La marque de la maquilleuse américaine célèbre ses vingt ans avec le photographe Bruce Weber. Deux décennies d’une carrière où Bobbi Brown voit la beauté de façon simple et pratique pour toutes les femmes. Maquilleuse de profession, elle choisit, il y a vingt ans, de créer des produits moins « artificiels ». Elle a envie de rouges à lèvres pas parfumés, ni trop secs, ni trop gras et proches de la carnation des lèvres. Elle travaille avec un chimiste et sélectionne dix teintes : Saumon, Beige, Raisin, Rose… Elle débute ainsi en 1991 chez Bergdorf Goodman avec une petite collection de Lip Color ; cent unités sont vendues la première journée (l’objectif fixé pour un mois). Bobbi Brown Essentials devient une marque et développe ensuite fonds de teint, couleurs, tout en gardant à l’esprit les notions de simplicité et praticité (mère de famille, elle comprend qu’une femme puisse n’avoir que quelques minutes chrono pour se maquiller).
Quatre ans plus tard, la marque est rachetée par Estée Lauder, mais la créatrice y poursuit son aventure avec aujourd’hui 1000 points de vente. Elle publie des livres dont Bobby Brown Beauty : The Ultimate ressource, best-seller vendu à plus de 100.000 exemplaires.
Si, pour communiquer, elle choisit de privilégier des femmes le plus souvent anonymes (choisies par concours sur internet notamment), avec des « avant-après » dans la première grande campagne de pub, Pretty Powerful, en 2010.
Pour les 20 ans, Bruce Weber a réalisé une série de clichés de façon informelle avec un pêle-mêle d’âges, d’ethnies… Amis de la famille, mannequins ou encore l’étonnante Iris Apfel ont participé à un shooting en liberté, entre amis. Une fête « improvisée » dans une propriété des Hampton’s. Des photos et un film pour une vision simple et réaliste de la « beauté ». Un vent de fraîcheur dans le monde de la beauté où les retouches dépassent leur rôle de correction, amélioration, pour s’enfoncer dans la modification.
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Avec des imprimés fauves et une touche de bling or, Versace rugit chez H&M. Ephémères et événementielles, les collections de créateurs sont une astucieuse façon de communiquer de la maison, tout en mettant la mode à portée de tous les budgets. Avec Versace, l’hiver sera glam et haut en couleurs.
Donatella Versace avait déjà donné le coup d’envoi de la collection H&M cet été à la fin de son défilé homme en portant une robe noire cloutée or, armure de déesse conquérante. Elle définit la collection H&M : « J’ai choisi des pièces iconiques,… il y aura de l’or, du glamour, ce sera excitant, rock’n’roll ».
Le 8 novembre à New York, une soirée people (Jessica Alba, Blake Lively, Uma Thurman, Linda Evangelista…) présentait la collection mise en vente le 17 novembre (après des soirées shopping privées) et qui va sans aucun doute susciter l’hystérie des client(e)s.
Les codes de la maison, avec l’emblématique méduse, seront visibles. Un poil d’imprimé léopard accentue l’esprit jungle. Des motifs paradisiaques avec effets paillettes, palmiers et mer bleu turquoise pour dolce vita au soleil.
Sans oublier les hommes avec un graphisme à la géométrie op en noir et blanc (sur des caleçons) ou encore un blouson avec des manches aux imprimés glam dorés et fauves (so Versace).
La maison aussi en verra de toutes les couleurs avec des coussins, une couverture à l’imprimé oriental cumulant les références : éventail, origami, bambou, fleur de cerisier…, un joyeux archipel de japonaiseries.
Sans oublier une vidéo de temps modernes au royaume de Midas. La femme est poupée, pantin articulé, petit cobaye tournant sans fin dans sa roue, en cage ou encore cherchant la sortie d’un labyrinthe,… Cette vision de femmes à la chaîne, mécaniques, compose un film plutôt très drôle et réjouissant, mais qui ne devrait pas plaire aux féministes sans humour.
300 magasins verront la déferlante Versace. L’orchestration du premier jour de shopping sera quasi militaire pour maîtriser les troupes (hordes). H&M distribuera des bracelets de couleurs qui correspondront aux rayons. 14 couleurs seront données à des groupes de 20 personnes pour les 280 premiers ; après, la chasse sera ouverte, bataille dérangée dans des corners vêtus de panthère bleu turquoise et vert.
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Pendant des années, Benetton a milité pour le mélange des couleurs (des pulls aux carnations) et puis a aussi imaginé des campagnes plus polémiques voire choc (une personne mourant du sida en 1993, des reliques de vêtements de soldat croate tué en Yougoslavie…). Sans Olivieiro Toscani, La Fabrica, le centre de recherche de la communication Benetton né en 1994 et qui édite le magazine Colors, avait semblé un peu s’endormir.
Aujourd’hui la marque italienne revient en force sur le terrain de la communication avec des baisers aux couleurs politiques qui embras(s)ent la création de la fondation Unhate qui prône la tolérance et dont le projet vient d’être présenté par Alessandro Benetton. La fondation va militer pour la « non haine » entre les pays, les personnes. Chacun peut déposer sur le Kiss wall, son baiser (sans oublier facebook). Un think tank, l’idée d’un jour de « non haine », des actions surprise sur le terrain de lieux symboliques…
La campagne a démarré le 16 novembre avec un affichage dans les grandes villes du monde ainsi à la Bastille à Paris. Des photomontages, inspirés du baiser historique entre Brejnev et Honecker (photo de Régis Bossu prise en 1979), immortalisent ces improbables étreintes. L’entente entre la France et l’Allemagne se scelle entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel.
Les couples politiques se multiplient, associant leurs leaders pour le meilleur et éviter le pire : Israël et Palestine, les deux Corée, Chine et U.S.A… Mais si la politique est en majeur, la religion a aussi droit de cité, peut-être plus polémique en Italie quand le pape embrasse l’imam Mohamed Ahmed al-Tayeb. Le Vatican a réagi et Benetton annonce finalement le retrait de cette image de la campagne.
Des pulls et des hommes (politiques).
Sans oublier le petit film de baisers pas volés.
Il y a quelques mois Loulou de la Falaise était encore à l’affiche de l’exposition Rive Gauche à la Fondation Yves Saint Laurent. C’est cette même fondation qui a annoncé le décès de la muse et amie du couturier et aussi créatrice sous son propre nom. Personnalité originale et fantasque de la mode, elle avait une façon particulière de s’habiller, osant les mélanges, multipliant les accessoires dans un style bohême chic et baroque.
Sa mère Maxime était mannequin vedette chez Schiaparelli et la légende raconte que Loulou (Louise Vava…) fut baptisée avec le parfum de Schiaparelli, Shocking. Des études en pension, quelques années à New York où elle pose pour les plus grands photographes (Avedon, Newton…) et puis Paris. De sa rencontre avec Yves Saint Laurent naquit une indéfectible amitié et une collaboration pour les accessoires. Quand le couturier choisit de se retirer de la mode, elle ouvrit plus tard (2003) des boutiques à son nom notamment Rue Cambon. Dans un style proche du sien étaient proposés accessoires et bijoux dans un cadre chaleureux et bohême. Parmi ses dernières collaborations figure une collection de bijoux destinée à la boutique du jardin Majorelle à Marrakech, son histoire avec Saint Laurent se prolongeait…
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A l’origine « maquilleur d’Hollywood », le Japonais Shu Uemura a créé une marque de cosmétiques célébrée pour ses originales propositions de couleurs, ses faux-cils insensés, ses vernis… La marque est aujourd’hui dans le giron de L’Oréal. Pour cette fin d’année, a été développé un joli projet avec Wong Kar Wai avec un petit film, des visuels et une collection éphémère de produits en collaboration avec le réalisateur.
Le film est un poème visuel intitulé Mask, composé autour de deux couleurs fards : rouge et bleu.
Un poème de Charles Bukowski s’ajoute à la trame :
Burning
In water
Drowning
In Flame
Ou encore
Praying through broken lips
Searching through blinded eyes
Gold dusted broken beggar
Living inside alone alive…
One silver bullet from god’s own gun
Chemical equation for flying to the sun.
Actrice émergente du cinéma taiwanais, Sandrine Pinna prend le masque sous la caméra de Wong Kar Wai. Reflets dans un oeil d’or, pluie aurifère ; elle danse entre passion brûlante, feu d’artifice et un océan de calme. Faux-cils langoureux et ongles diamants…
La collection de fin d’année rend hommage, avec la complicité du cinéaste, aux deux couleurs de l’inspiration. Deux palettes de couleurs, sextuors d’ombres à paupières, une aquatique avec des camaïeux de bleu et une plus flamboyante autour de rouge, rose et violet ; sans oublier les emblématiques faux cils et des vernis à paillettes. Un packaging habillé de photos et de la signature de Wong Kar Wai. Une séduisante passerelle entre beauté et cinéma avec des objets collectors.
http://www.youtube.com/watch?v=rZ8eb0rasxU&feature=player_embedded
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Maille (reine), coutures à l’envers, rayures, démode, autant de mots qui (dés)habillent Sonia Rykiel et sa mode. Avec ses dessins, croquis joyeusement enlevés, elle a joué au petit dictionnaire.
Dans le désordre des lettres, le sien est joliment déglingué, jeu de piste en cadavre exquis.
Mots choisis, sans hasard
Démode
Faire la mode par rapport à son corps, à soi, et non pas à celui des couturiers. C’est une forme d’excentricité puisqu’elle détient l‘image du créateur pour inventer une image particulière.
Pantalon
C’est l’égalité avec celle qui ont de jolies jambes.
Toute femme est infiniment femme en costume d’homme.
Rayure
C’est la mémoire du corps, l’entre-les-lignes, le dedans qui écrit sur le dessus.
C’est le corps, les yeux ouverts.
C’est une balafre sur un tissu, une entaille dans le dessin, un trait qui poursuit un autre trait.
Mes rayures sont reconnaissables, si particulières que je peux dire sans me tromper que ce sont les miennes.
Tricot
C’était mon destin.
Couture(s) à l’envers
Surpiquées. La couture qui raconte ce qu’elle a vu, insolente
Tu as mis ton pull a l‘envers tu auras un cadeau.
Rouge
Le R de rouge, je le pose, je le compare, je remets du grenat, du corail.
Trop fort, pas assez cassé, je rajoute de l’écarlate… Et je redescends avec un peu de jaune. C’est juste.
…
Editions Flammarion
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