FIAC et « mode »

 

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Dans le cadre de la FIAC, l’apparence est de mise. Pour les artistes, le lieu est une vitrine où la frontière entre corps et oeuvre s’estompe. Duo mimétique, Eva & Adèle arpentent toujours les allées du vernissage avec succès. Avec son corps modifié et sa coiffure bicolore, Orlan anime l’espace de sa galerie (Michel Rein). Cette année happening autour de la perception du niqab avec trois femmes déambulant vêtues de noir de la tête aux pieds, mais portant en étendard des sacs (proches de classiques Hermès dans leur forme) couverts de photos de dirigeants du monde, de migrants, de guerres… La condition de la femme et les rites de consommation mis en scène dans un cadre « politique ».

Femmes noires FIAC

Au-delà du jeu de l’apparence, quelques artistes travaillent des matériaux en lien direct avec les textiles, les tissus et parfois la notion de « mode » s’invite.

D’origine vietnamienne, Sung Tieu travaille à Berlin. Elle s’intéresse à la consommation, aux frontières du luxe. Questionnant le télescopage entre migrants et phénomène de mode avec Alien Refugee Collection, elle utilise comme matériau des sacs plastiques avec lesquels se trimballent souvent les migrants. Mais cet imprimé utilisé notamment par les « mechotchniki » en Russie pour transporter des biens de consommation a aussi parfois été récupéré par la mode (Céline notamment pour l’hiver 2013-14). L’artiste a choisi de confectionner des vêtements bien réels portés sur des mannequins anonymes, entre mode et réflexion sur la consommation et ses chemins de traverse.

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Pour les parfums, elle choisit de faux flacons, ersatz d’odeurs et jeux de mots opportuns sur des références iconiques. Les flacons sont mis en scène dans des natures mortes en relation avec le travail de photographes (re)connus. N°#1 Classic (D‘après Roe Ethridge), une appétissante et gourmande mise en scène.

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5th Century (D’après Wolfgang Tillmans) pose le flacon sur une surface brillante.

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Glamour sur papier glacé et surtout parodie second degré (les mots, les chiffres). Les codes du luxe sont joyeusement chahutés.

C The Artist & Galerie Micky Schubert Berlin. Photos Robert Glowacki.

Laura Lima, artiste brésilienne, crée des portraits en tissus avec des morceaux d’étoffes posés en compositions abstraites qui respectent la plupart du temps le « cadre » d’un tableau.

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Une autre partie de son oeuvre est un joyeux pied de nez au design avec sa série de sièges mythiques posés sur une carcasse de fauteuil roulant. Rietveld, Saarinen, Mackintosh, Le Corbusier… en version mobilité réduite… Réjouissante dérision.

laura-lima_cadeira-mondrianLaura Mima Mac

À la galerie A Gentil Carioca.

Sculpteur, Asta Gröting s’est intéressée aux Bourgeois de Calais de Rodin. Avec son oeuvre Un bourgeois de Calais. Le pied d’Eustache de Saint Pierre (le plus connu des prisonniers), elle réalise en bronze deux pieds, un doré l’autre argenté. À l’intérieur de la forme du pied se lovent des sneakers. Intérieur-extérieur, inversion des rôles ; du pied nu à l’accessoire de mode vintage en passant par une sculpture mythique.

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Galerie Carlier Gebauer.

Avec son oeuvre hybride, sa démarche constamment pop où elle utilise les matériaux les plus simples, les plus accessibles, Isa Genzken réalise des « sculptures ». Untitled utilise un mannequin pour composer une silhouette de manifestant (?) avec une tenue carapace et en étendard une photo de policiers en action.

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Galerie Hauser & Wirth.

 

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