Record mondial pour un modèle de Christian Dior lors d’une vente organisée autour du thème haute couture et vintage le 24 juin à Paris. Robe d’après-midi du printemps-été 1957, Zerline a été adjugée 85 000€ (Frais inclus).
Sous l’expertise de Pénélope Blanckaert, le modèle, en taffetas de soie noire, entièrement drapée, à col pélerine et noeud à longs pans se pose en volume sur des jupons de tulle et crin.
Photographié en 1957 pour Vogue, le modèle Zerline est souvent reproduit dans des ouvrages concernant Dior. La robe figure également dans le catalogue de l’exposition Hommage à Christian Dior du Musée des Arts décoratifs en 1987.
Du nom d’une des héroïnes que veut séduire Don Juan, Zerline est aussi aujourd’hui un modèle de lunettes Christian Dior et fut un rouge à lèvres de l’automne hiver 2010, le N°522.
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Exception culturelle français, la haute couture est aujourd’hui célébrée à Paris autour d’une sélection de robes des collections du musée Galliera.
Si depuis le dernier défilé couture d’Yves Saint Laurent en 2002, la question de la pérennité de cet univers est régulièrement posée, le travail de ces modèles offre une forme de réponse : il donne envie de voir se poursuivre cette forme de création.
L’exposition permet de mesurer l’excellence du travail des maisons et la dimension d’oeuvre des vêtements créés sous la dénomination haute couture. Dans sa spécificité très française de conservation des métiers d’art, d’artisanat, elle a encore son mot à dire et incarne une vitrine remarquable pour les grandes maisons qui délivrent leur savoir-faire dans une délicieuse part de rêve.
L’exposition débute avec Worth qui a donné ses lettres de noblesse à la couture et qui, le premier, a su imposer son nom en tant que couturier et se termine (en chronologie) avec des modèles d’Alaïa, Maurizio Galante, Bouchra Jarrar ou encore la robe à trois emmanchures d’Adeline André.
Une centaine de modèles fait revivre avec éclat plus d’un siècle de créations. Après un début d’exposition autour des détails de fabrication, broderies, cahiers de tissus… la grande salle du bas est somptueuse par le choix des pièces et aussi par la juxtaposition entre passé et présent. Les modèles exubérants et orientalistes de Paul Poiret trouvent un écho magistral dans le travail de John Galliano pour Dior (ensemble du soir Schéhérazade). Une extraordinaire robe du soir de Madeleine Vionnet superpose des couches de mousseline de soie dans des dégradés de vert habillés de broderies de fils métalliques.
Dans une vision futuriste, Thierry Mugler ajoute les éclats du plastique et des perles à sa robe façon cristal. Certaines créations jouent la fantaisie ainsi un ensemble de Pierre Cardin à pompons multicolores ou une robe cible.
Une magnifique promenade dans le temps. Redécouvrir Schiaparelli et ses gants à ongles en métal (le surréalisme n’est jamais loin). Admirer les volumes architecturés de Balenciaga. Revoir Lanvin, Patou, Chanel, Dior, Saint Laurent, Lacroix… Admirer des noms moins connus : Philippe et Gaston, Jérôme…
À noter dans le catalogue, un « arbre généalogique » de la couture avec ramifications et liens entre les maisons.
Une exposition hors les murs organisée à l’Hôtel de ville, entrée gratuite jusqu’au 6 juillet.
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Mythique créateur de souliers et inventeur de talons prolifique, Roger Vivier a son nom aujourd’hui célébré dans un ouvrage publié chez Rizzoli qui conjugue le passé au présent de la marque avec les créations de Bruno Frisoni.
La vie de Roger Vivier est un roman. Né en 1907, il débute en fabriquant des chaussures pour Mistinguett et Joséphine Baker. Il ouvre une boutique en 1937 où les stars sont ses clientes, ainsi Marlène Dietrich. Pendant la guerre, il part aux États-Unis où il crée des chapeaux. Il conçoit les chaussures pour le couronnement de la reine Elizabeth à Londres (1952), tenant compte du paramètre du poids de la couronne pour créer des souliers stables et confortables. Roi du talon, il « invente » l’aiguille (1955) et crée le talon choc, le virgule… Il crée pour Dior, Yves Saint Laurent pour qui il imagine la cuissarde qui vient gainer la jambe, un mythe de séduction en Harley-Davidson. Artiste, il compose des collages autour de l’univers des chaussures. Devenue iconique, sa paire d’escarpins plats à boucle en métal est créée pour accompagner la robe Mondrian (1965) d’Yves Saint Laurent et sera portée par Catherine Deneuve dans Belle de jour (1967). À près de 90 ans, infatigable, il était encore revenu sur le devant de la scène pour créer une collection pour Myris en 1997.
Pour le groupe Tod’s, Diego Della Valle reprend le nom et le relance en 2002 sous la direction artistique de Bruno Frisoni et avec pour ambassadrice Inès de la Fressange. Le designer imagine des souliers d’exception et revisite le modèle de Belle de jour.
En quelques années, la marque est devenue majeure sur le secteur de la création avec ses originaux modèles de luxe. Au moment du jubilé de la reine, Bruno Frisoni a aussi rendu hommage au travail de Roger Vivier pour le couronnement avec A Queen Forever, souliers sur satin noir, ornés de plumes et d’un motif royal de fleur de lys.
L’ouvrage publié chez Rizzoli rassemble des textes et jette un pont artistique entre le créateur et son riche passé et la vivacité créative de la marque aujourd’hui.
Photos Philippe Jarrigeon
N.B. Pour la sortie de sa collection chez Myris en 1997, Roger Vivier pose pour Jalouse dans une série de photos d’inspiration surréaliste (Photos Philippe Calandre) et… ma première interview du créateur, un magnifique souvenir.
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