N°19

 

S’il y a un troisième jalon avant que le parfum ne s’insinue professionnellement dans mon existence, c’est le N°19 (Chanel).

Le nom n’en n’est pas un, juste un sacré numéro ! J’ai une passion pour les chiffres, les nombres, le calcul, les mathématiques, le sudoku, le bridge… Nombre premier, le 19, associant le premier chiffre au dernier, devait me plaire (j’aime le chiffre 5 et j’admire le N°5, mais il n‘a jamais été « mon » parfum).

L’épure de l’étui noir et blanc, la simplicité chic du flacon dans le droit fil du N°5 ajoutèrent à son charme.

Et puis surtout s’imposa le parfum, une composition de Henri Robert. Après une éclipse de près de 40 ans en parfumerie, Gabrielle Chanel réussit à imposer le lancement d’un nouveau parfum qu’elle songea un moment baptiser Coco. Mais elle choisit de reprendre un numéro et de privilégier sa date de naissance au mois d’août, le 19.

S’il y avait déjà eu quelques parfums « verts » avec une bonne dose de galbanum (Vent vert de Germaine Cellier),  des créations d’Henri Robert s’étaient elles intéressées au muguet. Mais le N°19 a une signature particulière ; s’il a aussi des notes vertes avec le galbanum, des accents de néroli, de jacinthe, sa signature majeure est la présence d’un bel iris de Florence. S’ajoutent rose de mai, muguet et sillage boisé (cèdre, vétiver…).

Si l’eau de toilette est née en 1970, l’eau de parfum a été  ajoutée en 1988 avec en tête davantage de jacinthe et de l’ylang-ylang en coeur, une version plus capiteuse. En 2011 Jacques Polge imagine un N°19 Poudré, moins vert, mais très iris, il se termine dans la douceur délicate des muscs et mérite son joli nom de poudré.

L’iris me parle, l’iris me plaît. Au Japon, je me découvris un goût immodéré pour cette fleur dont j’apprécie les espèces les plus simples, pas tarabiscotées. Ma préférée (je rêverai de trouver des bulbes) est une variété japonaise d’une simplicité absolue ; seul un trait violet, presque calligraphique, laisse imaginer la fleur tandis que ses feuilles enserrent la trace des pétales dans une prison, « gangue » verte. Son nom aussi m’enchante : oreille de lapin (usagi no mimi) de la variété des Iris Laevigata.

Entre nature et poésie, un haiku de Matsu Bashô  (XVIIè s.) :

« I will bind iris blossoms round my feet cords of my sandals. »

Si le bel iris n’a pas vraiment d’odeur, c’est son rhizome qui livre à la parfumerie une de ses plus belles matières (et une des plus onéreuses).

 

Naissance : 1970

Papa : Guy Robert

Famille : Fleuri boisé vert

Genre : Féminin

 

Toujours disponible en parfumerie

 

3 décembre

= Le parfum de Claire

 

 

 

 

Un commentaire pour “N°19”

  1. Il sent le vert amer et souvent l’eau de pluie. Il peut être doté d’une particule mais on le nome aussi Black Night et j’ai un faible pour le pourpre profond Iris Germanica. Assez courant, la rareté comme beauté est surannée, il symbolise la présence de l’humanité. Speed King est son destin, métaphore d’une vie florale intense, éphémère et stérile. De sa naissance dans les tournoiements mystiques de la leslie au jaillissement du rhizome paré d’une armure végétale à la pointe de silex jusqu’à sa douloureuse et interminable déchéance. On explore ses tentatives sonores de séduction jazzy et tragique, sa force face à la tempête annoncée par le clairon de Blackmore. Il renait, toujours, paré de gouttes imbibées d’un soleil flamboyant qui font jaillir la chaleur pourpre des profondeurs d’une journée sans lumière. Il est d’une beauté outrancière, ciselée, violente et criarde. Je fais allusion à la version studio et non pas à une quelconque reprise teutonne ou Made in Japan. http://www.youtube.com/watch?v=pZchCrIqBME

    Naissance : 1970
    Papa : Blacmore / Gillan / Glover / Lord / Paice
    Famille : Métal

    Désolé.

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