Créatrice phare et discrète, Sybilla a grandi à Madrid où elle a ouvert son atelier en 1983. Son nom demeure associé à la dynamique movida hispanique. Poétique et délicat, son style « baroque » a marqué de son empreinte la création des années 80 et 90, tout comme en Italie Roméo Gigli. Palette de couleurs sourdes et raffinées, un zeste d’humour (manteau à col chat, haut de maillot en grappes de raisins), travail de plissés, de bouillonnés, formes boules, cocons…, son vêtement enveloppe avec bonheur le corps.
Elle défile à Milan, à Tokyo et son univers est mis en images par Javier Vallhonrat. Après quelques années de gloire internationale, elle a continué plus discrètement en Espagne avec du mobilier et des chaussures, mais est demeurée très appréciée au Japon. Elle a aussi collaboré à plusieurs reprises à la création de costumes pour des spectacles de Blanca Li.
En 2015, elle revient sur la scène parisienne avec une très jolie collection pour l’hiver. Laine bouillie pour robes et manteaux cocon. Le noir vibre d’éclats de rouge et de blanc cassé. Dégradés de couleurs qui s’estompent, se fondent, se délavent. Photographiée sur un mannequin asiatique, sa collection semble en résonance avec le pays du soleil levant.
Le style poétique de Sybilla a conservé tout son charme.
lire le billetFondée en 1613, la maison Mellerio dits Meller a choisi le couturier Alexandre Vauthier pour imaginer une collection de joaillerie en 2015, année anniversaire des 200 ans de l’installation de la maison rue de la Paix.
Pour Alexandre Vauthier, cette collection est la réalisation d’« un rêve d’enfant ». En regardant les riches archives de la maison, le couturier s’est intéressé notamment à une série de broches du XIXe siècle et à un bracelet architecturé des années 70. Il a ensuite dessiné une collection de quatre pièces de haute joaillerie et trois de joaillerie. En vedette resplendit l’émeraude, à la fois pierre fétiche de Mellerio dits Meller et appréciée par Alexandre Vauthier. Entouré de diamants, le vert lumineux resplendit avec éclat. Dans ces bijoux souples, mobiles et transformables, se dessine une esthétique épurée à l’architecture géométrique où se découvrent en maillons des V (initiale du nom du créateur) qui se terminent en M (Mellerio). La boucle d’oreille mono, en solitaire, peut devenir clip ou compléter un sautoir.
Une collection architecturée, en escalier, art déco d’une nouvelle modernité graphique.
Photo mannequin C Mathieu Cesar
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Un parfum, Acqua di Gio, des objectifs caritatifs et un volet culture tel est le trio gagnant autour de Giorgio Armani. Dans le cadre de Paris Photo, une sixième édition de l’exposition Acqua a présenté une sélection d’oeuvres photographiques en lien avec cette thématique que le parfum Acqua di Gio (L’Oréal) soutient depuis de nombreuses années via Acqua for life.
La sixième édition se dessine autour du thème « Reflection on water », un jeu de lumières et de réflexion laissant place à la rêverie au fil de l’eau.
-Dimension poétique des installations de Noémie Goudal dans la majesté de vrais paysages. Avec sa série d’Observatoires, (The Geometrical Determination of the Sunrise, 2013), elle compose des bâtiments d’architectures, géométriques aux allures de bunkers, créés à partir d’éléments photographiques posés sur des plaques en 2D et ensuite rephotographiés dans le cadre d’un paysage où s’observe alors un jeu de perspectives. Avec Observatoire X se dessine une île improbable et géométrique, mirage de château de béton, bunker poétique entouré d’eau troublante. (Ci-dessus)
-Photographe américain né en 1985, Joseph D. Jachna travaille des paysages en les perturbant, utilisant les miroirs, jouant sur les réflexions ou insérant aussi son corps à certains de ses clichés (en ombre portée). Blurred Waterscape II est un de ses paysages aquatiques.
-Diplômé du Savannah College of Art, Jory Hull a une démarche quasi pop en se penchant sur les objets du quotidien. Passionné de courses, il a réalisé nombre de clichés autour de détails de voitures de compétition. Sa Composition 0496 (Série Flyover State) représente une étendu d’eau vue d’avion où la surface est devenue une quasi abstraction.
-La photographe américaine Lois Conner a réalisé un travail en Chine depuis les années 80 autour de l’univers des jardins. Un décryptage poétique en relation avec la politique du pays. Passé, présent, tradition, esthétique des paysages chinois. Un superbe travail en noir et blanc. Xi Hu dessine une étendue d’eau semée de lotus fanés, pliés. Le temps passe, la nature s’étiole, mais va revenir…
Et aussi Helena Almeida, Lucien Clergue, Lee Friedlander, Gaspar Gaparian, Pierre Gonnord, Risaku Suzuki, Debra Bloomfield, Dolores Marat.
L’opération Acqua for Life travaille avec Green Cross International notamment pour l’aménagement de puits et l’accès à l’eau potable dans différents territoires du monde. Les ventes des parfums Acqua di Gio participent à cette action chaque année.
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Pays du matin calme, la Corée est de plus en plus présente sur la scène de la création. Au travers de multiples aspects, artisanat, design, mode… , le Musée des Arts Décoratifs rend hommage à sa culture dans l’exposition Korea Now !
Si le Japon a, depuis des décennies, eu les regards tournés vers sa mode, son design, son architecture, la Corée est désormais aussi source d’inspiration. Certaines techniques artisanales sont communes aux deux pays ainsi le papier de riz ou la céramique. Un goût pour l’épure, la simplicité se retrouve dans ces deux pays d’Extrême-Orient. D’une ancienne tradition toujours vivace à aujourd’hui, créateurs et artisans insufflent un nouvel élan créatif puissant. Des techniques de laque (ott-chil) sont réinterprétées et travaillées dans de nouvelles couleurs (jaune, vert…). Le papier Hanji éclaire l’ombre avec ses luminaires. La nacre Najeon vient décorer de menus objets. En céramique le traditionnel céladon (en Corée dès le Xe siècle) et son exquise couleur vert pâle est toujours prisé. La porcelaine blanche (née à la période Joseon dès le XIVe siècle) est aussi travaillée de façon contemporaine.
Les objets en bambou, la cérémonie du thé,… Le graphisme déploie des trésors d’invention autour d’un alphabet inventé au XVe siècle. Imaginé de façon scientifique et pour rendre l’écriture accessible, le hangul identifie le pays et se mêle au geste calligraphique.
L’espace consacré aux bijoux contemporains est particulièrement extraordinaire tant les créations sont originales. À mentionner : KWON Seul-gi et MOON Choon-sun qui travaillent le plastique et la silicone notamment.
La thématique « Cinq couleurs dans la mode coréenne » dessine le paysage de la mode. Si le noir et le blanc s’assimilent au yin et au yang, cinq couleurs répondent aux cinq éléments : bois, feu, terre, métal et eau. Du côté de la mode, le vêtement coréen traditionnel s’incarne avec un modèle iconique, le hanbok, une longue robe ample, évasée (ou jupe) et une veste courte ponctuée d‘un noeud. Pierre Loti en 1901 disait : « D’ailleurs dans toute cette bizarrerie de costumes, on ne sentait ni l’influence ni de la Chine, ni du Japon, les deux redoutables pays voisins ; non, c’était quelque chose de très à part, ayant germé ici même entre ces montagnes, au pied de ces amas de pierrailles grises ». De ce vêtement découle une esthétique de volume, d’ampleur et aussi de distance entre l’enveloppe et le corps. Déjà dans les années 80 plusieurs créateurs de mode ont mis la Corée sur le devant de la scène à Séoul. Une première génération instillait une esthétique raffinée avec une légèreté dans le choix des matières et une palette de couleurs souvent sourdes. ICINOO a travaillé des matières plus contemporaines comme le plastique et a imaginé des imprimés quasi futuristes. LEE Young-hee travaillait le hanbok en lui donnant une touche contemporaine. Dans le parcours de l’exposition, les couleurs sont dévolues aux créateurs. JIN Te-ok avec ses formes droites est sous la présence du blanc (sacré, pureté) avec ses jeux de transparence et ses superpositions. LIE Sang-bong s’intéresse au chamanisme, aux missionnaires et travaille notamment la puissance de la couleur rouge considérée comme capable de chasser les mauvais esprits.
Jaune d’or (noblesse et digité) pour André KIM et l’opulence de ses costumes d’apparat.
Le bleu (intégrité et honnêteté) pour JUNG Wook-jun avec sa marque Juun J. et ses audacieuses mythologies urbaines dans des couleurs vives.
Les plus belles réussites en mode sont souvent le fruit d’une hybridation réussie entre la tradition d’un pays et l’air du temps de la période de création. Jonglant entre Orient et Occident, une jeune génération en Corée réussit aujourd’hui cette hybridation.
Une maison coréenne Hanok à l’esthétique du vide complète la délicieuse sensation d’harmonie que véhicule une très belle exposition.
– Yun Sang Hee Collier, attaque de cornes vertes. C Munch Studio, Heo Myung Wook
-Chung Hae-Cho. Au rythme des cinq couleurs.
-Soh Eun-myung. The lines.
-SEO Jeong-hwa Banc avec table d’appoint, C DR
-Kim Young Jin
-LIE SANGBONG
-André KIM
Juun.J. En collaboration avec Alex et Felix
Juin J. En collaboration avec Rob Ryan
DR
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Si déjà Grasse avait son musée du parfum, Paris a désormais le sien, dû à l‘initiative de la maison Fragonard. Ouvert à tous, le musée conte l’histoire du parfum et explique les différentes étapes de sa fabrication.
Lieu chargé d’histoire en plein coeur de Paris, l’Eden Théâtre d’esprit orientaliste devint le Grand Théâtre et même manège vélocipédique (des traces du parcours sont toujours présentes). De vélodrome, le lieu est devenu show-room de mobilier anglais, Maple & C, jusqu’en 2014. Réaménagé tout en respectant l’esprit du lieu par l’architecte François Muracciole qui a notamment fait conserver les moulures en stuc, le musée s’orchestre entre passé et présent.
Dans les vitrines sont mises en scène les étapes majeures de l’histoire du parfum depuis l’antiquité avec son berceau en Egypte, la Grèce, le Moyen-âge, la Renaissance, les grands siècles jusqu’à aujourd’hui. Des documents, des objets, des illustrations (le mythique habit du parfumeur, un graphique de pyramide olfactive…). Des instruments comme un alambic, des plaques d’enfleurage en cire pour capturer les odeurs des fleurs, l’orgue du parfumeur…
Mais aussi des animaux empaillés pour figurer les notes animales. Tout un univers est ainsi donné à voir et à comprendre. Du passé à la parfumerie moderne, au luxe en passant par l’industrialisation.
Des vitrines de flacons avec les plus belles ou les plus emblématiques réalisations de la parfumerie moderne et contemporaine. Redécouvrir Schiaparelli, Guerlain, Worth, l’exquis Gollywoog… Sans oublier la collection d’étiquettes de parfums. Une jolie plongée dans le parfum et ses arcanes.
Visite guidée obligatoire et gratuite (deux formats de durée).
C Benjamin Chelly
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