Il faut rendre à Jana…

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Vanitas de Jana Sterbak, expositions Elles Centre Pompidou

Le sens de la publicité, un goût prononcé pour la fantaisie, de l’imagination dans ses clips,… incarnent Lady Gaga. Mais une de ses dernières audaces (très médiatisée) ressemble à l’avatar d’une oeuvre de Jana Sterbak…

En couverture du Vogue Hommes Japan, la chanteuse posait avec des lambeaux de viande sur le corps, façon maillot de bain. L’idée l’a sans doute amusée au point de se faire fabriquer une robe en viande pour les MTV Awards en septembre. Le styliste Franc Fernandez a acheté 23 kilos de viande de boeuf d’Argentine pour confectionner robe, sac et chaussures (particulièrement laides). Ultra médiatisée, la robe signe la dernière provocation de la chanteuse tandis que PETA (People for the Ethical Treatment of Animals) la montre du doigt (mais en quoi le boeuf de sa robe serait–il plus torturé qu’un steak ?).

Ce qui m’interpelle, c’est que le grand public va associer robe en viande à Lady Gaga en lui accordant sans aucun doute la maternité de l’idée.

Dans les années 80 Jana Sterbak s’est posée la question du vieillissement et a pensé à cette idée de robe en « viande ». Une galerie à Montréal a montré la première réalisation de la robe de chair en 1987. Intitulée Vanitas :  Robe pour albinos anorexique, l’oeuvre appartient aujourd’hui aux collections du Musée national d’art moderne à Paris. Le Centre Pompidou a ainsi un patron précis de la robe (Daniel Jasiak a cousu une des premières oeuvres) et l’autorisation de la reproduire (oui, la viande sèche et durçit !). Exposée récemment à Paris, Vanitas figurait dans l’exposition Elles. Avec ses allures d’écorché, la robe peau sur peau interroge le temps qui passe, le flétrissement d’une chair qui s’altère, qui change de couleur ; avec la bête qui y a laissé sa peau, la mort en filigrane (vanitas). Pour la dernière réalisation (Elles à Beaubourg) fut utilisé du flanchet et, pour éviter les rayures blanches, fut sélectionnée une viande la moins grasse possible. Les morceaux furent également salés pour éviter la putréfaction.

Si l’oeuvre d’art donne à voir, fait réfléchir, penser, la réinterprétation (réappropriation ?) de l’idée par Lady Gaga, qui ne connaît sans doute pas l’oeuvre de l’artiste canadienne, est juste un jeu de provocation pour foule non anorexique. La planète bling bling éclipse une nouvelle fois le monde de l’art. La voix des ersatz résonne plus que la vraie création.

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Hermès

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Dernier défilé de Jean Paul Gaultier pour Hermès. Le créateur a choisi de montrer l’excellence du savoir-faire maison dans le choix des matières les plus belles pour un dernier tour de piste. En fond de podium, un manège où tournent les chevaux, donne le ton d’une collection cavalière. Les filles défilent à un rythme soutenu, rapide ; au pas de course dans leurs bottes. Les chaussures à talons sont presque sabot. Près du corps, les cuirs souples donnent une allure féline. La taille des pantalons est haute presque à l’image des tenues des picadors tandis que les chapeaux ont une allure hispanisante. Très Hermès, la collection reprend aussi des leitmotivs très Gaultier (grands jupons, bustiers…). En clin d’oeil un « plastique » transparent martelé façon croco pour une veste et un sac. Des couleurs très Hermès, sobres et chics pour une belle et simple élégance. Tournez manège.

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Valentin Yudashkin

Bons baisers de Russie. Valentin Yudashkin s’inspire du patrimoine de son pays. Couturier membre de la chambre syndicale de la haute couture à Paris, il présentait son prêt-à-porter dans une collection où la France rencontre la Russie. Un choix de formes péplums, l’ajout de zips obliques, le lin en majeur et les broderies ethniques.

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Elie Saab

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Sweet memories, Elie Saab plonge dans les souvenirs d’un polaroid des années 70 où figurent Bianca, Diane et Lauren. Reines de la nuit, elles sont toujours élégantes, chics. Le couturier leur imagine une garde-robe jet set, habillée, en partance pour Bahia. Robes du soir versus robes du jour. Un travail sur les drapés, la fluidité des modèles tandis que les bijoux s’imposent, massifs et dorés.

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Kenzo

Le défilé de Kenzo se scinde en deux parties, une pour la collection été 2011 d’Antonio Marras et l’autre pour les 40 ans de la maison.

De grandes robes légères, presque oversized, dessinent un bel été. La gamme de couleurs, plutôt sobre, se pose sur des sous-vêtements colorés. Si la fleur est majeure, les imprimés graphiques sont aussi présents, variations sur la rayure ou le carré. Patchworks de tissus, superpositions, voiles, ampleur.

La deuxième partie revisite les archives d’Antonio Marras. Les modèles sont réorchestrés dans un magnifique stylisme. Une veste devient coiffe, le pantalon enveloppe, les pièces se superposent, se juxtaposent, s’empilent. Dans un style ethnique bigarré se succèdent sur le plateau tournant des nomades du monde entier. Les fleurs, les couleurs, les rayures jaillissent. Les matières, précieuses ou chaleureuses (laine) s’enrichissent de broderies. Les formes composites mêlent les influences, les souvenirs de « costumes » :   kimonos, Mongolie, Russie. Un tour du monde imagé en 40 silhouettes. Une magnifique vision autour d’un ailleurs de la création, spectaculaire et réjouissant.

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Jean-Charles de Castelbajac

Jean Charles de Castelbajac

Figure de la mode, Jean-Charles de Castalbajac est un des rares à travailler avec l’humour en bandoulière. Sa collection Uber Tropikal Airlines démarre par des passages très stricts d’hôtesses égarées sur un podium de mode.

Jean Charles de Castelbajac

S’écrit le souvenir des couvertures de Vol de nuit ou de Terres lointaines, vêtements épistolaires. Le petit prince a aussi quitté sa planète. Le camouflage repart en guerre. La saga africa se déchaîne avec des motifs, zebra, zoulou, amadou mariam, kinshasa, zouloulou… L’esprit des wax africains se répand comme le son du tam-tam.

Jean Charles de Castelbajac

Les fauves sont lâchés dans une jungle colorée et joyeuse, « Rugir de plaisir » clame un imprimé.

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Chanel

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Versailles à Paris, les jardins à la française ont pris leurs quartiers d’été 2011 dans la nef du grand Palais. Les murs de fer teintés de vert encadrent les parterres recomposés dans une alternance graphique de noir et de blanc avec motif fleur de lys sur allées en gravier encadrant des fontaines. Si le décor est magnifiquement planté, la musique est à la hauteur avec un orchestre philharmonique. L’année dernière à Marienbad glisse progressivement vers l’été prochain à Paris. Dans un ballet bien orchestré, les mannequins se croisent ; en vedette : Inès de la Fressange, Stella Tennant.

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Une succession de tailleurs, de robes. Le noir et blanc défile en majesté dans des codes very Chanel. Le tweed est décliné, associé à la dentelle. Les tissus sont parfois, avec maestria, dévorés, nouveau tweed « mythé ».

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En accessoire, une ombrelle en forme de gigantesque chapeau, presque surréaliste. De la mousseline, de la légèreté, des transparences et des plumes (comme sur Delphine Seyrig) en détails ou allant jusqu’à habiller une jupe, un manteau.

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La mode se doit d’être aussi du rêve, du spectacle, Chanel lui conserve ces deux précieuses dimensions.

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Marie Bishara

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Creuset international, Paris attire les créateurs du monde entier. Marie Bishara est originaire d’Egyte où sa société travaille le traditionnel coton égyptien. Si sa collection s’inspire de l’Orient par le choix des transparences, la présence des paillettes, le style des coupes se rattache à l’Occident.

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Léonard

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Si la marque Léonard a une identité très forte due à ses imprimés aisément reconnaissables, Véronique Leroy les utilise en simples détails ou dans la tradition du « allover ». l’Orient est suggéré dans des manches kimono tandis que les motifs d’iris semblent surgir d’un monde flottant nippon.

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Les vêtements se gansent d’un bord imprimé qui se découvre aussi en doublure. Jupe mosaïque, les rayures deviennent chevrons. Le rose est mis et s’imaginent des souvenirs indiens de Taj mahal, des motifs d’inspiration copte.

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Tim van Steenbergen

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Inspiré par les fleurs de Mapplethorpe, le créateur belge esquisse un thème de femme jardinier (le petit chapeau de paille d’Italie plus que Lady Chatterley). Les modèles architecturés, drapés, reprennent la forme stylisée d’une fleur ou alors elle surgit en motif imprimé. La belle des campagnes est aussi belle des villes avec ses robes et ses tailleurs dans une gamme de couleurs discrètes : vert, gris, beige. Grande robe à jupe à effet plissé. Du long, du court, des shorts. Imprimés touches d’encre, plumes. Chaque robe existe également en version « petite robe noire », incontournable.

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