Masculin-féminin. Entre austérité quasi monacale et élégance parfaite se dessine la collection d‘Haider Ackermann. Une gamme de couleurs sourde, sobre (autour du gris : ardoise, souris, taupe et marron, noir)… habille les silhouettes longilignes. Le long, le très long est à l’honneur. Pulls à manches démesurées. Sweats revisités, touches de fourrure (renard). Pantalons lézard brillant. Pied-de-poule grand format marron et noir, aussi travaillé dans le biais. Petites épaules tombantes. Quelques ouvertures sur le corps, subtiles. Pour le soir, exquise variation entre noir mat et satin brillant pour longue robe dans l’esprit duel du smoking. Une très belle collection.
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Noir c’est noir. Variations autour d’un même thème, d’une non couleur obsédante, jonglant entre brillant (niger) et mat (ater). Le noir est mis. Douceur du velours, laque des vinyles, mais aussi rugueux, reflets irisés, broderies, paillettes, sequins, fourrure… Les textures s’imbriquent dans une architecture complexe. Assemblage à partir du cercle, déconstruction en patchwork, asymétrie, superpositions, juxtapositions… Des ronds, des volants, empiècements géométriques. Juste une touche de blanc, en contrepoint.
Du cercle naît un monde de ténèbres unissant transparence et opacité.
La cape tourne en rond, se redécouvrent duffle-coat et blouson. Le cercle devient cylindre et boudine la doudoune.
Les anneaux concentriques se décentrent. Carrés, rectangles, collage cubiste monochrome. Et si le noir n’est plus LA couleur de la mode, la collection de Junya Watanabe le remet à l’honneur dans un magnifique champ du signe.
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Sur la route de l’élégance, de l’architecture, Raf Simons conduit Christian Dior. Masculin-féminin, le tailleur pantalon s’anime du souvenir de la femme fleur originelle.Pour cette collection, le créateur a imaginé : « Une femme au pouvoir et à l’énergie affirmée ». Construction, rigueur (avec parfois une asymétrie maîtrisée), dans un esprit urbain au rythme de cités en mouvement. Détails de revers , boutons de corne, vestes croisées, double boutonnage. Un côté strict dans une sobre palette.
Le costume masculin bascule vers la féminité et se signe d’un laçage de corset qui, de son écriture serrée, surligne sur le côté vestes, robes et manteaux.
Volants asymétriques, manches courtes. Bi-robe jouant les contrastes, effet chasuble, harmonies bicolores : coquelicot et bleu, rose et vert…
Tissu gaufré, souvenir du cannage historique de la maison.
Pour le soir, effets de transparence et broderies.
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Dans le cadre du Palais de Tokyo, les barricades donnent le ton au défilé de Julien David avec une paire de sculptures d’Aaron Young, barrières de protection couverte d’or 24 carats. Une inspiration de Karlheinz Stockhausen pour une collection autour d’un streetwear revisité. Un travail sur les matières ainsi le tissu plaqué sur le corps dessinant des volumes. Jeux de transparence et d’opacité avec la construction géométrique et asymétrique d’une robe.
Le noir est mis, majeur ou parfois en arabesques sur fond blanc, mais quelques imprimés colorés. Zips, élastiques, inspiration streetwear, décontractée. Grandes capes.
En accessoires, petit chapeau demi cloche découpée, attaché comme une casquette visière à l’arrière ; sautoirs des villes et chaussures compensées.
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Ode à la nature et plongée dans la forêt chez Issey Miyake. Inscrits dans la structure même du tronc, les anneaux de croissance (la dendrochronologie peut ainsi dater les arbres), par leur forme circulaire, se retrouvent dans l’esprit des robes. Porteurs d’une demi-lune colorée et mystérieuse, les mannequins s’avancent. Quand l’objet s’ouvre, apparait un rond de cercles concentriques qui se déploie et devient robe « lampion » tout en bougeant, sautillant comme un ressort. Un procédé de plissage circulaire réalisé manuellement et des techniques tissage 3D viennent évoquer le cycle du bois. La palette opte pour des couleurs de forêt.
Du mouvement et de la liberté. Superpositions, relief des matières, nature et technologie (l’utilisation du « steam stretch » , une technique ou la chaleur de la vapeur vient donner la forme aux vêtements). Des imprimés à effet vitrail. Une forêt enchantée, arbres en marche. Yoshiyuki Miyamae a trouvé l’équilibre entre le respect d’un style et sa propre signature.
À noter le son en live avec une performance d’Ei Wada et de son curieux instrument de musique et la voix de la chanteuse Chiyako.
lire le billetTalent incontesté de la mode, Hussein Chalayan est un des rares à travailler avec une vision futuriste et contemporaine du style. Pas de technologie visible et spectaculaire cette saison, mais toujours un travail sur la coupe très architecturé, construit dans les formes. Jeux de zips, effets drapés. Apparence stricte, mais raffinement de détails. Mélange de matières. Épaules tombantes. Fourrure à enroulements drapés.
Imprimés avec effet optique noir blanc « pixellisé ». Maille à grands motifs géométriques, rouge, gris, noir.
Tissu noir traversé de plages de couleurs vives, effet vitrail, superbe matière.
Spectaculaires robes avec motifs d’ongles vernis posés sur le devant de la robe.
Une belle collection.
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Succéder à Ann Demeulemeester est le challenge qu’a relevé un trio de créateurs : Sébastien Meunier, Mirjam van den Akker et Patrick van Ommeslaeghe. Pour cette collection, ils ont choisi le respect des codes établis en une vingtaine d’années de création par Ann Demeulemeester (issue de ce qui a été appelé le groupe des six en Belgique). Se retrouve le style de la maison avec les robes fluides, les vestes intemporelles, les lanières, les jeux de drapés et une allure déterminée. Oeuvre au noir tout le long de la collection et une touche de blanc, en contrepoint. Le souvenir de la maison plane, mais manque sans doute une touche de rock‘n roll. À suivre.
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Oh Candy Candy ! So sweet l’explosion de couleurs chez Manish Arora. Confiserie à foison, cupcakes en vitrine, crèmes glacées géantes, donuts et cerises sur gâteau en apesanteur. Ses nomades partent en vadrouille, sacs à dos fantaisistes, pompons sur la tête et bouteille thermo à la taille.
Exotisme des influences du folklore de costumes péruviens, de pantalons de travailleurs chinois et l’Inde, toujours. Toutes les cultures se métissent dans un monde de fantaisie. Motifs de fleurs sinisantes, inspiration de « calendrier de l’avent », les imprimés sont exubérants…
Les nouvelles bohémiennes de Manish Arora sont aussi équipées de LED lumineux, la technologie a droit de cité. Parmi les matières, un doux nylon waterproof. Sans oublier les détails de broderies qui toujours viennent enrichir la mode du créateur indien. Bijoux de main. Une débauche de rose, turquoise, bleu, vert,… Happiness therapy. Bon, très bon.
J’achète une cape nylon imprimée et bien d’autres choses.
Photos Yannis Vlamos
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Coup de coeur pour la collection d’Undercover, le label de Jun Takahashi. Dans une étrange cour des miracles, les reines d’un soir défilent, couronnes de cheveux tressées sur la tête. Manteaux d’apparat, insignes écharpes du pouvoir… Des drapés, des enveloppements. Parfois issus d’une garde-robe sportswear, les vêtements sont anoblis par les matières, les associations, les imprimés. Sur les pantalons surgissent des rubans en décoration, parfois à motif de tartans, claniques. Détail d’or, broderies, fourrure. Stylisme exquis. Les longs foulards s’enchevêtrent dans les ouvertures, les poches. Trench court et enroulement de foulards. Doudoune matelassée avec enchevêtrement de fourrures. Écharpe oblique pour tenue royale. Chassé-croisé de foulards, motif de toiles d’araignées, de décorations (militaires). Superbe manteau inspiré d’un caban, mais enrichi de brandebourgs dorés. Total looks « monochromes », rouge, bleu, blanc. Toile de Jouy, imprimé faïence de delft, fleurs…
Costumes d’apparat dans un magic kingdom aux regalia de fantaisie.
Quand la mode est encore une histoire de création.
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Première collection pour Alessandro Dell’Acqua chez Rochas. Le créateur s’est plongé dans le patrimoine de la maison et a imaginé une femme « entre le romantisme et le noir », privilégiant une silhouette en A. Des volumes amples (jupes à plis, volants) pour un stylisme composite de longueurs différentes et d’opposition de styles. Richesse de matières quasi couture avec les broderies, des détails luxueux, gants de cuir rebrodés. Autour du noir, une palette étendue entre la délicatesse des roses, la chaleur du camel, la légèreté du bleu ciel.
Grand manteau à fleurs pop.
Incrustation de pierres, strass, opulence des tissus. Cuir brillant façon vinyle.
Certains tops oversized. Soir en superposition.
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