L’art chausse la mode

Mariage exquis, l’art chausse la mode avec le travail du photographe Peter Lippmann autour de la mise en scène des chaussures de Christian Louboutin de la collection automne-hiver 2011. Quelques chefs-d’oeuvre de l’histoire de l’art de Clouet à Whistler ont été réinterprétés en photos. Dans cette galerie de portraits de femmes se pose, discrète mais centre de toutes les attentions, la présence de la signature emblématique de la semelle rouge.

-La mère de Whistler devient La vieille dame et Tootsie, petite bottine élégante ornementée de  poney.

-A partir du Portrait d’une négresse de Marie-Guilleme Benoit, la jeune femme brandit un bottillon ivoire avec une touche de cuir ébène et talon rouge.

-Dans un Clouet fastueux, la nouvelle Isabelle d’Autriche règne sur un escarpin travaillé de strass et au talon vertigineux.

-La belle marquise de Nattier aime les oiseaux, les animaux et porte discrètement à l’épaule un sac à l’imprimé léopard.

-En clair obscur, la (Marie) Madeleine de Georges de La Tour perd sa dimension biblique pour éclairer à la bougie une petite botte ivoire et rouge en écho aux couleurs du tableau.

-Loin des portraits austères d’ecclésiastiques, la Sainte Dorothée de Zurbaran devient une exquise jeune femme admirant, au coeur de sa corbeille de fruits, une sandale parme.

-La jeune fille de Corot conserve sa mélancolie sous le charme de l’escarpin noir.

Une intelligente et belle campagne, loin des clichés people de l’air du temps.

 

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Dessous chics

 

 

Marque de lingerie en Belgique Marie Jo L’Aventure* vient de présenter une nouvelle collection capsule signée d’un des talents de la mode belge de la deuxième génération, Véronique Branquinho. Pour ses premiers pas dans l’univers de la lingerie, la créatrice a choisi de rester fidèle à son goût de l’épure. Dans un esprit aux réminiscences des années 50 les belles matières ont été travaillées dans des finitions couture luxueuses. Les effets de transparence en tulle s’opposent à l’opacité d’un effet gros-grain ou d’un satin brillant (une microfibre). Des jeux de petits plissés et un choix de couleurs précieux : vert émeraude et noir onyx animent la collection.

Si le noir est un classique en lingerie, le vert est plus audacieux. Couleur de la nature via la chlorophylle, le vert est aussi poison et indésirable sur les planches.

En guise de source d’inspiration, Véronique Branquinho a choisi des portraits de femmes peintes par les plus grands : Cranach, Giorgione, Raphaël et Dürer et a imaginé habiller  leur nudité par des effets de lingerie. La créatrice explique : « La féminité est universelle. … C’est un thème récurrent dans mon travail. Ces nus de maîtres anciens, je ne les trouve pas tellement différents des femmes actuelles. Je me suis demandé quelle image ils reflèteraient vêtus de lingerie actuelle. Je les ai donc habillés. Je n’avais plus travaillé la peinture à l’huile depuis l’académie, c’était donc une redécouverte pour moi. Pendant que j’étais en train de peindre, j’ai constaté que l’ambiance de la collection et celle des peintures correspondaient magnifiquement bien ». Ce bel exercice affiche une féminité assumée, un choix possible dans le secteur de la lingerie contrairement à la mode où les mannequins d’aujourd’hui se doivent à la minceur. Les oeuvres seront exposées au MoMu d’Anvers du 4 au 16 octobre et seront mises aux enchères au profit de la fondation Pink Ribbon.

 

 

*Créée en 1997 Marie Jo L’Aventure est une marque du groupe de lingerie Van de Velde.

 

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Love for Japan

 

Trois mois après Fukushima, la mode et la beauté se mobilisent heureusement encore pour venir en aide aux sinistrés. Les parfums Givenchy ont choisi de soutenir VAN (Volunteer Architects Network), un groupement d’architectes bénévoles rassemblés autour de Shigeru Ban. Le célèbre architecte japonais a notamment signé le Miyake Design Studio à Tokyo, l’église de papier à Kobé, ou encore le centre Pompidou à Metz… Shigeru Ban s’est toujours intéressé à la notion d’éphémère, une tradition au Japon où par exemple les temples du sanctuaire d’Ise sont construits pour vingt ans et ensuite rebâtis. L’architecte s’est passionné pour une « architecture de l’urgence »  et a été conseiller au Haut Commissariat aux réfugiés auprès des Nations Unies. Après le tremblement de terre de Kobé, il a imaginé des Paper Loghouse à base de caisses de bière remplies de sable et de tubes en carton. Pour aider les populations réfugiées au Japon aujourd’hui, la mission que s’est fixée VAN est de construire des habitats éphémères. L’opération Love for Japan by Givenchy est une initiative de Nicolas Degennes, directeur artistique maquillage et couleurs, qui apprécie particulièrement ce pays. Il a choisi de créer deux rouges à lèvres, l’un est un soleil rouge, le Rouge interdit 39, pour symboliser le soleil levant. L’autre est un Rouge interdit Shine 21, un rose pâle, couleur que chérissent les Japonaises et aussi la couleur des fleurs de cerisier. Deux rouges dans des étuis estampillés Love for Japan by Givenchy au profit de VAN en vente chez Sephora, 27€.

 

http://www.shigerubanarchitects.com/

 

 

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Design 1950-2011

 

 

Une vente à Drouot Montaigne et défilent en une soirée 60 ans de design avec pratiquement tous les ténors du secteur sur la scène internationale. Plus de cent noms de créateurs, designers, architectes, décorateurs de Ron Arad à Jean–Michel Wilmotte en passant par Gaetano Pesce ou Karim Rachid.

-Parmi les modèles les plus anciens, une très belle table éclairante (105.000€) de Pierre Jeanneret, pièce de mobilier en provenance de bâtiments administratifs de Chandigarh. Une table et surgit le souvenir de cette ville neuve, étonnante, imaginée et conçue par le Corbusier en Inde. Si Chandigarh pêche sans doute par un manque de connaissance de la culture indienne, elle demeure une tentative architecturale ex nihilo très intéressante. Le cousin du « Corbu », Pierre Jeanneret a lui vécu à Chandigarh et a mis en oeuvre de petits bâtiments et tout un ensemble mobilier que la ville indienne met régulièrement en vente pour le bonheur des amateurs, mais aussi en bradant son histoire. Si la ville avait été classée au patrimoine de l’Unesco, ses richesses auraient sans doute été mieux préservées…

-Des chaises de Charlotte Perriand, en paille et bois, simples et rustiques, sobres. Une grande table en pin massif, majestueuse, 31.250€.

-Shiro Kuramata, un des plus grands du XXè siècle, était présent avec un vase en  résine rose fluo (1000€) et surtout un fauteuil en résille d’acier : How hight the moon.

-Autre grand disparu, Ettore Sottsass, avec de très belles pièces : Grande console miroir Etrusco, un très beau meuble cabine « Beverly » (5625€), une console de milieu « Tartar ». Avec son originalité débordante, son esprit baroque d’aujourd’hui, l’ancien architecte, fondateur de Memphis, reste une figure de proue du design.

-Gaetano Pesce n’était pas là avec son fish design (pièces en résine), mais avec notamment le fauteuil La mama et son repose pieds (2.500€). Un fauteuil anthropomorphe aux formes délicieusement rebondies, le tout en rouge joyeux. Sa chaise longue en forme de pied en polyuréthane expansé, autre pièce humoristique a trouvé preneur à 1.716€.

 

-Matali crasset avec un canapé jeu d’enfant baptisé « permis de construire » fait preuve à la fois d’humour et de rigueur. 1.000€.

-Eero Aarnio représente avec éclat le design scandinave dans ce qu’il a de froid, d’épuré. Mythique, sa Ball chair ou Globe de 1963 ressuscite avec éclat les années soixante et leur vision d’un futur high tech. Ce fauteuil plonge aussi dans les souvenirs d’une série mythique et visionnaire comme Le prisonnier. 5032€.

-Toshiyuki kita, créateur japonais a débuté en intégrant les richesses du patrimoine nippon à ses créations : laque , papier… Mais son design incarne aussi la fantaisie avec Wink, un modèle de chaise convertible, on peut jouer avec les housses et mélanger les couleurs.

-Franck O. Gehry, le grand architecte, a aussi signé les modèles Wiggle, chaise ou tabouret en carton pressé et ondulé. 1.500 et 1.625€.

-Karim Rachid, toujours fantaisiste, était présent avec un grand tapis abstrait. 6250€

-Aberto Saviati et Ambrogio Tresoldi, des chaises hommage à Warhol, Fontana, Malevitch, Kandinsky, Balla et Lissitzky avec des dossiers en clin d’oeil à l’oeuvre des différents peintres.

-De Christian Astuguevieille (toujours un bonheur de voir son travail de cordes), une paire de fauteuils recouverte de cordelettes de coton, 10.250€.

Un joli panorama du design aujourd’hui.

 

Sans oublier un petit cheval à bascule d’après Keith Haring qui a curieusement atteint la somme de 2.300€. Un amateur de dada…

 

 

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Le petit jardinier de Pierre et Gilles

Sur le marché de l’art, la photographie, surestimée disent certains, n’en finit pas de battre des records. Un cliché de Pierre & Gilles a atteint la coquette somme de 157.000 euros lors d’une vente chez Christie’s qui regroupait une vingtaine de photos du duo français. Avec leur écriture kitsch et colorée aux accents populaires façon chromo, Pierre et Gilles ont défini une vraie signature photographique qu’ils complètent souvent par des ajouts de peinture. Ils composent des décors, racontent des histoires, parodient. En mode, ils ont ainsi immortalisé Jean Paul Gaultier dans un décor de fleurs et habillé de sa marinière (couverture de son roman photo « A nous deux la mode »). Adeline André s’est prêtée au jeu d’une sainte martyre si ma mémoire est bonne, une Agathe avec ses « seins » sur un plateau. Un portrait de Lio en Madone au coeur blessé avait déjà atteint un record de près de 200.000$. Avec Le petit jardinier, Didier, exemplaire unique, le record est battu. Un portrait un peu ambigu, mais avec une bonne dose d’humour : l’arrosage automatique façon Manneken Pis.

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Journal d’un parfumeur

 

 

 

Rendez-vous dans une petite rue du 16e arrondissement pour une rencontre avec Jean-Claude Ellena. Le parfumeur ? Non, l’homme de lettres. S’il a déjà publié en 2007 un Que sais-je extrêmement limpide sur le parfum ; cette fois il a pris des notes et a tenu son Journal, celui d’un parfumeur. Périples et digressions lèvent, presque en passant, le voile sur un univers de plus en plus complexe aujourd’hui ainsi « les vérifications des normes en vigueur ». Les normes, les contraintes jouent un rôle majeur sur le secteur avec l’inconvénient de réduire la palette du parfumeur (notamment avec les supposés allergènes) et l’avantage de pousser la recherche à trouver de nouvelles molécules odorantes.

La conférence débat très informelle fut suivie d’un cocktail signé Gagnaire dans le jardin de Balzac.

Sous le bras, je partis avec le petit ouvrage dont les pages n’étaient pas encore découpées. L’édition (Sabine Wespieser) est numérotée (en chiffre romain, le XXI est mien) et signée de l‘auteur. Dans le métro, je tente une lecture cadavre exquis de huit pages en huit pages. Curieuse comme la Rosalie du conte de mon enfance, mais sans la dimension de l’interdit, j’apprivoise des bribes de voyages : Messine, Cabris, Spéracèdes, Tokyo, Hong-Kong, Moscou et toujours Cabris (c’est pas fini) qui revient, point d’ancrage près de Grasse.

De retour à la maison, je choisis un couteau en céramique du Japon (Jean-Claude Ellena aime cet archipel et sa culture, comme moi) et je découpe les pages avec bonheur. Dans la foulée, je lis l’ouvrage d’une traite avec plaisir et curiosité. Autour du périple, des réflexions sur le quotidien ainsi la mondialisation et l’exotisme : un thé Hediard servi à Moscou. Jean Claude Ellena imagine le même contexte à Paris avec un Kusmi tea.

Le parfumeur sème au vent, il est venu à la parfumerie un peu par hasard, posant sur son chemin de beaux cailloux : First de Van Cleef & Arpels, L’Eau au thé vert de Bulgari (petite merveille)… Il est depuis maintenant quelques années parfumeur attitré chez Hermès avec les très jolis jardins (inoubliable Jardin sur le Nil) et d’exquises Hermessences.

Le travail sur les matières est abordé ainsi ce parfum que j’aime infiniment : Bois de réglisse (dans les Hermessences).   « J’avais utilisé de l’essence de lavande, et j’étais intervenu pour en modifier la composition, qui enferme plusieurs centaines de molécules,  afin d’avoir un matériau en accord avec l’idée que je convoitais » Magie de la science, de la chimie qui permet d’isoler des composants et de façonner très précisément une odeur recherchée.

Le choix des noms est aventure. Pour les Hermessences, au nom de matière s’ajoute « un autre mot qui définit la composition ». Le dernier opus évoque le Japon et l’iris, fleur emblématique dans l’archipel. L’iris fut souvent dessiné, peint et les noms Iris Hiroshige ou Iris Hokusai étaient déjà déposés. Après avoir pensé à Kon‘iro, une couleur bleue ou Kado, la voie des fleurs, c’est finalement Ukiyo-e qui a été choisi, image du monde flottant (parfois sulfureux !). A ce nom, je revois la rivière d’iris du Meiji Jingu et je rêve à un iris particulier, tout en discrétion, avec un trait de couleur violette s’échappant des feuilles, le usagi no mimi ou iris en oreille de lapin.

J’aime aussi beaucoup le passage sur la parfumerie d’aujourd’hui. « Aujourd’hui la majorité des parfums sont composés d’ambroxan, d’alcool phényléthylique, de citronellol, de coumarine, d’hédione, d’heliotropine, d’hydroxy-citronellal, d’iso E, d’ionone, de lilial, de methyl ionone, de musc de synthèse, de patchouli , de santal de synthèse, de salycilate, de vanilline. Le choix de ces produits a été dicté par la constance de leurs caractères, leur linéarité. Ce sont des objets odorants fabriqués en très grande quantité et usités dans tous les parfums : ce sont des ustensiles ».

Ces pages donnent tout simplement à réfléchir sur la parfumerie aujourd’hui.

Quant aux pages de la fin du livre, même si je n’ai aucune notion de chimie, c’est pour moi un ravissement d’ordre quasi conceptuel. Je n’oublierai jamais l’atelier de Jean Claude Ellena à Cabris et ses tours de « magie » recomposant une odeur donnée avec quelques gouttes extraites de petites fioles. (NB à l’adresse du parfumeur, je n’ai pas senti le « chien mouillé » demandé).

Ainsi

 

 

Pamplemousse

S’il est une déconvenue pour les parfumeurs, c’est bien le pamplemousse car, bien qu’existante, son essence sent l’orange. Heureusement notre arsenal contient suffisamment d’artifices pour satisfaire l’amateur.

orange douce (essence)

rhubofix

Fraise

Apprenti parfumeur, j’appris que l’odeur des fraises s’obtenait avec de l’aldéhyde C-16 dit « fraise » -aldéhyde doublement mal nommé, car chimiquement il s’agit en réalité d’une cétone, et elle sent surtout la pomme. Je propose un autre assemblage.

fructone

éthyle maltol

 

et, pour la fraise des bois :

fructone

éthyle maltol

anthranilate de méthyle

 

Le bonheur de lire cet ouvrage se complète par celui de pouvoir en parler. Moi qui, en tant que journaliste, regrette que la presse écrite soit à l’ère du zapping, demandant des brèves, des phrases courtes, juste des news, pas besoin de fond, pas besoin de réfléchir… Alors, aujourd’hui, ce blog me réjouit particulièrement pour la liberté qu’il me donne et dont je vais un peu plus profiter, après avoir craint que l’étiquette blogueuse n’implique une tape sur l’épaule du lecteur et l’obligation de donner des combines pour acheter une paire de chaussures.

 

 

 

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Système Sorbier


 

Le couturier Frank Sorbier a imaginé une façon originale de communiquer tout en donnant la possibilité à tout un chacun d’assister à son prochain défilé de couture. Il met en route un « fonds de dotation » ouvert au public avec des modules positionnés à prix différents. Associés à des noms de pierres précieuses, les modules donnent accès à divers privilèges dont la possibilité d’assister à son défilé. La participation à cette aventure ouvre aussi droit à la défiscalisation des sommes versées. Agathe est le module le plus modeste (31€), celui du simple membre donateur, ensuite l’échelle se gravit jusqu’au module diamant (8.000€) qui permet de devenir acquéreur d’un modèle couture en passant par le rubis (2.500€) lequel s’accompagne d’une nuit à l’hôtel Murano, d’une visite en backstage, d’une soirée et bien évidemment le défilé avec quelques places au premier rang.

Avec cette initiative Frank Sorbier fait preuve une nouvelle fois de débrouillardise dans le monde de la mode. Ses défilés sont souvent parrainés par des personnalités et il a orchestré un défilé virtuel sur le net en juillet 2008.

Avec ce nouveau système D pour que continue le métier de la couture, il ne s’agit pas de démocratiser la couture, mais de donner l’accès à un défilé de mode, à voir comme un spectacle d’habitude réservé à un monde de professionnels (journalistes essentiellement pour la haute couture) et aussi de clientes. A découvrir le 6 juillet 2011.

www.fondsdedotationsorbier.com

 

Portrait Photo Pierre Belhassen
Collection haute Couture Printemps Eté 2011. Photo Piero Biasion

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Mexicocorico

 

 

La capitale mexicaine s’est mise en mai à l’heure française lors d’un festival de mode, Creamoda, où des créateurs basés à Paris sont venus défiler et rencontrer les étudiants d’une école de mode.

 

Depuis une dizaine d’années l’Instituto de estudios Superiores de Casa Moda de Francia, dirigée par une Française installée au Mexique, enseigne la mode aux jeunes Mexicains. La capitale compte aujourd’hui de plus en plus d’écoles de mode et, comme partout dans le monde, la mode suscite un intérêt majeur auprès des jeunes (l’effet Fashion TV, l’attraction des marques de luxe et la réussite financière et médiatique de jeunes talents). L’intérêt du festival a été un vraie rencontre, une mise en commun des connaissances et des échanges, notamment dans des ateliers de plusieurs heures avec les jeunes élèves. La semaine s’est clôturée par un défilé des différents invités ainsi que d’une sélection des modèles les plus intéressants (très bon niveau !) des élèves.

Une table ronde a permis aux Français d’échanger leurs vues avec les industriels du Mexique qui se posent des questions sur ce qu’il est possible de faire dans leur pays. Le premier constat est qu’il n’y a pas un grand intérêt des clients pour des produits « mexicains », mais l’explication est simple, il n’y a pas encore de notoriété autour de la mode mexicaine. Le pays se pose aussi la question de la concurrence avec les produits moins chers qui vont arriver de Chine (le problème existe aussi en Europe, mais subsiste encore le prestige des « marques »). L’échange a permis d’aboutir concrètement à des résultats. Un jeune talent mexicain, Kristhian Martinez,  a été choisi et aura un espace dans un Salon de prêt-à-porter à Paris fin septembre, le Fame. Dans la foulée un industriel mexicain s’est engagé dans la fabrication de ses commandes.

Naco, créateur français a réussi à intéresser les industriels mexicains et va pouvoir sans doute réaliser avec l’un d’eux un développement de jeans (les Mexicains en produisent des quantités industrielles, mais c’est une fabrication qui souvent exige pour un fort taux de rentabilité de très grosses quantités) avec des quantités raisonnables.

Les On aura tout vu ont présenté des morceaux choisis de leur couture ainsi leur magnifique robe de sirène en écailles brodées. Hasard du calendrier, les créateurs ont retrouvé en concert une star qu’ils habillent parfois : Lady Gaga.

Didier Ludot a expliqué l’importance du passé et était venu avec Felix Farrington qui dessine la collection « La petite robe noire », hommage à l’incontournable classique de toute garde-robe au féminin.

Gustavo Lins, désormais membre de la haute couture, a présenté sa collection de vêtements et son travail de déconstruction du vêtement. Il a animé un atelier où les élèves ont travaillé sur des moulages en papier mâché.

Naco, qui va fêter ses dix ans de mode, a travaillé avec des étudiants pour leur expliquer que l’on pouvait créer à partir de peu de choses (sa première collection fut faite avec quelques francs) et métisser les trouvailles, la récup. Son défilé était une sorte de happening où les mannequins, un homme et une femme, ont échangé leurs vêtements et les ont aussi portés dans différents sens. L’un était l’autre.

La signataire du blog a échangé sa casquette de journaliste pour travailler du chapeau avec un groupe d’étudiant hyper motivés qui ont revisité le chapeau de paille mexicain pour le sortir du folklore local.

 

 

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Tournesols de Kiefer

 

Chef d’oeuvre du Rijksmuseum, le tableau de Rembrandt intitulé la Ronde de nuit (1642) conserve une part de son mystère et suscite des interprétations variées. Aujourd’hui Anselm Kiefer lui rend hommage avec une oeuvre placée en face du tableau.

Comme toutes les grandes oeuvres, La ronde de nuit intrigue et s’explique, s’interprète, notamment de façon politique. Aurait-elle aussi joué un rôle majeur dans l’évolution de la carrière du peintre ?  Peter Greenaway, cinéaste anglais installé à Amsterdam tout près du musée, a lui réalisé en 2008 un film entier et propose une curieuse explication de l’oeuvre, la transformant en un complot aux allures policières et drames en cascades.

Aujourd’hui le musée expose l’oeuvre réalisée par Anselm Kiefer (l’artiste a eu carte blanche) en hommage à La ronde de nuit. L’artiste allemand a choisi une voie détournée, intégrant un autre grand nom de la peinture hollandaise, Van Gogh et une de ses oeuvres emblématiques : les Tournesols. En résine, des tournesols géants se dressent fanés, coupés sur un sol craquelé. La vie fleurit et se flétrit, le temps passe. Sous forme de triptyque composé en vitrines aux parois de verre se dressent les tiges, répondant aux hallebardes de la milice. Au centre figure une chaise de jardin. Elle trouve sans doute son explication dans le titre : La Berceuse, une oeuvre de Van Gogh, portrait de madame Roulin (épouse du facteur cher à Van Gogh) et que l’artiste imaginait (voir ses écrits) en triptyque avec les tournesols autour. Kiefer l’a fait et le résultat est tout simplement magnifique.

 

Kiefer rend aussi hommage à un pays qui l’a aidé dans sa vie d’artiste ; expositions et premiers achats de ses oeuvres par des collectionneurs hollandais.

En parallèle à l’exposition figure une série de photos d’Anton Corbijn montrant Anselm Kiefer à l’oeuvre dans son atelier du sud de la France.

Du 7 mai au 4 juillet.

 

Photos de l’oeuvre : Myra May

 

 

 

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Les parfums 2010

« Les parfums 2011 » viennent de célébrer les meilleures créations de l’année 2010. Célèbres aux Etats-Unis, les Fifi, prix de la Fine Fragrance Foundation, ont aussi un équivalent hexagonal. The Fragrance Foundation France, après un partenariat de quelques années avec le magazine Marie-Claire, a réorganisé ses prix et a présenté les lauréats de 2010. Le public, la participation était ouverte à tous sur internet, a élu les meilleurs parfums de l’année en termes de composition, de flaconnage et de campagnes de publicité.

Au féminin Belle d’Opium (Yves Saint Laurent) a eu les faveurs des électeurs, la jolie variante d’Opium qu’incarne Mélanie Thierry. Au masculin, c’est Chanel qui plonge avec Bleu, un aromatique boisé composé par Jacques Polge et une campagne signée Martin Scorsese mettant en scène un Gaspard Ulliel qui se rebelle.

Les flacons primés sont au féminin le Balenciaga, un très beau flacon classique en hommage à la forme cape architecturée qui incarne la maison à ses débuts et au masculin (même si ce parfum n‘a pas de sexe déclaré) Voyage d’Hermès avec un flacon élégant et amusant signé Philippe Mouquet qui oscille comme un éperon.

La meilleure campagne de pub revient à Trésor in Love (Lancôme), romantique et délicate. Biotherm Homme avec son grand splash d’énergie apporte une belle touche de fraîcheur avec son parfum Force.

Le prix du meilleur parfum en distribution propre est revenu à Pivoine Flora de l’Occitane.

Le prix des parfumeurs (un jury de nez) a distingué Womanity de Mugler entre sucré et salé.

Le prix des spécialistes, un jury d’évaluatrices, journalistes (dont la signataire de ce blog) et de blogueurs a choisi, parmi les fragrances distribuées dans un nombre limité de points de ventes (essentiellement marques de niches, petites ou aussi issues de grands groupes), le Like this, un hommage à Tilda Swinton rendu par Etat libre d’orange et composé par Mathilde Bijaoui, une jolie création qui fleure l’immortelle.

Un dernier prix, celui du board de la fondation est allé à Romano Ricci pour sa collection Juliette has a gun.

Un panorama représentatif des nouveautés marquantes (et grand public) de l’année.

 

 

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