C’est ça la France ?

SAperLip0PETTE.

Shanghai, Exposition universelle, la France s’expose. Capitale de la mode, Paris peut-elle se reconnaître dans la salopette bleu, blanc, rouge que portent gentiment les jeunes Chinois qui accueillent les visiteurs ? Béret sur le coin de la tête, il ne manque que la baguette et le litron pour terminer la panoplie de l’image d’Epinal cocorico. Partenaire, Armor Lux s’est inspiré de l’élégance, « héritée de l’histoire maritime française ». Quelques créateurs hexagonaux n’auraient-ils pas pu donner un petit coup de crayon pour échapper au cliché ? L’exercice de l’uniforme n’est sans doute pas simple, seuls les militaires échappent parfois à la caricature où s’engoncent hôtesses d’accueil ou techniciens de surface.

Armor_lux_1-b2e6a-1

Pour son pavillon, l’Italie n’a pas hésité à choisir une de ses marques les plus connues et très pointue en création. Prada a conçu un tailleur assez strict et classique dans des tons de rose. Une touche de blanc et une pointe de gris en camaïeux pour une deuxième proposition de jupe complètent la tenue.

img-777

La Suisse a organisé un concours gagné par de jeunes étudiants de mode (école Head de Genève). L’inspiration mêle le style des costumes traditionnels transposés dans une nouvelle urbanité. Le tout dans le code couleur du drapeau : en rouge et blanc.Pour la tenue des guides, en noir et blanc, l’identité suisse est révélée par la présence d’un semis d’edelweiss sur la chemise !

WEISS_EDEL_accessoire_web-aea5bWeiss&Edel, (blanc et chic) M. Schneuwly et N. Mischler (Design mode, Head Genève)

Brrh chez les Norvégiens avec un uniforme inspiré du confort des anoraks, mais dans un rouge vif en hommage à la Chine. Baptisée +47, la collection reprend la terminologie du code indicatif téléphonique.

Du côté chinois, on est loin de la petite veste Mao. Les bénévoles sont en blanc et vert avec une touche de bleu, tandis que se profile en dessin le monde et la Chine (la grande muraille n’est-elle pas la seule oeuvre humaine qui se distingue depuis l’espace ?) avec pour emblème l’idéogramme du coeur. Pratique, l’uniforme s’adapte au temps avec manches et jambes amovibles.

37423

Le costume du pavillon chinois hybride l’Orient et l’Occident et se démarque du rouge omniprésent (et qui habille le grand pavillon chinois) avec le choix d’un bleu marine. Si les motifs plongent leurs racines dans la richesse de l’écriture et des idéogrammes, la planète n’est pas oubliée avec le choix de matières écologiques.

Si le paquebot (pavillon) France n’est pas désagréable à regarder et les jardins verticaux plaisants, c’est l’espace d’exposition lui-même qui manque de vision globale et se présente presque comme une foire commerciale où les sponsors montrent directement leurs produits (voiture, pneu, valise, cuisine…). Si bien sûr une exposition universelle ne peut s’envisager sans sponsors ; là, ils sont très présents. Dans la partie culture les sept chefs d’oeuvre du Musée d’Orsay semblent presque égarés. L’âge d’airain de Rodin serait devenu L’âge de bronze (une conséquence du voyage ?) ; une chance que l’Angélus de Millet ne soit pas devenu la prière !

14266

L’exubérante forme d’oursin du pavillon de la Grande-Bretagne pique la curiosité. L’idée du lieu est brillante : les 60.000 tiges d’acrylique qui composent l’architecture recèlent des graines, porteuses d’une nature en devenir. Des lumières LED ajoutent de l’éclat. Le lieu se complète par une collection de plantes. Une belle pensée pour la planète et mère nature.

Pavillon Anglais

Végétal, le pavillon espagnol est couvert à l’extérieur de panneaux en osier. L’intérieur se découpe en trois espaces mis en scène par trois cinéastes : Bigas Lunas (auteur de Jamon Jamon), Basilo Martin Patino et Isabelle Coixet. Le thème raconte la ville, de celle nos pères à celle de nos enfants. Dans une atmosphère d’Altamira, l’homme primitif s’éveille, danse le flamenco tandis que les taureaux passent et que Rafael Nadal monte au filet. Une deuxième salle orchestre un kaléidoscope d’images, mémoire des villes, d’un pays.  Dans la troisième, le temps est remonté jusqu’aux origines de la vie. Le petit Miguelin (Gullivero aurait été bien porté) grassouillet et charmant babille du haut de ses 6,5m de haut.

Pavillon espagnol 2

Pas vu la Belgique, mais merci pour le chocolat offert aux Chinois.

Ancré dans la révolution industrielle, le concept même des expositions universelles a eu du sens à ses origines. Tant que les voyages étaient longs et les technologies de communication balbutiantes, l’événement permettait des découvertes; mais aujourd’hui, avec un oeil occidental, le concept peut sembler un brin désuet. A l’échelle de la Chine qui s’est ouverte, l’exposition universelle de Shanghai a sans doute encore de la pertinence et permet aux Chinois de découvrir d’autres contrées. Mais il faut aussi que chaque pays privilégie la carte de la culture, de la civilisation et ne fasse pas de son pavillon une simple galerie marchande, les « malls » sont là pour ça.

Les commentaires sont fermés !

« »