Yiqing Yin

La Chine s’est joliment éveillée avec le travail de Yiqing Yin dont le talent lui a valu le statut de membre invité dans le calendrier officiel de la couture. Sa collection réussit l’alliance entre créativité et portabilité. Un travail de précision d’une construction souvent complexe (détails de plissages, d’incrustations de matières…). Une gamme de couleurs sourdes, sobres, tons de terre, de pierres ; du gris, de l’argent, du blanc… de l’ocre, du fer. Un subtil jeu de volumes et une délicate poésie. Des jeux de drapés, d’ouvertures sur le corps alors que la tête peut s’envelopper d’une cagoule.

Création, terre de contrastes. Très beau manteau aux épaules retravaillées de plis. Effets de capes, bouillonnés, drapés à l’antique, découpes, dentelles, échancrures et un poil de fourrure. Une très jolie collection.

 

lire le billet

Maxime Simoens

Membre invité cette saison, Maxime Simoens confirme son talent. Comme une marqueterie, sa collection assemble des couleurs et des matières. Il s’est inspiré d’un film de Gaspar Noé, Enter the void qui le conduit sur l’imaginaire d’une explosion de couleurs et de formes made in Japan. Jeux de lumières, le bleu est mis. Détails kaléïdoscopiques aux allures de pixels, le fantôme d’Akihabara dans ses jours glorieux n’est pas loin ; les écrans géants vibrionnent. Enfin surgit le travail incroyable sur le liège. Très fine, colorée et laquée, la texture bois très fine recompose en patchworks des silhouettes très dessinées, construites, découpées.

En final, le flou reprend le dessus, plus en légèreté, éthéré un monde onirique où les créatures sont enserrées de rubans. Des réminiscences japonaises, un travail de construction. C’est beau une ville la nuit.

 

lire le billet

Jean Paul Gaultier

« I said no, no, no,… », l’allure d’Amy Winehouse hante la dernière collection de Jean Paul Gaultier qui a choisi des mannequins évoquant le style de la chanteuse. Choucrouté et défait, le chignon se porte multicolore tandis que le trait d’eyeliner appuyé accentue l’oeil de chat. Un écho à la silhouette de la chanteuse en petit polo et jupe cigarette.

Dans la collection se retrouvent les classiques du couturier : un vocabulaire masculin féminin, des corsages à lacets, le noir, la rayure marine, les trompe-l’oeil, les découpes… Le tout dans une technique couture parfaitement maîtrisée. La bande son en live avec quatre chanteurs se termine avec le grand succès d’Amy Winehouse. Les modèles ont toujours des noms chez Gaultier. Pour cette collection : No, No, no ! un body rebrodé paillettes jaunes, Black to black, redingote « seethrough », Out of me, long trench en taffetas vert gazon, Rehab : body polo et jupe longue…

Au final un voile passe sur les silhouettes…

 

lire le billet

Elie Saab

Membre correspondant de la couture à Paris, Elie Saab vient du Liban ; il excelle dans le travail de la broderie et les robes du soir pour grandes cérémonies (dans la salle figuraient cette saison Bérénice Béjo, Olga Kurylenko…). La nouvelle collection rend hommage aux femmes fleurs. Anja Rubik, mannequin et égérie du premier parfum du couturier, entre en scène dans une robe sirène en tulle blanc rebrodé de paillettes argent. Une alternance de court et de long, mais avec broderies et paillettes omniprésentes. Organza, dentelle, gazar, crêpe,… un festival de matières luxueuses. Des couleurs légères, des tons pastels, délicats, des pétales de dentelles. Chrysalides et boutons avant éclosion de la femme fleur.

 

lire le billet

Frank Sorbier

Work in progress, la collection de Frank Sorbier s’intitule Ebauche. Esquisse d’un atelier de sculpture où les oeuvres de Pygmalion prennent corps de chair. Vêtue d’une ample robe de toile façon académie, la première silhouette donne le ton.  Les autres modèles (31 « ébauches » numérotées) portent des bustiers sculptés en résine et fibre de verre à l’apparence de plâtre, de pierre noire… ou encore décorés. Ces bustiers à l’allure de sculpture s’ajustent à d’amples jupes en tissu léger comme le sisal. Un travail  sur des matières brutes : lin, ficelle, raphia, coquillages…

Des passages ethniques, des réminiscences de motifs de « scarifications »… Parrain de la collection, Richard Texier figure dans le défilé avec la présence d’oeuvres sculptées et d’un bustier peint pour la collection.

 

 

lire le billet

On aura tout vu

 

Fire ! Le duo On aura tout vu met la feu à la couture, une allumette dans le carton d’invitation et un décor semé de flammes tandis que le premier mannequin, en forme olympique, apporte la flamme (briquet géant) et allume le brasier façon barbecue (humour toujours). Oiseaux de feu, les femmes portent des couleurs vives, chaudes, flamboyantes tandis que les collants se brodent de flammes noires ou rouges qui remontent élégamment sur la cheville. Des jeux de transparence où se dessinent les broderies toujours riches et brillantes. L’humour est aussi toujours de mise. Très travaillés les accessoires s’inspirent du thème.

En feu d’artifice la cape rougeoie entre imprimés, broderies et plumes. Avec des imprimés flamboyants, l’incendie embrase leur volcan de créativité.

 

lire le billet

Alexandre Vauthier

Un des nouveaux talents de la mode, Alexandre Vauthier s’est fait remarquer pour ses vêtements structurés à l’allure très construite. Présentée à l’école des Beaux Arts dans un décor de néons, sa nouvelle collection couture réserve une part plus importante à la fluidité, au flou de grandes envolées de mousseline. Quelques formes amples, découvertes, aux côtés ajourés. Légèreté et rubans, jeux de drapés pour la féminité. Des paillettes pour grands soirs et esprit couture, mais aussi des plumes. Sa coupe stricte se retrouve dans les robes et silhouettes à épaules et taille marquées. Utilisé notamment en leggings, le vinyle ajoute un côté conquérant à ses silhouettes de jour.

Photos Dominique Maitre

 

 

 

 

lire le billet

Stéphane Rolland

 

Dixième collection couture pour Stéphane Rolland. La géométrie inspire toujours le couturier qui cite l’art cinétique et a choisi de s’inspirer de sculptures de Michel Deverne. Du blanc et du noir, en opposition, et des couleurs vives, soulignées d’éclats de métal en ceintures ou colliers. Au style structuré par la rigueur des coupes s’ajoutent des détails très travaillés : col feuilleté, plissé éventail. Une veste sans manches, épaules conquérantes et taille marquée (parfois accentuée). Une pointe d’asymétrie casse la rigueur, une épaule dénudée, une jambe à découvert. Une forme de pantalon rend hommage au hakama japonais. Des effets de paillettes dans un dégradé rouge sang. Reine de ces femmes déterminées, presque guerrières : Yasmin Le  Bon dans un final robe rouge ayant nécessité 45m de jersey.

 

 

 

lire le billet

Gustavolins

C’est dans l’ambassade de son pays que Gustavolins a présenté sa dernière collection (018). Il reste fidèle à son goût pour l’architecture, à la précision des coupes, souvent complexes, toujours très élaborées.

A son intérêt pour la géométrie et la sobriété (et à l’espace entre corps et vêtement du kimono japonais) s’est ajoutée, pour cette collection, une influence aux airs de flamenco espagnol. Si le créateur a étudié à Barcelone, c’est Séville qui l’a inspiré avec des quilles volantées pour belles hispaniques et le maintien strict de danseurs aux allures de matador.

Dans le détail figure un dos bénitier à superposition de vagues tout en courbes. Se découvre aussi, avec gaieté, un imprimé à pois (mais loin des petits pois des costumes ibériques).

Parfois la pièce de tissu sur le corps, entière, se pose et Gustavolins la drape, la tourne, la coud, l’attache, la déstructure. De subtils jeux de drapés, des constructions bi-matières, une touche de fourrure. Toujours sourde la palette ose parfois un vert vif et des pointes de rose. Toujours omniprésente l’architecture s’adoucit de courbes, pour une collection plus voluptueuse aux drapés flous.

 

lire le billet

Iris Van Herpen

 

Waow !

Chaque défilé d’Iris Van Herpen constitue un événement. Elle incarne sans aucun doute un des talents émergents les plus sûrs et les plus intéressants de la mode contemporaine, même si elle n’a débuté sous son nom qu’en 2007.

De l’originalité, un univers très personnel et une technique incroyable signent une véritable avant-garde dans une mode souvent engluée dans une vision passéiste de la création.

Ses vêtements armures pour créatures d’un monde nouveau composent une vision un peu futuriste d’un univers qui échappe enfin au recyclage. La créatrice ne s’inspire pas du passé, elle crée, imagine des formes incroyables pour ses vêtements sculptures. Des techniques artisanales savamment maîtrisées utilisent des matières contemporaines ou traditionnelles réinterprétées : cuir, plexiglas, os, métaux…

La dernière collection évoque une vision de la nature en recomposant des inspirations organiques.

Beau, sculptural et étonnant.

Le Groninger museum va rendre hommage à la créatrice dans une exposition qui débutera le 24 mars.

 

 

lire le billet