Velouté, puissant, cuiré, Cuir améthyste incarne, avec sa sulfureuse violette, un alter ego parfumé. C’est celui dont je pense avoir bu (enfin consommé) des litres.
Né après mon rêve d’anosmie, Cuir améthyste n’y figurait pas encore, mais je suis sûre qu’aujourd’hui, il s’inscrirait en tête.
Né dans la belle famille d’Armani privé, il ne fit pas partie des quatre premiers enfants dont l’exquis Bois d’encens à l’origine de la collection. Avec Armani privé, le couturier put partir sur des sentiers plus personnels, échapper aux autoroutes de la parfumerie. Bois d’encens rend hommage à la grand-mère de Giorgio Armani qu’enfant, il accompagnait dans les églises où se respiraient des vapeurs d’encens. L’interviewant à Milan au moment du lancement de la ligne, Giorgio Armani racontait cette histoire. Pour le flacon, le couturier parlait d’un objet japonais, mais je ne pus le voir… Réalisé en pourtour avec un bloc de bois de kotibé (proche de l’acajou), le flacon est surmonté de l’équivalent d’une pierre de couleur, caillou semi précieux en « résine ». Référence pourrait être faite à Brancusi. Peu importe, le résultat est très beau dans sa version bois, mais pas en verre. Le flacon se rattache au primitivisme, à une sculpture ethnique non figurative, il oublie les codes traditionnels de flacons presque toujours en verre.
Pour « mon » Cuir améthyste, le bouchon s’est habillé de mauve et ressemble à la pierre de référence. Giorgio Armani dit : « J’aime la symbolique de cette gemme, qui depuis l’Antiquité est associée à la sagesse, l’humilité et qui est censée avoir créativité et méditation ».
De la fragrance, il dit : C’est un hommage à cette seconde peau, à cette matière infiniment sensuelle qu’est le cuir s’adressant autant à la femme qu’à l’homme. Le cuir vit, vibre, s’échauffe et s’assouplit quand on le porte, se patine avec le temps, il est la matière charnelle par excellence. »
Pour cette impression de cuir, la parfumerie utilise souvent et c’est le cas ici le bouleau de Russie (des parfums de la première moitié du siècle ont porté ce nom chez Chanel, L.T. Piver…), joué ici avec patchouli d’Indonésie et violette, cette fausse discrète que j’apprécie infiniment. Serait-ce une trace du souvenir de la Violette de Berdoues (1936) que portait grand-maman Dollinger et sans doute le premier parfum que j’ai identifié. S’ajoutent coriandre, rose, bergamote de Calabre, benjoin du Laos, labdanum d’Espagne et vanille Bourbon. Un sillage chaud, enveloppant, velouté, doux et puissant à la fois.
Signée Michel Almairac, cette composition toujours me touche et, sur la route des parfums qui me plaisent, souvent figure sa signature.
Naissance : 2005
Papa : Michel Almairac
Famille : Cuir boisé ? Chypré floral ?
Genre : No sex
Que soient ici remerciés quelques remarquables pourvoyeurs de fonds : Tamil E. M., Joséphine V. Et aussi Michel Almairac.