Papesse historique de la mode, Diana Vreeland a sa figure indissociablement associée aux grandes années du Vogue US. Passionnée, elle demeura toujours capable de découvrir les nouveaux talents qui allaient marquer de leur empreinte la mode. Née en 1903, elle débuta au Harper’s Bazar avant de diriger le Vogue US (de 1962 à 1971) puis de devenir consultante pour le Costume Institute du Metropolitan Museum.
A Venise lui est consacrée une exposition dans le Palais Fortuny, délicieux endroit un peu poussiéreux dédié au couturier. Mariano Fortuny connut son heure de gloire avec ses robes de soie (à son nom) finement plissées ainsi le modèle Delphos (hommage à l’aurige de Delphes).
Figurent dans l’exposition quelques très belles pièces de Balenciaga, Chanel, Saint Laurent,… mais manque sans doute l’exubérance que l’on ne peut s’empêcher d’associer à Diana Vreeland. Quelques touches de fantaisie s’expriment avec un cheval en tissu, un paon empaillé…
Un manteau de deuil imaginé par Henri Matisse pour Diaghilev et son Chant du Rossignol, magnifique travail en noir et blanc inspiré d’un motif de daim (longévité en Chine), est mis en scène avec une peau de zèbre, étoffe du diable façon savane. Souvenir de safaris de la mère de Diana Vreeland en Afrique, la Belle époque, les cérémonies, les rayures… en noir et blanc. Ces quelques éléments participent un peu à l’esprit de décontextualisation qu’avait apporté Diana Vreeland à la mode.
S’exprime aussi le vert, pas une exposition de Diana Vreeland sans « vert ».
« A melange of plants, greens, gay greens, clear, faded ; and poison greens »
Japonisme et chinoiserie rendent hommage à l’Orient et à une mode sous influence de formes, de motifs, de couleurs.
Les robes Mondrian d’Yves Saint Laurent sont elles montrées comme Diana Vreeland avait choisi de le faire, à plat, à la façon d’une oeuvre d’art.
Veruschka Photo Irving Penn
L’espace dévolu aux couvertures de magazines, séries de mode, de beauté suscite un sentiment de nostalgie pour une période où la mode était mise en valeur et où les magazines féminins ne sombraient pas dans la « pepolisation » à outrance, le pratique à tour de bras et les maquettes surchargées d’infos kleenex.
Twiggy Photo Bert Stern. Photo Irving Penn. Lauren Bacall Photo Louise Dahl-Wolfe
La catalogue est passionnant avec photos, dessins et citations.
September 16, 1968
Re : SERPENTS
Don’t forget the serpent…
The serpent should be on every finger
And all wrists and all everywhere…
The serpent is the motif of the hours in jewellery…
We cannnot see enough of them…
I adore artifice, but I also adore perfection.
Aujourd’hui à Venise, un lieu que Diana Vreeland associait au paradis, devisant avec Andy Warhol à l’ombre bienveillante des lions de la Place Saint Marc, l’exposition lui rend hommage, jusqu’au 25 juin.