
Inspiré par une longue robe violette vue portée dans le quartier de Portobello à Londres, Andrew GN a choisi de revisiter les années 60 et de rendre hommage à cette couleur. Le souvenir des broderies de coton et de la Gibson girl est aussi vivace dans une collection nostalgique des années maxi baba. Robes à volants, à dentelles, longues silhouettes où plane le fantôme d’Ossie Clark. Si le violet est très présent, d’autres couleurs s’imposent, sans oublier un motif cachemire.

Depuis plus de 30 ans Comme des garçons (Rei Kawakubo), bouscule, crée une mode personnelle et radicale. L’été 2011 broie le noir avec volupté. La musique se prête à imaginer des croyances du monde, religion chrétienne, appel primitif aux accents tribaux (danse de pluie ?)… Est-ce la vision de Des hommes et des dieux qui influe sur ma perception de la collection ? Jeux de coupes et de découpes complexes, mélange de matières, de longueurs… Une certaine austérité et paradoxalement de la sensualité avec les robes courtes à bustier façon cuir qui viennent les sangler. Les manches s’ajoutent, se multiplient, la garde-robe est sens dessus dessous. Le blanc s’oppose au noir, posé à grandes bandes, tranchant, parfois enfermant le vêtement. Les vestes se suspendent dans le dos, inutiles, mais décoratives. De nouveaux nomades jouent l’empilement. Le final voit double avec des robes pour siamoises marchant deux par deux. Virtuosité dans les coupes et propos radical.
la Mode avec un grand M.
lire le billetSi l’inspiration de la collection Sonia Rykiel tourne autour d’une photo d’Alice Spring en noir et blanc, la mode ne déroge pas aux codes maison avec une profusion de couleurs, même si la palette opte pour des tons plus sourds, mariant ocre, rouille, au jaune, à l’orange. La rayure signature a toujours droit de cité en quelques passages, camaïeux de rose et rouge. Un motif d’étoiles complète la galaxie Rykiel. Les filles sourient, robes tabliers, esprit salopette. Tailleurs pantalons amples pour une allure décontractée. Et toujours de la maille sans oublier la brillance des jours de fête.
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Sous une apparente austérité qui serait presque monacale, la toile de lin s’approchant de la bure, surgit une féminité vive accentuée par des sous-vêtements très présents sous les jeux de transparence (culottes hautes, soutien-gorge pigeonnants noir, orange vif). Une gamme sobre de couleurs beige, paille, noir. La taille se ceinture et le corps parfois s’attache de liens, de sangles ; jeux de rayures noir-blanc, maille chinée. En touche d’exotisme estival, un imprimé à feuilles de palmier.




Troisième saison pour Cédric Charlier chez Cacharel. L’esprit d’origine de la maison se perpétue dans une mode accessible, simple et fraîche. De petites robes droites et courtes, des ensembles jupes et chemises dans une palette de tons clairs, beige, rose, orange, capucine, jaune citron. A noter un imprimé coloré, abstraction lyrique inspirée des aquarelles de la rockeuse Kim Gordon (chanteuse du groupe Sonic Youth). Le nouveau liberty de la maison ?



Le duo hollandais reconstruit la chemise en multipliant les cols et les poignets dans un effet de pyramide des tailles (une idée qu’ils avaient déjà exploitées). Si l’inspiration se tourne vers le vestiaire masculin, le traité dans des matière souples et légères emportent vers la féminité. Des rayures blanc-bleu, corail… Robes asymétriques, épaules larges, grande chemise de peintre à rayures. Thème en satin, robes boules. Décontraction, nonchalance pour l’été.



Longue robe à découpes géométriques blanches avant un final où manches et jupons se superposent en spectaculaire éventail.


Etat de grâce pour une collection toute en délicatesse et féminité. Froufrous, volants, bouillonnés, ruchés, une multitude de techniques viennent travailler, recomposer les tissus dans un précieux travail autour des transparences, de la légèreté. Le souvenir de styles d’anciens vêtements occidentaux (manches ballons, taille parfois empire…) est revisité avec une brillante touche d’asymétrie, de déstructure. Jeux d’opposition : le blanc et le noir se superposent, s’associent ou se jouent dans des tissus à gros pois. Quand la couleur surgit, elle ose le mauve. Une collection vaporeuse, d’une exquise féminité pour de nouvelles petites filles modèles.
lire le billetDrôle de zèbre, Junya Watanabe revisite l’étoffe du diable dans sa dimension marine avec des variations sur les traditionnelles rayures bleues et blanches. La collection prend le large avec des imprimés où s’ancrent des bouées. Les chapeaux de paille annoncent l’été sur des visages masqués et perruqués. Trench attitude et manches cape. Après la rayure, parfois de plus en plus fine, surgissent les petits pois, blanc-bleu, nouvelle oblitération d’un imprimé classique. Une pointe d’asymétrie, une construction en volume ; des robes, des pantalons de corsaires, des collants à rayures, le souvenir de marinières d’antan. La collection réussit le paradoxe d’être parfaitement accessible (visuellement) tout en demeurant originale et créative.
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Le noir est toujours au rendez-vous dans les silhouettes élégantes de Yohji Yamamoto. Les formes prennent du volume, les jupes de l’ampleur. La symétrie est aussi salutairement mise à mal depuis plus de 30 ans par le créateur japonais. Plis, voiles, noeuds, drapés, sont autant de manières de modifier la perception du noir. Mais la couleur va aussi très bien au créateur japonais.Presque tatouage, l’imprimé très coloré d’un legging s’oppose au noir ; avec des Doc M aux pieds, la silhouette devient rock.


Une amusante jupe gonflable se pose en parasol, jaune citron un zeste acidulé. Des couleurs en kaléidoscope, vives, mais aussi un mélange enchanteur de sobriété avec vert, aubergine et rouille.

Le maquillage magnifie l’opposition d’un teint de porcelaine réveillé d’une pointe de rouge vif sur les lèvres.
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Dans un presque décor de guinguette de bord de Seine, la Maison Martin Margiela revisite la géométrie. Mise à plat, la garde-robe repense les basiques et les remet, paradoxalement, en deux D. De face le vêtement se pose à la verticale, presque en suspension, apesanteur à plat, tandis que le dos conserve évidemment forme et courbes du corps. Cette démarche de construction et déconstruction chère à la maison s’exprime dans une multitude de variations, mais de façon quasi monolithique. Se redécouvrent transformés, métamorphosés à plat : veste, trench, smoking… Les bijoux s’inspirent de leurs classiques présentoirs pour devenir plastrons. Une collection bipolaire où la géométrie masculine s’oppose aux courbes féminines, mais discrètement de dos ! Certaines silhouettes sont spectaculaires avec un effet quasi « vacuum ».


Le trench en suspension est particulièrement intrigant.

Photos Giovanni Giannoni
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