Anthony Vaccarello

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Le buzz parisien murmure avec force le nom d’Anthony Vaccarello, lauréat du festival d’Hyères en 2006 et déjà remarqué par les grands acheteurs (Joyce notamment qui a prêté sa galerie pour sa présentation). Une ambiance de pénombre et une projection d’éclairages colorés donne une sensation de vitesse, de mouvement. Si Lou Doillon avait accompagné le créateur dans sa précédente présentation en photos, cette fois il s’agit d’un défilé avec mannequins. Un style aux forme travaillées, découpées, parfois drapées (bcp de jersey) propose des modèles courts et de nombreuses découpes qui laissent découvrir le corps. En noir majeur. A suivre.

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Boléro - jupe drapéVacaRobe T

Photos Shoji Fujii

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Impasse de la défense

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Premier du calendrier, Impasse de la défense s’est installé sur l’esplanade de la Gare de l’est. Au public classique des défilés s’ajoute une foule bon enfant de voyageurs peu pressés. Fidèle à lui même, Karim Bonnet a choisi deux joueurs de cornemuse en bande son. Très personnel, son style utilise des techniques de récupération et de bricolage (cette fois tressage de papier crêpe par exemple) pour créer une mode ludique et colorée.

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S’il travaille des imprimés photographiques (souvent avec ses clichés), il collabore avec des artistes pour composer des modèles uniques où se retrouvent des couleurs proches des gammes raffinées des Delaunay et d’autres avec de petits personnages d’un monde onirique. Une collection inspirée par l’architecture  : les carreaux renvoient aux poutres de maisons en colombage et  les transparences aux verrières. Un univers haut en couleur et joyeux.

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Oui : aux couleurs.

J’achète : la robe en toile de jute et abstraction colorée.

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Prêt-à-porter printemps-été 2011

En 1966 Yves Saint Laurent ouvrait Rive gauche.

En 1968 Sonia Rykiel ouvre la première boutique à son nom.

Il y a quarante ans, le prêt-à-porter démarrait pour prendre progressivement le pouvoir en termes de création.

Du 28 septembre au 6 octobre seront présentées à Paris les collections du prêt-à-porter de l’été 2011.

Une centaine de défilés au programme officiel avec également des shows off et de très nombreuses présentations en show-room (la formule défilé reste, même modeste, onéreuse).

Si la mode selon ses créateurs semble en crise, les acteurs sont néanmoins très présents.

Un souhait : que la création ne s’efface pas (trop ?) face à l’hégémonie du style.

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All about Yves

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Entre Pierre Bergé et Yves Saint Laurent s’est écrite une histoire d’amour qui a joué un rôle majeur sur la scène de la mode pendant 40 ans.

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Captivant, le documentaire de Pierre Thorreton raconte Yves vu par les yeux de Pierre. Si le créateur obtint talent, succès, honneurs, gloire et argent, Pierre Bergé ne le vit pourtant pas très heureux : deux fois par an, dans le brouhaha du succès d’une collection, mais « le lendemain déjà le soufflé retombait et le surlendemain, plus rien… »

L’histoire s’égrène avec des images d’archives et surtout la mémoire des lieux où vécut le couple. En fil rouge la vente Bergé Saint Laurent où l’homme d’affaires choisit, sans état d’âme, de se séparer de ses objets. Dans le documentaire, Pierre Bergé évoque la possibilité inverse et conclut qu’Yves n’aurait pu se séparer de ses objets.

-Les débuts. La ligne trapèze signe le succès d’un jeune homme d’à peine vingt ans débutant chez Dior. Des images de sa conférence de presse le montre beau et séduisant, mais aussi timide, réservé.

-Une rencontre. S’ils se sont d’abord croisés sans se voir aux funérailles de Christian Dior, c’est lors d’un dîner que leur histoire a commencé.

-Une maison de couture. Pour une question de non engagement militaire, Yves Saint Laurent perd son poste chez Dior. Le destin lance les dés de la couture. Pierre Bergé trouve des partenaires et aide à la création de la maison.

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-Les premiers défilés. En bande son s’esquissent les commentaires des spectateurs. Les mannequins en backstage. La main d’Yves Saint Laurent pour la dernière touche avant le podium. Pierre Bergé affairé, surveillant, grondant, orchestrant, commandant.

-Célébrité. Avec Andy Warhol, la séance de photos ira au-delà du quart d’heure. L’artiste dit : « vous préférez sans lunettes ? », la mini série warholienne est offerte en cadeau de Noël tandis que Mike Jagger fait trois tours autour du piano.

-Le jeu de la vérité. Pierre Bergé pose des questions à Yves. Le couturier répond avec humour et s’amuse de ses réponses comme un gamin se réjouit d’une farce. Le bonheur sur terre ? « Un grand lit rempli »…

-La création. Les collections les plus belles se suivent, l’inspiration est ailleurs. L’Afrique magnifique, l’ « invention » de la robe Mondrian (sûrement une des robes majeures du XXè siècle). Les hommages à la peinture (Braque, van Gogh, Picasso…).

-La collection. Si l’art fut source d’inspiration en mode, il fut aussi un objet de passion avec l’achat de tableaux (Goya, Ensor, Matisse,…), une exceptionnelle sculpture de Brancusi… qui vinrent meubler appartement parisien et les différentes demeures (Maroc, Normandie).

-Les mariées. Dans un symbolique carrousel de fin de collections se succèdent les mariées, en blanc souvent mais aussi rouges ou encore (peut-être pas la plus réussie…) en « bikini » à fleurs, mais dont le couturier parle avec une délicieuse fraîcheur.

-Rive gauche. C’est avant mai 68 que YSL imagine de populariser ses créations et de les proposer avec une forme de démocratisation, annonçant le prêt-à-porter.

-Un parfum de soufre. Un intéressant passage sur la genèse d’Opium, aujourd’hui un des grands classiques de la parfumerie. Le lancement fut chaotique aux Etats-Unis avec notamment les communautés chinoises qui n’appréciaient pas que ce nom devienne celui d’un parfum alors que les guerres de l’opium avaient fait tant de morts dans leur pays. Si le visuel avec Jerry Hall est encore bien présent dans nos mémoires, le film avec Linda Evangelista est à redécouvrir avec bonheur. Audace et énergie pour donner envie de s‘adonner à un parfum d’interdit.

-Témoins. Si Pierre Bergé est omniprésent, ses deux amies, muses et comparses racontent. Betty Catroux, la compagne des excès, des fantaisies les plus débridées et Loulou de la Falaise plus posée, l’incitant à avancer, à créer.

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-Les excès. Des responsabilités très jeune, le succès, la gloire et aussi un cortège d’excès pour tenir, continuer. L’alcool, la drogue pendant des années avant une cure de désintoxication.

-1998. Pour la coupe du monde de football un défilé commémoratif et spectaculaire.

-L’adieu. Yves Saint Laurent annonce sa décision de partir, de quitter la mode pour des raisons personnelles et aussi sans doute parce que le monde de la mode a changé.

-Le dernier défilé. Une belle rétrospective et un moment d’émotion traduit par les paroles de « ma plus belle histoire d’amour c’est vous » chanté par Catherine Deneuve.

-L’esprit du lieu. L’appartement parisien aux mille trésors. Au fil du documentaire, les cimaises s’appauvrissent, les experts observent, écrivent. Des personnes numérotent, emballent. Le départ vers le lieu de la vente. La construction des décors et enfin la vente sous le marteau des commissaires priseurs avec des prix qui souvent flambent : Matisse, Ensor, le flacon de parfum de Marcel Duchamp…

-Le Maroc. La maison. Les jardins Majorelle, le goût pour l’Orient.

-La Normandie, un havre de paix et aussi une datcha. Pierre Bergé et Yves Saint Laurent dans une carriole, le bruit des sabots rythme l’image immobile. Cela devait être un lieu vivre, pour recevoir, mais c’est plutôt devenu une retraite…

Mélancolie du succès.

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Issey Miyake

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Créative, ludique, mathématique et écologique, la proposition de collection « 132 5 Issey Miyake » imagine surtout un vêtement pour aujourd’hui ou demain, sans vision passéiste.

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Si les années 60 avaient une vision claire du futur imaginé par le cinéma de l’odyssée de Kubrick (2001), la mode créait alors également le vêtement de demain. Courrèges mettait sur orbite de futuristes mini robes ou des bottines pour alunir. Paco Rabanne (métallurgiste pour Coco Chanel) découpait en métal et rhodoïd les silhouettes des années yéyé. Pierre Cardin travaillait la géométrie selon un axe visionnaire… Et puis plus rien de vraiment novateur, la mode se mit à (se) recycler et à s’inspirer du passé (même si parfois de façon très créative).

Parmi les rares créateurs qui tentent l’accord avec leur époque figure Issey Miyake qui ajoute, en tant que Japonais, un pont entre l’Orient et l’Occident avec déjà ses créations figurant dans East meets West. En 1988 il réinvente le plissé qu’avait imaginé Fortuny, mais de façon pratique et fonctionnelle. Un plissé permanent s’inscrit dans le tissu et, après lavage, la matière reprend sa forme plissée initiale. Pleats Please devient un succès planétaire et le quasi uniforme (choisi volontairement) des designers, gens de la mode, bureaux de tendance … qui voyagent fréquemment.

Dix ans plus tard, avec A-POC Issey Miyake va plus loin en reprenant un terme très simple qui déjà qualifiait ses créations du début : A piece of clothe. Avec pour complice Dai Fujiwara est imaginé un tube de tissu contenant des vêtements pré-découpés que la cliente pourra créer avec une simple paire de ciseaux. Une magnifique idée (un final de défilé extraordinaire de mannequins attachés en chenille), mais peut-être pas si simple à envisager pour de traditionnels consommateurs.

Aujourd’hui Issey Miyake poursuit sa recherche avec le  Reality lab  (constitué en 2007 avec notamment Manabu Kikuchi, ingénieur textile et Sachiko Yamamoto, ingénieur et modéliste…) et présente « 132 5 Issey Miyake ». Le créateur explique que les mots-clés de ce projet sont « recyclage » et « régénération » autour d’un concept né d’une approche mathématiques. Déjà le défilé de l’automne-hiver 2010 signé Dai Fujiwara flirtait avec les mathématiques et le travail de William Thurston autour de « huit géométries en tant que métaphores de l’univers ». Au premier rang des invités figuraient des chercheurs dont Cédric Villani récompensé en août par la prestigieuse médaille Fields.

« 132 5 Issey Miyake » est un nouveau projet où l’objet passe des deux dimensions au volume en 3D. S’il fait un peu songer au pliage traditionnel japonais des origami par sa dimension poétique, il s’agit davantage d’un travail de mathématiques. En 2008 Reality Lab a rencontré Jun Mitani, un professeur qui travaille sur « la modélisation des formes géométriques assistées par ordinateur ». Le logiciel développé permet de passer d’une feuille de papier à un objet en trois D par pliage et dépliage. Appliqué au vêtement, celui-ci devient sculpture avec des angles, des triangles… Dix patrons de base ont été mis au point comprenant lignes de pliure et lignes de coupe. A l’esprit mathématique s’ajoute une dimension esthétique évidente.

Le nom 132.5 a une portée symbolique. 1 reprend la notion d’une pièce de tissu. 3 qualifie le résultat final en 3D. 2 parce que la pièce est pliée de façon bidimensionnelle. Et enfin le 5, après un espace, pour symboliser la métamorphose quand le vêtement est finalement porté vers de nouvelles dimensions. Plié, le vêtement est posé à plat, pris en main, soulevé, il se transforme pour devenir robe.

Pour être au plus proche du respect de la planète ont été utilisés des tissus de polyester recyclés. La firme Teijin Limited a composé, à partir de produits chimiques recyclés, de nouvelles fibres régénérées. D’où le programme Eco-Circle dont fait partie le développement de « 132 5 Issey Miyake ».

Le Reality Lab travaille également à d’autres projets dont In’Ei signifiant l’ombre, un mot présent dans « L’éloge de l’ombre », remarquable petit texte de Junichiro Tanizaki datant de 1933 (In’Ei raisan) et qui donne aujourd’hui encore aujourd’hui des clefs quant à la compréhension des fondements de l’esthétique japonaise. Mais le travail sur l’ombre est pour le futur…

Aujourd’hui 123 soleil et 132 5 à découvrir à partir de fin octobre.

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Dice Kayek

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En quelques années, le nom Dice Kayek est devenu emblématique de la mode en Turquie. L’exposition Istanbul Contrast rend aujourd’hui hommage à la capitale entre deux rives.

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A l’origine de Dice Kayek sont deux soeurs : Ece et Ayse Ege dont le nom a réussi à s’internationaliser avec notamment les défilés de prêt-à-porter présentés à Paris. Ece Kayek a suivi ses études de mode à Paris, à l’école Esmod. « Istanbul contrast » est une présentation du travail de Dice Kayek au musée d’art moderne d’Istanbul (après une exposition aux Arts décoratifs à Paris). Le designer Arik Levy a imaginé le parcours et l’installation. Les créatrices expliquent : « A travers nos créations, nous représentons les contrastes magnifiques de la ville d’Istanbul, qui suggèrent étonnement, amusement, excitation. Nous interprétons les racines historiques profondes de la ville tout en les mêlant à la modernité. » Douze thèmes recomposent une vision d’Istanbul en mémoire des lieux touristiques, mais aussi des saveurs avec Turkisk Delight (le loukoum n’est-il pas le délice de la gorge ?). Les robes fleurs évoquent des fleurs capitales : rose, tulipe. Dome, Hagia Sophia, Caftan, Bosporus, Istanbul by night définissent des thèmes qui prennent corps en volume. Les vêtements, essentiellement des robes, sont travaillés dans des coupes très structurées (drapés, plissés…) mais aussi parfois, si le thème s’y prête, dans l’exubérance de leurs détails (dentelles, perles soufflées…). DolmaBahce évoque tout en dentelle l’incroyable palais stambouliote et son jardin d’hiver. Topkapi suggère la richesse des sultans ottomans. Le Galata bridge reprend des détails en métal. Le caftan devient robe ainsi que l’ange Gabriel « doré » façon Sainte Sophie.

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Hybridation, rencontre, échanges, mélanges, Dice Kayek réussit à construire un univers qui relie deux mondes, deux rives. Se jette un nouveau pont, vestimentaire, entre l’Orient et l’Occident.

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Hussein Chalayan

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Photo Chris Moore                                Photo Luke Hayes

Créateur majeur dans le paysage de la mode aujourd’hui, Hussein Chalayan est aujourd’hui célébré à Istanbul dans une remarquable exposition qui retrace ses seize années de carrière.

Pas entre deux rives, mais entre deux cultures, Hussein Chalayan hybride deux mondes. Il a grandi à Chypre avant de découvrir la Grande-Bretagne adolescent et d’y suivre un cursus à la célèbre école de Saint Martin’s. S’il se sent européen de race, il a toujours ressenti une influence orientale en termes de culture et aussi de religion. Londonien, il a été nommé deux fois « designer of the year » en Grande–Bretagne, mais c’est à Paris qu’il défile depuis plusieurs saisons. Si son travail peut évidemment être qualifié de « mode », son  champ d’exploration va bien au-delà, intégrant sources et inspirations provenant de l’architecture, de la philosophie, de l’anthropologie, de la biologie … sous un angle parfois expérimental.

Grammaire de style

Déjà ses créations pour son diplôme à Saint Martin’s en 1993 le menait sur un territoire de réflexion à la recherche d’idées, d’innovations. Dite cartésienne, Burried, sa première collection utilisait des tissus enterrés pendant plusieurs mois et qui s’étaient teintés au contact des fils de fer avec lesquels ils avait été inhumés. Parmi ses premières collections, figure une référence à la poste avec les modèles airmail et notamment une robe construite sur le modèle de pliage d’une enveloppe. Quant au détail « aimail », en ponctuation graphique rouge et bleu (sur le col), il figure pour la postérité sur la pochette de disque Post de Bjork à qui il avait offert le modèle.

Architecture

Sa passion pour l’architecture se découvre dans le style structuré qui construit sa mode. Le designer a aussi jeté des passerelles avec le mobilier dans plusieurs collections étonnantes.

After Words (automne hiver 2000) faisait référence au monde des diaspora et aux humains qui parfois doivent partir avec leurs maigres possessions et cacher leurs biens. Chypre s’est retrouvée en 1974 divisée en deux entre Turcs et Grecs, séparés par la ligne Attila. La jupe à « volants » se transformait spectaculairement en table et la valise devenait siège.

1. Afterwords, 2000, credit photographer Chris Moore

Photo Chris Moore

Geotropics (printemps-été 1999) avait pour point de départ les rivières, la géographie qui dessine les frontières et qui finalement trace des guerres, des conflits de cultures. Le corps devient le théâtre d’une micro-géographie dans une animation sur ordinateur d’une épopée à remonter le costume jusqu’à il y a 2000 ans, sur la route de la soie, de la Chine à l’Europe.

Technologie

La technologie, les découvertes scientifiques intéressent Hussein Chalayan, il les intègre à l’esprit de ses créations. Exceptionnel, son défilé du printemps été 2007, One hudred and eleven semblait magique avec au final le vêtement qui disparaissait et laissait, nue, le mannequin sur le podium. 111 ans de mode étaient revisités de façon chronologique pour finir par une fantastique démonstration de vêtement télécommandé par des bijoux de technologie pour les modifier.

4 Hussein Chalayan Spring-Summer 07, credit photographer Chris Moore

Photo Chris Moore

Le printemps été 2008, Readings célèbre le culte du soleil et la gloire des « célébrités ». Avec des rayons lasers, se dessinent sur les robes des faisceaux lumineux.

7. Hussein Chalayan, Readings Spring,Summer 2008, credit photographer  Moritz Waldemeyer

Photo Moritz Waldemeyer

La collection Inertia du printemps-été 2009 proposait des modèles où la vitesse était suggérée. La notion de mouvement, paradoxalement, se figeait dans la matière même du « vêtement ». Des vêtements capturés à l’instant i d’un crash.  « Je vois le corps et la mode comme une sorte de monde scientifique » explique le créateur et chaque saison ajoute une nouvelle terre d’exploration.

5. Hussein Chalayan, INERTIA Spring,Summer 2009, credit photographer Chris Moore

Photo Chris Moore

Dans l’exposition figure une robe vidéo monumentale composée de plus de 15.000 LEDS  de la collection Airborne, symbolisant le changement de saisons pour explorer le cycle de vie.

3. Hussein Chalayan Airborne Autumn,Winter 07, photographer Chris Moore

Photo Chris Moore

Artiste

Invité à représenter la Turquie à la biennale de Venise en 2006, il propose Absent Presence, une vidéo avec Tilda Swinton dans le rôle d’une biologiste décryptant les adn de différentes personnes via leurs vêtements. Une réflexion sur les réglementations en matière d’immigration ! Le musée d‘art contemporain de Luxembourg, sous l’égide de Marie-Claude Beaud, a notamment acquis des pièces de la collection After Words, à mi-chemin entre art et mode.

Orient

Ambimorphous (automne hiver 2002) débutait par une présentation de vêtements ethniques d‘inspiration turque traditionnelle, ensuite le vêtement s’hybridait en avatars mixtes avant de devenir pure création contemporaine. La richesse et l’exubérance des couleurs et détails s’effacent progressivement au profit d’une sobriété et d’une recherche de simplicité dans la coupe. Le souvenir de sa collection Between en 1998 est sans doute un des moments les plus marquants de l’histoire de la mode. Hussein Chalayan, en quelques silhouettes, posait la question du voile couvrant ou découvrant progressivement les mannequins passant de la totale burka à la tenue d’Eve.

Aujourd’hui pour demain

Matières non tissées, accumulation de poches, praticité, mais aussi une infinie poésie caractérisent le travail d’un des créateurs les plus importants aujourd’hui. Et si le corps est évidemment au centre du travail, Hussein Chalayan ne le voit pas seulement comme une manifestation physique, mais aussi celle d’une projection politique. Si une démarche intellectuelle, souvent scientifique, est presque toujours sous-jacente, Hussein Chalayan représente un des rares talents qui ne se contente pas de recycler le passé, mais ouvre des voies à une exploration du monde d’aujourd’hui pour imaginer, rêver et créer réellement un vrai vêtement contemporain.

6. Hussein Chalayan, Place to Passage

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