souples aux coiffures hautes en couleurs, flamboyantes. Des allures de poissons exotiques échappés d’un aquarium imaginaire pour terminer sur un podium de défilés.
L’artiste capillaire s’est inspiré du « seapunk » et a choisi des couleurs vives qui illuminent la lumière noire tandis que les maquillages violet suggèrent une inquiétante étrangeté. Incroyables et merveilleuses du XXIe siècle. Tête de masque ethnique, poissons, méduses, les catwomen agitent leurs coiffures fluos : jaune, rouge, orange bleu, vert…
Un kaléidoscope de couleurs phosphorescentes, patiemment travaillées au-delà du surnaturel pour affirmer leur puissance dans le noir. Mèches et tresses posées artistiquement dans un réjouissant monde de mutants.
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Le duo formé par Livia Stoianova et Yassen Samouilov dans leur « maison fondée au XXè siècle » a choisi une collection entre ombre et lumière, « light and shadow » où le blanc s’oppose et s’appose au noir. Sur un grand écran lumineux les premières silhouettes se dessinent, ombres chinoises. Le ton est donné par un couple de « mariés » avec casquettes recouvertes de strass, Village people couture.
Un minutieux travail de broderies pose le noir sur le blanc ou l’inverse. Une collection bicolore où les traits lumineux s’unissent au sombre, noir c’est noir. Une taille serrée, bien prise et des jupes blanches en corolle.
La résille chair se couvre de brillances ; s’imaginent les heures d’atelier pour construire les broderies. Un poil de fourrure à caresser.
Noir jais, blanc immaculé, flots de perles et de strass dans un final d‘où les silhouettes ressurgissent illuminées de détails fluos, parcours de leds pour allumer la nuit.
Photos Jean Louis Coulombel
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Exception culturelle française, la Haute Couture* maintient noblement le flambeau de la mode avec ses techniques précieuses, ses riches étoffes et un savoir faire d’exception.
Ce printemps-été, le calendrier s’articule principalement autour de trois jours de défilés avec les temps forts orchestrés par les maisons Dior, Chanel et Jean-Paul Gaultier. Stephane Rolland, Frank Sorbier, Maison Martin Margiela, Alexis Mabille et Giambatista Valli sont les autres membres qui défilent cette saison avec Bouchra Jarrar qui vient juste de rejoindre le cercle officiel de la couture.
Les membres correspondants ajoutent une touche d’« exotisme » avec Versace, Valentino et Armani Privé pour l’Italie, Elie Saab pour le Liban et Viktor & Rolf pour la Hollande. Parmi les membres invités cette saison : On aura tout vu, Alexandre Vauthier, Julien Fournié, Rad Hourani, Serkan Cura, Zuhair Murad, Ralph & Russo et Yiqing Yin. Schiaparelli, dont les activités couture ont cessé en 1954, revient également sur le devant de la scène avec la première collection signée Marco Zanini.
Une série de défilés off vient également pimenter le calendrier avec notamment Charlie le Mindu et ses coiffures extravagantes. À partir de jeudi, la joaillerie met de l’éclat sur les festivités avec Boucheron, Bulgari, Chanel, Mellerio dits Meller. Le savoir faire de l’artisanat s’invite avec Goossens (bijoux, objets), Hermès (textiles), Lemarié (plumes), Lesage (broderies) et Maison Michel (Chapeaux).
Si la Haute couture n’est plus à la mode ce qu’elle était jusque dans les années 60, elle demeure une forme d’artisanat rare et un vivier précieux pour la création où peuvent d’exprimer de jeunes talents.
*L’appellation haute couture est une appellation juridiquement protégée et dont se prévalent les maisons dont le nom figure sur une liste établie chaque année par le Ministre en charge de l’Industrie.
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