
Coup de coeur pour un travail étonnant qui se profile dans le milieu de la mode et perpétue avec originalité la famille des créateurs et non celle des omniprésents stylistes.
Intitulée Escapism, la collection présentée à Paris fin janvier incarnait un époustouflant travail sur formes et volumes imaginé en collaboration avec un architecte et des techniques 3D. Autour du berceau de la créatrice, Stephen Jones signait les chapeaux et Rem D Koolhaas United Nude les chaussures (notamment un modèle très fermé, presque sabot à lacets déjà pour l’hiver dernier). Autour de l’idée de s’échapper de la réalité par différents procédés digitaux, virtuels, s’est construite cette étonnante collection en volumes. Volutes, découpes graphiques, construisent une vision baroque et futuriste de la mode. Les pièces blanches étaient en polyamide et travaillées au laser tandis que les noires, aussi en 3D imprimées sur polyamide, ajoutaient une finition laquée aux brillants reflets.


Hollandaise née en 1987 et diplômée d’Arnhem, Iris van Herpen a débuté chez Alexander Mc Queen à Londres et Claudy Jongstra (artiste textile spécialiste notamment de feutre) à Amsterdam avant de créer sa marque en 2007. Elle a présenté son travail aux Pays-Bas (et aussi à Londres) où elle a reçu plusieurs prix. Dans ses créations, elle mêle de précieuses techniques artisanales de savoir faire avec des innovations technologiques. Parmi ses différentes collections : Mummification en 2009, très anthropomorphique, se jouait de découpes anatomiques en volumes superposés. La silouette avec bustier doré ajouté fut portée par Lady Gaga. Crystallization, collection présentée à Amsterdam en 2010, donnait une vision spectaculaire d’un état entre le solide et le liquide, robes cascades, jaillissement d’eaux entraînaient la mode entre poésie et technologie autour de « l’idée de créer un vêtement d’eau comme un bain chaud flottant autour du corps. »

Le résultat est spectaculaire, proche d’une oeuvre d’art, mais néanmoins mode. Loin de l’ennuyeux facile à porter, cette mode emporte sur le territoire du rêve.
Iris van Herpen positionne son travail « à mi-chemin entre l’artisanat et l’innovation en termes de technique et de matières ». Pour réinventer le monde, la mode, elle combine « le savoir-faire et l’observation du passé à des concepts et des matériaux inspirés du monde à venir. »


Talent à suivre.


Photos Michel Zoeter