Incontournable fleur associée au 1er mai, le muguet est aussi parfum. Rebelle, le muguet n’a jamais donné son odeur pas les procédés classiques de distillation, mais il est possible de la recomposer chimiquement. Parmi les quasi solifores : Muguet des bois (Coty en 1941), Muguet du bonheur (Caron, 1952), Diorissimo (Dior, 1956), Le Muguet (Annick Goutal, 2001). Chez Penhaligon (1976) fleurit le muguet sous son poétique nom anglais, Lily of the Valley. Transposé directement en français Le Lys dans la vallée est une oeuvre de Balzac dont le César Birotteau, paru en 1837, a pour héros un parfumeur.
Chez Guerlain, le muguet est devenue une tradition qui joue sur l’éphémère. Chaque année le muguet est revisité et mis en vente une seule journée, veille du 1er mai, dans les boutiques Guerlain. Composée par le parfumeur maison Thierry Wasser, l’édition 2012 entoure le muguet de lilas, de rose, de jasmin… dans le flacon quadrilobé, iconique de la maison. S’ajoute au col un bijou de la maison Gripoix en pâte de verre et chaînette dorée. Une édition limitée de 1345 flacons numérotés.
Chez Christian Dior dont la première collection s’appelait Corolle avant de devenir, via la presse américaine, New Look, la fleur a toujours joué un rôle depuis le jardin du couturier à Granville. Fleur préférée de Christian Dior, il la faisait coudre en doublure de ses robes. Diorissimo incarne le parfum maison consacré à cette fleur dans un bouquet rose, jasmin, fleur d’oranger, ylang ylang. En 1954 se dessine la ligne muguet. Un modèle de robe de 1957 évoque la fleur, organdi blanc, guirlandes de clochettes…
Un hommage au passé en attendant le futur qua va écrire Raf Simons.
Mode et parfums célèbrent le muguet du joli mois de mai.
« Le temps du muguet ne dure jamais
Plus longtemps que le mois de mai »
Francis Lemarque
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Icône de la mode, Madonna l’est déjà depuis le film Recherche Susan désespérément (1985) où elle affichait un look de gentille punkette avec ruban dans les cheveux. Si ses vêtements jouaient le volume des années 80 s’ajoutait un côté gothique légèrement ténébreux avec crucifix, bracelets, colliers, breloques et mitaines plongeant dans le noir.
Avec Jean Paul Gaultier, Madonna a joué la provocation de seins obus, de corsets lacés… pour le Madonna Blonde Ambition Tour. Avec son chapeau de cow-boy, la panoplie s’était assagie.
Pour son retour en 2012, la Madone revient avec un nouveau look aguicheur à découvrir en pochette de son disque. Si le soutien-gorge pigeonnant donne à voir une poitrine rebondie, Lady Madonna s’enroule les bras d’effets de plumes. Signé Alexandre Vauthier, le boléro est un vêtement d’une collection couture (Hiver 2011) du créateur qui a été réalisé avec la maison Lemarié, plumassier à Paris. Avec son truc en plumes (de nandou), la Madone associe des effets de mousseline de soie pour l’envol de la « Girl Gone wild » sous l’oeil de Met & Marcus.
Mais, pour sa prochaine tournée, World Tour, c’est Jean Paul Gaultier qui signera à nouveau les tenues.
Le 23 avril voit le lancement en France du premier parfum de Madonna (développé avec Coty) : Truth or dare (équivalent de « action-vérité » pour les amateurs de jeux). Ce titre fut aussi utilisé pour le documentaire In bed with Madonna en 1991. Pour cette création, la chanteuse a choisi d’évoquer le souvenir du parfum de sa mère : « Elle sentait le gardénia et la tubéreuse. Un mélange envoûtant. Féminin et mystérieux. J’ai eu envie de reproduire ce parfum, en y ajoutant quelque chose de frais et de neuf…. de sincère et d’audacieux à la fois. D’où son nom. » Signée Stephen Nilsen (Givaudan), la fragrance joue la floralité de fleurs blanches avec un sillage affirmé sur fond ambré, musqué et vanillé. En vente dans les parfumeries et non en grandes surfaces comme de nombreux parfums de stars.
Parmi les succès de stars, brillent le Passion de Liz Taylor ou, plus récemment, les parfums de Jennifer Lopez.
Sur tous les fronts, Madonna a également réalisé W.E., l’histoire de Wallis Simpson, autre icône de mode, présenté à Venise en 2011 et qui sortira à Paris le 9 mai.
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White Drama est juste le thème d’une collection, mais quelle collection ! Pour le printemps-été 2012, une variation sur un même thème autour d’une seule couleur dans toute la diversité de ses teintes, de ses gammes allant du blanc immaculé au blanc jaune en passant par l’ivoire. Des matières mates, d’autres brillantes. Des formes baroques et extravagantes dont la silhouette se chapeaute d’improbables coiffures exubérantes et délirantes, moulées d’expansion de plastique, d’ « ouate ». La place du défilé dans l’univers de la mode est celle du rêve, l’ajout d’ingrédients, comme les coiffures et le maquillage, participe à une forme de mode totale qui l’élève et l‘empêche de sombrer dans le quotidien. Chez Rei Kawakubo pour Comme des garçons, le défilé est un tout où chaque élément du puzzle joue un rôle important.
Pour ajouter à la présentation de l’exquise collection White Drama dans l’exposition, les modèles ont été placés dans des bulles de plastique, un dispositif à la fois loin et proche avec cette distance symbolique matérialisée dans du plastique. On songe aux photos de Melvin Sokolsky qui avait suspendu ses mannequins dans des bulles. Ici les bulles sont des tentes et rassemblent plusieurs modèles. L’oeil pétille.
Le choix du blanc et de sa symbolique renvoie à des tenues de cérémonie qui marquent les passages de la vie : baptême, communion, mariage, voire mort dans certains pays. Le travail sur les volumes est extraordinaire, souvent complexe, les différents blancs se côtoient, s’opposent, se complètent, se heurtent. S’ajoute un travail de broderies, dentelles, de détails floraux, de noeuds, le développement de formes de cocons, volumes étranges, excroissances, prolifération. Capes hiératiques, vêtements cages, jeux de transparences, enveloppements, chenilles …
La création à l’état pur.
Cite de la mode et du design. Jusqu’au 7 octobre.
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Noir c’est noir, c’est autour de cette couleur que s’est dessinée l’exposition consacrée à Cristobal Balenciaga (1895-1972). Passionné de mode, le couturier avait assemblé une collection que sa famille a légué au Musée Galliera. Habits du passé, des XVIIIe et XIXe siècle, avec les structures rigides comme les baleines qui maintenaient avec élégance le corps des femmes. Dans un style hispanisant, des boléros de velours, mantilles de dentelles, costumes de danse… Ces pièces du passé sont présentées avec les modèles du couturier, célèbre pour son sens de l’architecture du vêtement.
Robe du soir A/H 1967
La scénographie reproduit l’esprit des réserves du musée Galliera avec ses « compactus », mobilier pour archives, avec ses tringles, ses tiroirs où les objets sont à l’abri. Dans une sorte de musée imaginaire de la mode, le visiteur découvre, comme un privilégié, les pièces que le couturier aimait, qui l’intéressait et celles qu’il a créées.
Vêtements de la vie de tous les jours, robes d’apparat, mais aussi costumes régionaux, habits religieux, mémoire de vies passées. Pour la partie couture, des dessins, croquis, et aussi les fameuses capes de Balenciaga, ses manteaux à volumes, ses robes d’une élégance absolue…
Collection Balenciaga Taffetas surpiqué
Des mises en parallèle, des points de rencontre… Ainsi un boléro de passementerie du début du XXè siècle et un ensemble de Balenciaga de 1949 avec une petite veste façon boléro sur robe drapée. Ou encore des détails de broderie (maison Hurel pour Balenciaga) et la broderie d’une veste d’un ballet andalou.
Balenciaga 1943 Boléro d’homme. Espagne XIXé s.
Coll. Balenciaga. Entrelacs de passementerie et perles de jais.
Mais, noir c’est noir, passe un joli voile de mélancolie.
Les Docks Cité de la mode et du Design Jusqu’au 7 octobre.
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Pendant les travaux, les expositions continuent. Le musée Galliera dont la réouverture est prévue pour 2013 a choisi, avec son conservateur Olivier Saillard, de présenter deux expositions hors les murs dans la Cité de la mode et du design, les Docks. Avec ces deux expositions et des espaces dévolus à des créateurs, des boutiques, l’étrange « haricot vert » en bord de Seine, qui abrite depuis plusieurs années l’IFM (l’Institut Français de la Mode), prend ainsi vie.
Au programme : deux grands noms de la mode et deux non couleurs : le noir et le blanc. Avec Balenciaga et le choix du noir, la mode tisse des liens forts et précieux avec la couture et plonge dans un riche passé. A côté, le blanc, ou plutôt les blancs de la collection de Comme des garçons White Drama présentée pour le printemps été 2012, offre la vision d’une mode radicale et hautement créative.
Deux noms majeurs et un choix de parti pris de création.
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La nomination d’un successeur à John Galliano, plus d’un an après son départ dramatique, se précise. Facebook, tweeter se sont emballés ce lundi de Pâques autour d‘une information qui était non officielle. Cathy Horyn du New York Times tweete : « Raf Simons to take over at Dior » le 9 avril à 18h17.
Suzy Menkes, papesse de la mode pour The International Herald Tribune, écrit : « The Belgian designer Raf Simons is expected to be named Tuesday as the next artistic director of Christian Dior ». Un commentaire de Raf Simons, joint par téléphone, est ajouté : « It is one of the ultimate challenges, and a dream to go to a place like Dior, wich stands for absolute elegance, incredible feminity and utter luxury ».
En attendant l’épilogue officiel, on ne peut que saluer le choix d’un vrai talent de mode.
Créateur belge de la deuxième génération, Raf Simons a créé sa marque en 1995 en débutant avec des collections masculines. Tout en continuant ses propres collections, il est devenu le directeur artistique de Jil Sander à partir de 2005. Il a fait pour la marque un travail remarquable en termes de création et aussi avec de très belles campagnes publicitaires ainsi celle du printemps-été 2012 aux allures cinématographiques et aux accents quasi surréalistes. Le créateur avait annoncé à Milan son départ de la maison Jil Sander après son défilé de la collection automne-hiver 2012.
Il était libre, Raf.
Chez Dior, un communiqué confirme. Raf Simons devrait débuter par une collection de couture en juillet et sera aussi responsable du prêt-à-porter et des accessoires. Pour la maison, il sera la réponse au style Dior s’ancrant dans ce siècle : “Il va inspirer et propulser dans le 21ème siècle le style que Monsieur Dior a lancé depuis l’ouverture de sa maison et qui a changé, dès sa première collection, les codes de l’élégance mondiale“.
Le nouveau créateur commente : «Je me réjouis de rejoindre cette grande maison. Monsieur Christian Dior a toujours été pour moi le plus grand des couturiers. La maison Dior est le symbole de l’élégance absolue. Son savoir-faire unique m’inspire un profond respect. Je mesure l’honneur et la responsabilité qui me sont donnés aujourd’hui de diriger la création de la marque française la plus célèbre du monde. »
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Sous le titre de « tissé non tissé » sont confrontés, à Venise, des vêtements de la fin du XIXè siècle et du début du XXè siècle à des créations contemporaines, « vestimentaires », dans un vocabulaire de matières hors champ textile traditionnel.
L’idée de tissage a composé la trame de la mode depuis la nuit des temps jusqu’au XXè siècle. De nouvelles perspectives ont vu notamment le jour dans les années 60 avec les créations de Courrèges, Paco Rabanne, utilisant plastique, vinyle, métal… Mais ces matières conservent souvent une allure de laboratoire. Seul le non tissé proche du papier eut son heure de gloire notamment aux Etats-Unis à la fin des années 60. Pourtant les possibilités qu’offrent ces matières sont infinies. Tout comme en art, la toile, le canevas, laissent souvent la place aujourd’hui à d’autres supports et au concept d’installations…, la mode pourrait aussi s’ouvrir à d’autres territoires. L’exposition de Venise donne des pistes, met en scène des réalisations, mais ne va pas jusqu’à une possible réalité d’une mode prête à porter. Les modèles sont d’ailleurs plus des oeuvres de plasticiens que travail de couturiers ou créateurs de mode.
Franco Costalonga utilise le PVC et compose aussi des structures mobiles, façon « tubulures » ondulées.
Nadia Costantini découpe ses formes au laser, pratique des « torsions » pour, au final, créer des silhouettes recomposées de rubans.
Gea d’Este utilise le latex, l’acétate, la colle, les résines pour des vêtements de métal et aussi des installations sur le sol, jeux de matières où se découvrent plis et courbes.
Claudia Stener ajoute la poésie à ses installations ainsi une magnifique paire de mains en céramique au repos sur un lit, entourée de noeuds papillons. Ou encore une autre main tenant un oeuf et un enchevêtrement de fil rouges surgissant d’un autre oeuf, brisé. Mode attachée à un fil.
L’exposition unit mode et art dans une dimension technologique de matières et ajoute, par la confrontation aux robes d’antan et par le choix du lieu (un palais vénitien dont les salles ont aussi conservé leur rôle d’habitat ainsi les salles de bain), une délicieuse dimension poétique.
Musée du Palais Mocenigo. Venise. Jusqu’au 6 mai.
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Papesse historique de la mode, Diana Vreeland a sa figure indissociablement associée aux grandes années du Vogue US. Passionnée, elle demeura toujours capable de découvrir les nouveaux talents qui allaient marquer de leur empreinte la mode. Née en 1903, elle débuta au Harper’s Bazar avant de diriger le Vogue US (de 1962 à 1971) puis de devenir consultante pour le Costume Institute du Metropolitan Museum.
A Venise lui est consacrée une exposition dans le Palais Fortuny, délicieux endroit un peu poussiéreux dédié au couturier. Mariano Fortuny connut son heure de gloire avec ses robes de soie (à son nom) finement plissées ainsi le modèle Delphos (hommage à l’aurige de Delphes).
Figurent dans l’exposition quelques très belles pièces de Balenciaga, Chanel, Saint Laurent,… mais manque sans doute l’exubérance que l’on ne peut s’empêcher d’associer à Diana Vreeland. Quelques touches de fantaisie s’expriment avec un cheval en tissu, un paon empaillé…
Un manteau de deuil imaginé par Henri Matisse pour Diaghilev et son Chant du Rossignol, magnifique travail en noir et blanc inspiré d’un motif de daim (longévité en Chine), est mis en scène avec une peau de zèbre, étoffe du diable façon savane. Souvenir de safaris de la mère de Diana Vreeland en Afrique, la Belle époque, les cérémonies, les rayures… en noir et blanc. Ces quelques éléments participent un peu à l’esprit de décontextualisation qu’avait apporté Diana Vreeland à la mode.
S’exprime aussi le vert, pas une exposition de Diana Vreeland sans « vert ».
« A melange of plants, greens, gay greens, clear, faded ; and poison greens »
Japonisme et chinoiserie rendent hommage à l’Orient et à une mode sous influence de formes, de motifs, de couleurs.
Les robes Mondrian d’Yves Saint Laurent sont elles montrées comme Diana Vreeland avait choisi de le faire, à plat, à la façon d’une oeuvre d’art.
Veruschka Photo Irving Penn
L’espace dévolu aux couvertures de magazines, séries de mode, de beauté suscite un sentiment de nostalgie pour une période où la mode était mise en valeur et où les magazines féminins ne sombraient pas dans la « pepolisation » à outrance, le pratique à tour de bras et les maquettes surchargées d’infos kleenex.
Twiggy Photo Bert Stern. Photo Irving Penn. Lauren Bacall Photo Louise Dahl-Wolfe
La catalogue est passionnant avec photos, dessins et citations.
September 16, 1968
Re : SERPENTS
Don’t forget the serpent…
The serpent should be on every finger
And all wrists and all everywhere…
The serpent is the motif of the hours in jewellery…
We cannnot see enough of them…
I adore artifice, but I also adore perfection.
Aujourd’hui à Venise, un lieu que Diana Vreeland associait au paradis, devisant avec Andy Warhol à l’ombre bienveillante des lions de la Place Saint Marc, l’exposition lui rend hommage, jusqu’au 25 juin.
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