Dévastée

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Sous le nom Dévastée, un duo : Ophélie Klère et François Alary. Pour cet hiver sous le signe du « Magic mushroom », ils évoquent : « fantasmes et souvenirs des années 70 que nous n’avons pas connues et des années 90 de notre adolescence ». S’esquisse une alternance entre la douceur de tissus blanc brillant, lamé argenté, habillé et un noir plus gothique. Imprimés floraux, empiècements de satin, jeux de transparences. La maille sourit à la Joconde et se tricote en robes.

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L’humour passe en filigrane. Serait-ce un imprimé crâne ou là une ville ? Le jacquard en puzzle. Une collection duo en blanc et noir.

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Thimister

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Dans une ambiance feutrée façon des Hommes et des dieux, la musique est psalmodiée, liturgique avant de passer à la voix rauque et magnifique de Nico. Si Josephus Thimister y voit des anges déchus, alors pêchons ! Des capes travaillées en volumes s’animent de détails drapés. De magnifiques enveloppes en tissus fripés, froissés (peau, non tissé, coton ?) sont composées dans une palette sobre et sourde, blanc cassé, gris, noir. Des capuches, des liens ; du froissé, du chiffonné, du non tissé, de la laine bouillie. Une cape doudoune magnifique.

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« Snow breath the reminiscent air of our old dear Tolstoi. » dit le créateur. Oui, ses modèles de laine feutrée, ses peaux aux airs de moutons cadreraient parfaitement avec l’esprit de la communauté de The last station (magnifique film contant les derniers jours de Tolstoï avec Helen Mirren et Christopher Plummer). Robes noires, découpes, capuches, drapés, noués. Une ambiance naturaliste, une allure monacale dans la rigueur des coupes, mais aussi une certaine douceur. Une très belle collection. Coup de coeur.

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Hakaan

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Créateur turc, lauréat un brin contesté l’année dernière du prix de L’Andam, Hakaan signe une collection double. S’oppose la vision d’une silhouette très sexy avec des mini robes près du corps (certaines très très courtes) à un thème construit en volume avec des formes amples et enveloppantes. Des effets de capes contrastent avec les robes où se dessinent des découpes d’où surgissent sensuellement des éclats de chair, corps mis à nu, voilé de mousseline. Le cuir est particulièrement bien travaillé et la fourrure a droit de cité. Si le noir et le blanc dominent, ils sont animés par l’éclat des passages rouge vif.

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Accessible visuellement, la collection est dans l’air du temps.

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Corrado de Biase

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Venu de l’univers de la chaussure (notamment pour la maison John Galliano), l’italien Corrado de Biase est passé sur les podiums mode. Le créateur imagine la garde-robe d’une Parisienne élégante en villégiature à Miami. Si l’imaginaire suppose le télescopage de tenues de skaters, surfers à un vestiaire couture ; au final la collection est une variation sur le même thème, monolithique. Le tissu noir relevé de surpiqûres blanches, façon jean joue les variations. Les zips s’affichent, les basques ondulent et les liens se multiplient à la chaîne.

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Au thème blanc vient se greffer un motif imprimé et photographique, noir et blanc où la couleur s’impose progressivement, « Miami on fire ».

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Anthony Vaccarello

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Diplômé de La Cambre (Bruxelles) et lauréat du festival d’Hyères, Anthony Vaccarello présente depuis plusieurs saisons à Paris. Oeuvre au noir pour sa collection d’hiver, mais tout en légèreté. Si un souvenir des années 60 plane un peu avec la rigueur des coupes géométriques sur mini-robes, c’est la féminité qui l‘emporte avec même parfois une allure très sexy dans les jeux de transparence qui voilent et dévoilent le corps.

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Sur des plastrons de feutre s’inscrivent des fils métalliques. Découpes géométriques, jeux de transparences graphiques, un boutonnage en oblique s’esquisse. Le zip se montre, s’affiche ; les attaches s’approchent de l’épingle à  nourrice. Une mode féminine, près du corps, aux détails géométriques graphiques et avec aussi une pointe d’asymétrie réussie.

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Aganovich est là

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Sous le nom d’Aganovich s’est composé un duo : Nana Aganovich, passée par la Saint Martin’s School, et Brooke Taylor, écrivain, qui se sont rencontrés à Londres. Lui est plus dans la conception et elle dans la réalisation. Leur démarche développe un vêtement puzzle dans un esprit ludique.

Leur présentation pour l’automne hiver est la cinquième. L’oeuvre au bleu vogue sur toute une palette de nuances allant de l’azur à l’outremer en passant par turquoise, pervenche, colbalt… Très structurée la collection débute par une première série mettant en scène du coton assez raide presque travaillé dans un esprit denim avec des surpiqûres.

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Surgit ensuite le flou dans des matières légères avec fluidité. La maille se tricote dans de grandes robes pulls enveloppantes et cocon.

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Les silhouettes ensuite hybrident les matières, les formes, les longueurs et se construit le puzzle. A noter les vêtements à trois poches, deux traditionnelles et une au milieu, plastronnant. Quelques plis, un travail sur les drapés, des épaules basses et un jeu de découpes ou parfois se découvre le corps.

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Pas vêtement de travail, le grand bleu dessine une jolie collection aux allures conceptuelles, mais aussi très accessible à porter.

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Photos Patrick Stable

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Automne-hiver 2011-2012

C’est dans le contexte très particulier de l’ « affaire Galliano » qu’a débuté la semaine de la mode à Paris. Si tous condamnent les inacceptables propos du couturier, chacun garde en mémoire l’émotion que suscitait ses défilés. Mais déjà se profile la question de la succession d’une des maisons les plus importantes de la planète mode. Beaucoup de supputations s’esquissent. Chez Dior où la Haute couture continue d’exister, qui pourrait en reprendre les rennes ? Parmi les noms qui reviennent sont cités l’actuel créateur de Givenchy : Riccardo Tisci et aussi (en mineur) Hedi Slimane qui avait fait les beaux jours de Dior Homme de 2000 à 2007 ou encore Alber Elbaz, actuellement chez Lanvin. La fashion week bruisse également d’un changement chez Yves Saint Laurent avec le départ de Stefano Pilati et l’arrivée de ??? Hedi Slimane ici aussi évoqué ou encore Olivier Theyskens.

Mais le « show must go on » avec neuf jours de défilés. Au programme 90 défilés dans le calendrier officiel et une dizaine en “off” sans compter les présentations en show-rooms et les salons.

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Elie Jacobson

Elie Jacobson vient de disparaître à l’âge de 85 ans. Il a joué un rôle majeur dans l’éclosion du prêt a porter au début des années 60 avec la marque Dorothée Bis fondée avec son épouse Jacqueline. Après l’ouverture de leur boutique, le duo a fait appel à des stylistes pour développer des modèles. Emmanuelle Khanh, Christiane Bailly, Karl Lagerfeld… participeront à l’aventure. La maille est un des atouts majeurs de la marque avec des modèles joyeux et très colorés. Pulls, tuniques, robes, manteaux de laine… mêlent rouge, jaune, vert, bleu avec des motifs à rayures, géométriques… Du court mini des années 60, puis du baba maxi 70… Dorothée Bis est à la pointe des tendances. Les voyages sont aussi source d’inspiration avec des trouvailles du bout du monde proposées dans la boutique (l’ancienne piscine du Lutétia et aujourd’hui boutique Hermès). La marque se développe aussi à l’étranger, notamment au Japon. Visionnaires, les Jacobson imaginent dès 1980 une ligne qui s’approche du sport avec Dorotennis, bien avant l’explosion du streetwear mâtiné de codes sportifs. Le couple vend sa marque en 1999. Leur fille suit leur route avec sa marque sous le nom de Corinne Cobson. Pour tous les amateurs de mode, Dorothée Bis a été une très belle histoire, un jalon important dans l’émergence du prêt-à-porter en France.

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L’Orient des femmes

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Aux sources de l’orientalisme, la vision exotique de contrées lointaines par l’oeil occidental s’est posée sur le costume. Le musée du Quai Branly présente l’Orient des femmes, une exposition dont la commissaire est Hana Chidiac et le directeur artistique Christian Lacroix. Passé des podiums aux cimaises le couturier a imaginé un parcours où la couleur est là, omniprésente, passant du noir au blanc avec arrêts multiples sur des kaléidoscopes de couleurs. Pour le couturier, l’Orient est souvenir, mémoire de choses vues, en dessins d’abord : « Ces princesses et ces paysannes aquarellées illustraient bien aussi ce mot de « femme » intimidant, caressant et aussi mystérieux que l’Orient, avec un léger parfum de soufre ».  De ces femmes, il dit encore : «  Elles font partie de ces cohortes d’inspiratrices qui m’ont montré la voie la voie d’un métier, où le vêtement se crée à mi-chemin du fantasme et de la réalité. »

De la Syrie au Sinaï, l’Orient s’incarne, moins dans des tenues d’exception que dans des vêtements du quotidien, dans des costumes de paysannes, de bédouines (le monde rural est resté à l’écart des influences occidentales). La couleur vibre, chatoie, resplendit dans le travail minutieux des broderies faites main. Point d’odalisques ou princesses de harems, mais des paysannes loin de la mort agitée et rêvée de Sardanapale par Delacroix. Imaginés par Christian Lacroix, des coffres de mariage regroupent les accessoires d’un trousseau précieux. Les vêtements sont présentés suspendus dans une 2D qui convient à la forme géométrique et simple du caftan. Robes syriennes, robes de fêtes jordaniennes, à chaque région ses styles, ses motifs stylisés, parfois végétaux posés sur du coton, du lin.

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Manteau de fête de femme syrienne                   Kawar   Photos Grégoire Alexandre

Magnifiques, les voiles et les coiffes sont composés d’éléments d’or, d’argent de petites perles colorées, de cordelettes, trésors de raffinement.

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Voile de visage, burqa           Coiffe de Bédouine   Photos Thierry Ollivier, Michel Urtado.

L’esthétisme règne dans la somptuosité d’un temps où le vêtement était signe, symbole de raffinement. Magnifique Orient du passé où se dessine une beauté assumée, affirmée, où le paraître n’est pas culpabilité. Pas phantasmé, ni modelé par l’oeil occidental des peintres de la fin du XIXè siècle, cet Orient a bien existé, mais la page s’est un peu tournée, voilée…

Toutes les photos, C Musée du Quai Branly.

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Photos de l’exposition : Gautier Deblonde

Au musée du Quai Branly jusqu’au 15 mai.

NDLR

Le 24 février sur France 5 sera proposée une thématique Christian Lacroix autour de l’exposition et avec la diffusion de « Christian Lacroix, Voyageur immobile », documentaire de 2005 dont l’auteur signe ce blog.

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Iris van Herpen

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Coup de coeur pour un travail étonnant qui se profile dans le milieu de la mode et perpétue avec originalité la famille des créateurs et non celle des omniprésents stylistes.

Intitulée Escapism, la collection présentée à Paris fin janvier incarnait un époustouflant travail sur formes et volumes imaginé en collaboration avec un architecte et des techniques 3D. Autour du berceau de la créatrice, Stephen Jones signait les chapeaux et Rem D Koolhaas United Nude les chaussures (notamment un modèle très fermé, presque sabot à lacets déjà pour l’hiver dernier). Autour de l’idée de s’échapper de la réalité par différents procédés digitaux, virtuels, s’est construite cette étonnante collection en volumes. Volutes, découpes graphiques, construisent une vision baroque et futuriste de la mode. Les pièces blanches étaient en polyamide et travaillées au laser tandis que les noires, aussi en 3D imprimées sur polyamide, ajoutaient une finition laquée aux brillants reflets.

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Hollandaise née en 1987 et diplômée d’Arnhem, Iris van Herpen a débuté chez Alexander Mc Queen à Londres et Claudy Jongstra (artiste textile spécialiste notamment de feutre) à Amsterdam avant de créer sa marque en 2007. Elle a présenté son travail aux Pays-Bas (et aussi à Londres) où elle a reçu plusieurs prix. Dans ses créations, elle mêle de précieuses techniques artisanales de savoir faire avec des innovations technologiques. Parmi ses différentes collections : Mummification en 2009, très anthropomorphique, se jouait de découpes anatomiques en volumes superposés. La silouette avec bustier doré ajouté fut portée par Lady Gaga. Crystallization, collection présentée à Amsterdam en 2010, donnait une vision spectaculaire d’un état entre le solide et le liquide, robes cascades, jaillissement d’eaux entraînaient la mode entre poésie et technologie autour de « l’idée de créer un vêtement d’eau comme un bain chaud flottant autour du corps. »

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Le résultat est spectaculaire, proche d’une oeuvre d’art, mais néanmoins mode. Loin de l’ennuyeux facile à porter, cette mode emporte sur le territoire du rêve.

Iris van Herpen positionne son travail « à mi-chemin entre l’artisanat et l’innovation en termes de technique et de matières ». Pour réinventer le monde, la mode, elle combine « le savoir-faire et l’observation du passé à des concepts et des matériaux inspirés du monde à venir. »

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Talent à suivre.

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Photos Michel Zoeter

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