Dries van Noten

 

L’inspiration de Dries van Noten est allée vers l’extrême d’un Orient où le soleil se lève et où l’empire est du milieu. Le créateur a choisi des tissus dans les archives du musée Albert et Victoria de Londres à partir desquels ont été créés des imprimés par photographie. Se découvrent des images d’un monde flottant où s’estompent les acteurs de kabuki. Les chinoiseries rendent hommage à l’année du dragon et renaît le phénix. Reconnu dans la maîtrise des harmonies de couleurs où il excelle, Dries van Noten ajoute désormais des télescopages de matières opposant pans de tissus unis à ses imprimés. De façon aléatoire, l’imprimé surgit, parcellaire ou all-over et compose une nouvelle architecture du vêtement. Un côté militaire défile, le masculin des manteaux donne de l’allure. Si les coupes semblent privilégier le droit, tout à coup les jupes s’évasent, plus féminines. Touche de kaki, du jaune, des bleus, presque à l’infini… Les broderies sont aussi un peu présentes, passent les grues dorées, symboles de long longévité au Japon…

Entre austérité maîtrisée et fantaisie retenue.

 

Maquillage et coiffure. Si les cheveux jouent la simplicité du défait, les yeux s’ourlent d’ombres à paupières rouge orange, un peu couleur laque, Orient toujours ?

 

lire le billet

Nicolas Andréas Taralis

 

Ambiance sobre et austère pour le défilé de Nicolas Andréas Taralis. Les silhouettes osent le long, le très long, frôlant le sol. Le flou et la légèreté des jupes s’opposent à la rigueur de la construction des vestes. Contraste masculin-féminin. Rigueur versus sensualité. Jeux de découpes, d’associations de matières. Bandes croisées, lanières, le  vêtement joue la construction et la déconstruction où parfois pointe l’asymétrie. Oeuvre sombre dans une gamme chromatique qui broie du noir tandis que le gris sourit. Longs manteaux redingotes, cols montants. Tissus chiffons et superpositions. Un éclair de lumière avec une robe blanche travaillée dans le biais et assemblage de tissus attachés de nervures, un ange passe. Le long passera l’hiver.

Maquillage et coiffure. Petites bouches en point rouge et cheveux tirés surmontés d’une queue de cheveux roulottés sur le crâne façon samouraï.

 

 

lire le billet

Guy Laroche

Dynamique, la femme Guy Laroche s’habille avec élégance, citadine intemporelle. Cette saison Marcel Marongiu s’est amusé à jouer avec les formes. Epaules posées plus bas dans des vestes ; effets de volumes dans les manches des pulls… Dans la gamme de couleurs scintillent les rouilles et brille le Bordeaux cuir à effet vinyle. Effets blousants, jeux de transparence. Des tissus très habillés avec effets de rebrousse-paillettes donnent un aspect dévoré aux tissus qui plongent dans un final où tout est or pour grands soirs.

 

lire le billet

Damir Doma

 

 

Pionnières d’un nouveau monde, les femmes de Damir Doma s’habillent de peaux, de laines aux couleurs de terres, de noirs… Le plastron se pose presque en armure sur la fourrure. Guêtres et bottes de cuir, mais aussi chaussures presque relevées à la poulaine. De grands cols blancs plissés aux réminiscences de fraises. Inspiration médiévale ou Renaissance ? Juste des citations, le style de Damir Doma reste en majeur. Des jeux d’asymétrie, des formes enveloppantes, des pantalons amples. Surpiqûres à gros points.

Les vestes jouent parfois l’esprit kimono avec de grandes manches. Un soupçon d’allure militaire ajoute de la prestance. Un passage au violet, purple rain, et le choix, mystique ( ?) d’une croix dorée en accessoire.

Imaginée pour un véritable hiver, la collection réussit l’équilibre entre création et commercial.

 

lire le billet

Dévastée

 

 

Le duo Dévastée (Ophélie Klere et François Alary) reste fidèle  à son credo avec ses motifs en forme de croix, ses têtes de mort, smileys et autres joyeux fantômes. Se découvrent aussi des imprimés autour des arts de la table avec presse-agrumes et couverts. Les ciseaux sont aussi éléments de décoration d’un imprimé marqueterie. Un jeu op de variations et oppositions entre noir et blanc domine. Une allure de Pierrot crépusculaire, mais optimiste. La maille est toujours réussie et se multiplie le travail des effets de coupes avec superposition de volumes et de contraste entre tissus opaques et transparence sauce mousseline.

 

Le maquillage façon Mistery train propose une bouche joyeusement barbouillée de noir. Coiffures en hauteur avec serre-tête rubans de plastique noir.

 

lire le billet

Aganovich

 

 

Le duo composé de Brooke Taylor et de Nana Aganovich trace un sillon à part. Leur approche, toujours intellectuelle au départ, nourrit de culture leur mode et puis vogue le navire de la création. Cet hiver un grand vent polaire souffle sur une inspiration qui les a conduits loin, très loin, vers les pôles où flottent les icebergs avec des images d’avalanches de blanc tombant dans les océans. Le monde change, la mode bouge, l’ère glaciaire est loin. Pour s’immerger dans ce climat a été privilégié le blanc immaculé, l’ivoire, parfois cassé dans des matières sobres et rigides, mais aussi des tissus à effet damassé. Une touche de bleu, un bleu plutôt ciel en lignes fines évoque un vague souvenir de rayures marines revisitées.

Les formes sont très construites, travaillées, découpées, architecturées. La silhouette s’articule dans des vêtements anatomiques aux proportions passées au moulinet de la fantaisie. Là où on imaginerait le coude, l’articulation se noue au poignet. Pantin réarticulé. Une impression de douceur, de cocon ouaté comme dans la maille.

Leur style de puzzle géométrique développe un goût pour l’asymétrie : une manche « normale » s’oppose à un côté cape. Parfois les formes enveloppent, le long est mis. Le cocon est palpable et puis, patatras, déboule le noir, un satin brillant qui vient déconstruire, s’opposer, animer, casser avec jubilation l’oeuvre au blanc.

Maquillage. Kakuyasu Uchiide pour Shu Uemura a imaginé un maquillage frais et léger pour les filles cheveux au vent. Un maquillage d’exception se distingue avec un visage blanc presque japonisant avec une bouche juste habillée d’un point rouge et des sourcils peints de noir, poétique et théâtral

 

lire le billet

Anthony Vaccarello

Coqueluche de la planète mode, Anthony Vaccarello est d’origine belge et a été couronné par l’Andam. Pour sa collection automne-hiver, le créateur revendique le contraste entre masculin strict et féminité assumée. Une touche d’inspiration miliaire avec vestes d’officier accentue sa coupe toujours nette et précise. In the navy,… le bleu sombre est roi. Point de manteaux, mais une collection de modèles variations sur cette même couleur, bleu nuit aux reflets brillants ponctués de touches de noir (beau mariage). Une silhouette féminine, pour aventurière un brin guerrière avec souvent des épaules asymétriques pour amazones prêtes à en découdre.

Du court, très court et des pantalons très ajustés, des vêtements proches du corps, le soulignant, à l’exception de deux ou trois volumes dans le dos, coulissant. Un savant travail de découpages et d’ajouts d’éléments, pattes, lanières, poches, zips, … pour un vêtement très travaillé. Géométriques, les bustiers se découpent avec audace à fleur de peau. Quand la couleur apparaît, elle brille dans le soir avec un vert émeraude et puis passe l’or.

A noter les chaussures, en collaboration avec Giuseppe Zanotti.

 

Photos Shoji Fujii

Maquillage créé par Tom Pecheux pour Estée Lauder avec des lèvres à peine colorées et l’accent mis sur les yeux. Sur les ongles, une touche de vernis vert sombre, presque noir.

 

lire le billet