Un défilé de Comme des garçons, c’est souvent une expérience hors mode ; au-delà d’un microscosme étriqué de tendances, d’air du temps, de « produits ». La collection de l’été 2011 est particulièrement représentative de cette exception culturelle que constitue le travail de Rei Kawakubo depuis une trentaine d’années. Une sorte d’art total avec le souci d’une perception globale d’un modèle avec maquillage et coiffures, échos soigneusement choisis. Sur les têtes, d’improbables créations moulées en polystyrène, sortes de meringues à volutes, barbes à papa délirantes, créations en feutres influencées de masques africains, jeux de balles, capuches en pointe… Parfois le visage se cache, s’oblitère derrière des matières pour voir surgir un oeil, un regard.
La collection est monochrome, monolithique autour d’une non couleur : le blanc. Les mariées pourraient difficilement être mises à nu par les célibataires tant les volumes sont importants, imposants, les constructions complexes. Si l’on cherche des références peuvent surgir le souvenir des capes de tonton Cristobal (Balenciaga), la merveilleuse mariée matriochka d’Yves Saint Laurent tout en boule de laine. Mais, avec Comme des garçons, on est sur une autre planète, celle de la création pure. Un incroyable travail sur les coupes, le choix des matières, des recompositions de fleurs en volumes, des broderies, des voiles, des vêtements cage, houppelandes, d’exquises protubérances. Une sorte d’enfermement délicieux. Dans la blancheur surgissent des traits de peinture noire, roquettes graphiques, graffitis venant zébrer le ciel immaculé.
Sur la planète blanche (entre ivoire et blancheur parfaite), les mutantes donnent à la mode ce qu’elle a de plus précieux, la création.
Une collection rêvée et spectaculaire.
J’achète… beaucoup.