Nouvelle collaboration pour H&M avec un grand nom de la mode cet automne avec une collection Lanvin dessinée par Alber Elbaz au féminin et par Lucas Ossendrijver au masculin.
Mastige, le néologisme opère la fusion entre mass et prestige dans des opérations où le consommateur peut s’offrir des griffes du luxe à prix abordable. H&M a débuté en fanfare ce type d’opérations avec Karl Lagerfeld en 2004. Se sont succédés les Viktor & Rolf, Comme des garçons et aussi Matthew Williamson, Sonia Rykiel, Jimmy Choo. Pour Lanvin, la collection a été médiatisée à New York devant une assemblée very people : Sofia Coppola, Anna Sui, Andie Mac Dowell… Le chiquissime Hôtel Pierre a servi de cadre à l’événement et a donné le coup d’envoi de la collection. Des mannequins connus comme Pixie Geldof, Dree hemingway, Asia Chow… ont arpenté le podium d’un vrai défilé. Les modèles H & M présentés à New York étaient customisés et seront en partie vendus aux enchères au profit de l’Unicef.
Mais, pour le commun des clientes, les modèles ont été mis en vente dans de nombreux H&M avec succès le 23 novembre. Signée Alber Elbaz, la collection au féminin propose notamment des modèles de robes habillées, manteau du soir, mais aussi des tee-shirts très amusants et quelques accessoires (très joli bracelet en fausses perles et fleur en plastique à 19 €), sans oublier les chaussures. Si quelques modèles sont encore disponibles dans les enseignes, les pièces les plus emblématiques sont parties rapidement et déjà sur ebay…
Dans ce type d’opération, la marque de mode est à l’honneur, le groupe H&M s’offre une communication haut de gamme (photos David Sims) et une légitimité sur le territoire de la mode. Les consommateurs ? Ravis.
Photos David Sims
Et les boutiques…
Mythique cliché de mode, Dovima et les éléphants a battu tous les records d’enchères pour une photo de Richard Avedon. Proposée par la fondation Avedon la vente chez Christie‘s a établi, elle, un record en matière de photographie en France.
Richard Avedon, self Portrait, New York, Ca 1963
Créée par Richard Avedon de son vivant, la fondation qui porte son nom a choisi de vendre des photos pour financer le bon fonctionnement de ses activités. Les enchères chez Christie’s (le 20 novembre, en même temps que le mois de la photo) ont atteint, avec 65 photos, la somme de 5.467.250 euros avec un record du monde de 841.000 € pour le grand tirage de Dovima avec les éléphants. Le secteur de la photo continue de battre les records, suscitant l’intérêt des collectionneurs privés et musées où la photo a de plus en plus droit de cité sur les cimaises. Pour cette vente se sont mesurés 57% d’acheteurs européens et 42% d’Américains.
Parmi les photos figurent de nombreux portraits de célébrités : Francis Bacon, Marilyn Monroe, Bob Dylan, Alberto Giacometti, Andy Warhol (torse suturé) Pablo Picasso, la Dalaï Lama, Malcom X… Pour Richard Avedon « Il y a -dans l’absolu- deux personnes qui ne se sont jamais rencontrées, qui se retrouvent nues l’une face à l’autre, qui tentent de susciter quelque chose, se cachent, se donnent. Et ensuite ce qui a été accumulé pendant dix minutes devra se trouver sur la pellicule. Quand c’est fait et que je dis « merci beaucoup » en tendant la main, nous redevenons à la seconde même des étrangers. » Natassja Kinski (1981) nue avec un serpent (nouvelle Eve) est une de ses photos les plus célèbres.`
Le portfolio des Beatles (1967, mais tirage de 1990) avec des portraits retravaillés dans un esprit psychédélique coloré a été vendu 445.000 €.
Le cliché de Marilyn Monroe a atteint 169.000 euros
Marilyn Monroe ,actor, New York, May 6, 1957
En mode, Richard Avedon a réalisé des séries d’exception capturant le mouvement ou construisant des univers avec sophistication et élégance. Il disait « On ne peut séparer la mode du monde. La mode incarne la façon dont nous vivons… Les couturiers me prêtent des matières, formes, modèles qui deviennent l’allié de mon travail qui a toujours été la femme – au-delà de leurs vêtements, leurs chapeaux, mais dans leur tête ». Suivant les préceptes d’Alexey Brodovitch, son maître il pensait que : « la mode, par sa nature, nécessite la surprise… On doit tourner la page pour amuser le lecteur… » De quoi rendre nostalgique en voyant les magazines de mode aujourd’hui où la surprise n’est guère au rendez-vous… Les mannequins les plus célèbres figurent sur ses clichés. Veruschka (1967) en mouvement danse, parade. Twiggy a les cheveux au vent. Pour une Chaussure de Perrugia (1948) une mise en scène originale sur fond de Tour Eiffel. Et la magnifique Dovima avec les éléphants, robe du soir de Dior, Cirque d’hiver. La photo fut prise à Paris en août 1955 avec un modèle de Christian Dior alors signé par le jeune Yves Saint Laurent. Une photo mythique et toujours magnifique, glamour toujours.
Dovima with elephants, evening dress by Dior, Cirque d’Hiver, Paris, August 1955
Photographs by Richard Avedon © The Richard Avedon Foundation
lire le billetSi depuis quelques saisons Manish Arora illumine avec panache et couleurs les collections du prêt-à-porter parisien, le créateur multiplie aussi astucieusement les partenariats avec des marques dans un co-branding judicieux où sa créativité apporte humour et couleurs à Nivéa, Swatch, Les Trois Suisses, Pommery… Chez Nespresso, la marque aux petites capsules de café, passe cet hiver du mythique Hollywood de George Clooney à un délirant univers bollywoodien.
Avec la première édition de N-Art a été développé un partenariat avec un artiste qui a reçu carte blanche pour s’exprimer. La boutique des Champs Elysées est ainsi rhabillée pour l’hiver et les fêtes avec des vitrines aux décors oniriques et féeriques signés Manish Arora. La cafetière CitiZ voit aussi la vie en couleurs et en édition limitée.
Le point d’orgue du partenariat a été un défilé dans la boutique avec seize tenues de princesses imaginées en référence aux seize crus qui composent la gamme des cafés.
Il était une fois le royaume de Swig gouverné par le roi Bacchitarius. Lors d’une chasse, le souverain fut charmé par le parfum de la princesse Nespresso. De cette union naquirent seize petites princesses toutes plus belles les unes que les autres et parées des plus beaux atours. Les robes portent les couleurs du temps et de la fantaisie ainsi Princesse Voluto et son saut de l’ange vers les cieux. Si le créateur a imaginé que dans le monde tout était bien et beau, il ajoute : « Je sais que ce n’est pas vrai, mais j’aime l’idée que pendant un moment on puisse y croire ».
Se redécouvre avec plaisir le style de Manish Arora où la fantaisie colorée la plus débridée s’hybride d’accents futuristes. Parmi les formes fétiches du couturier se retrouvent hanches et volumes exacerbés. Une fantaisie joyeuse parfaite pour les fêtes.
Princesse Cosi Princesse Livanto
Que demander de plus ? What else ?
Peintre, Piero Fornasetti est surtout connu pour son travail de décorateur d’objets pour la maison, de vaisselle à l’esthétique travaillée. Reconnaissable au premier coup d’oeil avec ses motifs noirs sur fond blanc, parfois rehaussés de couleur rouge, les motifs multiplient visages, détails de corps dans une veine parfois proche du surréalisme. Eléments d’architecture, jeux de trompe-l’oeil dessinent un univers poétique et onirique. Barnaba Fornasetti a succédé à son père en continuant les classiques de la maison et en ajoutant de nouvelles créations dans le respect de l’esprit originel. La maison a conservé une production artisanale en plein coeur de l’Italie, à Milan où le travail manuel se continue avec la couleur appliquée à la main. Aujourd’hui une nouvelle page s’écrit avec le parfum pour la maison (il peut aussi être porté). Une seule fragrance, mais différents types d’objets le mettent en valeur avec de l’encens à brûler, des bougies, des globes en céramique pour diffuser. Parfumeur de talent, auteur de multiples succès et d’une merveilleuse et audacieuse Eau parfumée au thé rouge pour Bulgari magnifiant Roiboos d’Afrique du Sud et Yunnan de Chine, Olivier Polge s’est plongé au coeur de l’univers de la maison pour s’imprégner de ses codes et imaginer LE parfum Fornasetti. Après une première piste autour de la tagète, fleur du jardin paternel, l’idée de la fleur de souci fut abandonnée pour privilégier des notes boisées et chaudes. Le huitième essai a donné son nom au parfum : Otto (un hasard des chiffres très N°5). Des herbes méditerranéennes, thym, lavande se mêlent aux bois (qui jouent un rôle capital dans l’univers de la marque) avec un iris suave, fleur d’Italie. L’encens donne un côté quasi spirituel, enrichi de chaudes notes de baume de Tolu, bouleau, styrax et labdanum. Un parfum qu’aurait apprécié Des Esseintes.
Quand avait déjà été proposé au fondateur de la maison un parfum, il rêvait de l’appeler Imagination ; Otto incarne aujourd’hui sa jolie réalité.
lire le billetPortrait de Serge Diaghilev V&A Images
L’âge d’or des ballets russes s’expose au Victoria & Albert Museum de Londres. Majeure et magnifique, l’exposition Diaghilev rend hommage à un talent qui a su créer des oeuvres d’art total, multipliant les rencontres et les échanges avec les artistes de son époque. L’inventivité et la qualité des productions de Diaghilev ont créé un véritable mythe autour des ballets russes de 1909 à 1929.
Directeur artistique, Serge Diaghilev a débuté sa carrière en Russie avant la révolution en tant que critique d’art. Mais c’est à Paris où il est venu avec un Boris Godounov qu’il eut la possibilité d’exprimer son talent. Aux opéras s’ajouta la création de ballets. En 1913 son interprétation du Sacre du printemps fit scandale. « On y rampe à la manière de phoques » dit la critique. Mais en 1914 un article du Tatler le consacre et déclare que les ballets russes révolutionnent la perception de l’art de la danse avec leurs décors extraordinaires, leurs costumes somptueux, leurs gammes de couleurs … Les liens avec la Russie s’arrêtèrent après un dernier séjour à Saint Petersbourg en 1914 et Diaghilev poursuivit définitivement sa carrière en Europe.
A la tête des ballets russes, il choisit des artistes pour créer des décors, des costumes d’exception. Dans les années vingt, il est célèbre et côtoie les artistes, les écrivains et les musiciens les plus en vue.
Parmi les artistes majeurs qui ont travaillé avec lui figure Picasso. Le maître espagnol signe décor et costume de Parade, une oeuvre de Cocteau et Satie. Présenté sous une forme ludique, le cubisme est ainsi rendu plus accessible au public. Pour Apollinaire, Parade incarne « cette alliance de la peinture et de la danse, de la plastique et de la mimique… est le signe de l’avènement d’un art plus complet. »
Costume de Chinois pour Parade, d’après Picasso ADAGP Paris DACS London
Quelques années plus tard Picasso imagine le décor pour Le train bleu que sera peint en 1924 par le prince Alexander Schervashidze tandis que Coco Chanel en signait les costumes.
Le train bleu d’après Picasso Costumes de Chanel
ADAGP Paris, DACS LOndon V& A Images
Rodin, Léon Bakst (La belle au bois dormant) George Braque (Zéphyr et Flore), Henri Matisse (Le chant du rossignol avec un magnifique manteau jaune à motifs floraux stylisés), Marie Laurencin (Les Biches), Giorgio de Chirico… signèrent aussi des collaborations au rayonnement des ballets russes. A noter aussi les magnifiques costumes géométriques de Larionov (Chout), hommage vestimentaire de l’abstraction géométrique.
Costume de Flore par George Braque V&A Images
Natalia Goncharova a notamment dessiné les décors de L’oiseau de feu. Parmi les différents costumes imaginés par l’artiste surgissent des souvenirs de la tradition russe tandis que pour Le Coq d’or elle imagina des influences perses.
Danseur vedette, Nijinsky portait de remarquables costumes. Se redécouvrent un turban porté dans le Pavillon d’Armide ou une tunique dorée et brodée de perles pour Le festin. Dans la partie « derrière la scène », le spectateur voit les dessous des spectacles, ainsi des carnets de notes pour l‘Après-midi d’un faune avec les annotations du danseur. Paul Claude, après avoir vu le danseur, est subjugué : « L’âme pour une seconde porte un corps ». S’ouvre aussi en photos une fenêtre sur une esthétique d’une facette de la future culture gay.
Bakst Le festin costume pour Nijinsky / Nijinsky, Albrecht (Giselle) Photo Bert
V&A Images
Coup de coeur absolu pour un dessin de Larionov proposant le maquillage de Kikimora (petite sorcière slave d’une oeuvre de Liadov) qui, réalisé, fut immortalisé par Man Ray dans un portrait magnifique de Bronislava Nijinska (soeur de).
Pour Diaghilev : « Dans notre ballet, les danses ne sont que l’une des composantes du spectacle, et même pas la plus importante…”
Nijinsky dans L’après-midi d’un faune par Bakst
V&A Images
lire le billetAthéna déesse de la guerre de Klimt Vénus de Véronèse
Pas besoin de chercher Charlie au milieu de la foule, Kimiko Yoshida est présente sur chacune de ses photos. Avatars artistiques, ethniques, l’artiste japonaise joue à se maquiller, se transformer, se métamorphoser pour mieux prendre la pose. L’exposition de la MEP présentait une multitude de portraits dont la dernière série avec des vêtements de Paco Rabanne. Celui que Coco Chanel appelait le métallurgiste avait choisi des matériaux autres que les tissus, privilégiant le métal ou les plastiques (rhodoïd…). Avec les « Peintures », Kimiko a la tentation du monochrome (l’artiste y voit « une figure de l’inatteignable »). Sa série de 120 photos permet de retrouver Gauguin, Rembrandt… dans un travail de citation qui n’est pas une parodie, mais un jeu de miroir. Saint François agenouillé de Zurbaran, Le printemps de Botticelli, Dona Isabel de Porcel de Goya, Berthe Morisot de Manet, Athena déesse de la guerre de Klimt sont autant d’avatars de Kimiko. L’Orient est aussi présent avec des inspirations de peintures sacrées de Thaïlande, du Cambodge. S’il est dit que l’artiste a quitté le pays du soleil levant pour échapper aux conditions de la femme dans l’archipel, en France elle joue le paradoxale jusqu’à y à perdre son identité. La série des mariées célibataires (hommage duchampien ?) est une de ses plus connues (La mariée Mao est un quasi monochrome rouge avec petit livre et costume de garde). Dans la traduction de ce moment (mariage), l’apparence joue un rôle majeur. Surgit le mot célibataire et semble s’arrêter le processus normal. Si le vêtement est très présent, il est détourné tandis que le visage de Kimiko la plupart du temps s’estompe, se fond, ne laisse visibles que les yeux et la bouche. Le thème de la mariée renvoie aussi au Japon à l’omiai ou mariage arrangé. Surgissent dans l’oeuvre nombre de souvenirs du soleil levant. La belle histoire des croyances à l’origine du pays se redécouvre avec Le miroir sacré d’Amaterasu (2008). Naissance d’une geisha, Marie-Antoinette recapitée en geisha, Louis XIV en kimono hybrident joyeusement l’Orient et l’Occident. De Kimiko Endormie dans le souvenir de Brancusi à La Mariée sakura, un voyage.
Sitting Bull, Chef Sioux Zapata de Diego Rivera
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