MONTEZ DANS LE BUS ROUGE !

 

 

Ca vous prend comme une envie de marcher en musique, attention pas de marcher au pas, mais de marcher gaiment, joyeusement.

Alors, si vos pieds vous démangent, eh bien, tâchez de vous croiser un de ces jours le chemin du Bus Rouge. Ils sont dix à bord, filles et gars. Ils ont chacun leur personnalité, et leur instrument : tubas, clarinette, caisse claire, hautbois du Languedoc, tambour occitan, saxophone soprano, trombone et piccolo… Le Bus Rouge, il a commencé à rouler à Lyon.  Je les ais vus à Correns, un jour paisible dans le village.

Les enfants mangent sous le platane, les vieux discutent sur le banc, chacun vaque, vaguement, sagement. Et puis, l’air de rien, par la porte de l’église, une silhouette apparaît. Elle: robe noire, col en dentelle, lèvres rouges. Lui :  queue de pie lustré, chaussures rouges, cheveux gominés. On les croirait sortis d’une vieille carte postale des années 1920.

Ils se rassemblent sous le platane, produisent une cacophonie organisée, stoppent net, attendant les bravos et les applaudissements. ET puis, l’un part en courant, cinquante mètres plus loin, recommencent leur manège. Avec sa caisse claire, une brune fine et longue fait mine de tirer les badauds avec une corde invisible. On la suit.

Puis, tout s’organise peu à peu. On revient, on court dans un sens dans l’autre, on échange les instruments. Solennellement, les baguettes du tambour sont remises à un adolescent. La caisse claire récupère tous  les instruments, un instant inutiles. Elle croule sous le fardeau, mais peu à peu, on la libère. Chacun reprend son rôle.

Ils prennent possession de la ville. Fanny monte au réverbère, se juche sur une balustrade. Ils se regroupent sur les murets au bord de la rivière. Ils courent entre les spectateurs, comme le son qui se faufile entre chacun de nous. Ils demandent qu’on leur tienne la main pour marcher sans tomber.

Le plus étrange, ils ne sourient jamais, gravité, de gravure, ils nous forcent à rire pour eux, avec eux. Même quand on les acclame. Ils ont presque l’air en colère.  Au début, c’est perturbant. On rit, un peu jaune. Enfin, la gaité gagne !

La musique, parfois on croirait une cacophonie, on souffle, on s’époumone, une fanfare. Et puis, des airs s’en libère, des gavottes, des mazurkas, des bourrées, des valses, des polkas. On les reconnaît, On a envie de les danser.

Et quand tout est fini, ils se dispersent comme ils sont arrivés, d’un seul coup. Comme si la vie s’était juste un moment animée.

Voilà comment le Bus Rouge nous trimbale, de cahots en cahots au fil de la ville, au fil de la vie. Il faut les voir, pour les croire. Si vous croisez leur drôle d’engin, prenez donc un ticket !


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