In-Ei Issey Miyake

 

De Tanizaki à Issey Miyake aujourd’hui s’écrivent deux syllabes, signature d’un même univers où les jeux d’ombres s’habillent de lumière.

In Ei Reisan est le titre du petit ouvrage de Junichirô Tanizaki publié en 1933 et traduit en français par l’Éloge de l’ombre. L’essai conte magnifiquement un archipel où la lumière ne scintillait pas à Akihabara et où la subtilité des jeux d’ombres et de lumières habillait les intérieurs des maisons japonaises. Pénombres, reflets sur les objets de laque… « Non point que nous ayons une prévention a priori contre tout ce qui brille, mais à un éclat superficiel et glacé, nous avons toujours préféré les reflets profonds, un peu voilés ; soit, dans les pierres naturelles aussi bien que dans les matières artificielles, ce brillant légèrement altéré, qui évoque irrésistiblement les effets du temps. » Mais Tanizaki, déjà, intégrait aussi l’idée de progrès à celui de l’esthétique japonaise. « Je ne vois pas pourquoi l’on tournerait le dos, sous prétexte que l’on veut sa maison aussi japonaise que possible, aux calorifères, aux luminaires, aux installations sanitaires, toutes choses inséparables de la vie moderne. »

Aujourd’hui Issey Miyake avec Reality lab développe le concept quasi mathématique qu’il avait appliqué à la mode avec le projet 132 5. 1= une pièce de tissu, 2 pour un pliage en 2D,  3D pour le volume dans l’espace et après un espace, le 5 plus abstrait pour l’idée de transformation. Un programme mathématique développe les formes d’un vêtement qui se déplie et prend vie après avoir été conceptualisé sur ordinateur. Aujourd’hui 132 5 se conjugue dans le secteur du design et plus particulièrement des luminaires avec Artemide. Tout le projet de Miyake se développe aussi autour de l’idée de récupération. Pour les lampes, une fibre textile inédite a été produite avec le recyclage de bouteilles en polyéthylène terephtalate (P.E.T.) et ont été ensuite ajoutés des leds Artemide (à la pointe pour la sauvegarde de l’énergie) pour l’éclairage. Sans châssis, les lampes se déploient (dépliage) et la structure prend forme. Il est possible de les ranger ensuite à nouveau, les lampes reprennent leur forme originelle à plat.

 

En exposition à la boutique Issey Miyake Rue Royale

Photos Elodie Dupuis

 

 

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