Bien aimé Roger Vivier

 

Jambes, pieds, chaussures, escarpins participent à la séduction. Déjà Truffaut et aujourd’hui Christophe Honoré leur font la part belle. Dans L’homme qui aimait les femmes, Charles Denner les imagine en robes légères et talons hauts : « Les jambes des femmes sont des compas qui arpentent le monde globe terrestre en tout sens lui donnant son équilibre et son harmonie » tandis que les images de Truffaut s’attardent sur des jambes élancées.

 

Dans Les Bien-Aimés de Christophe Honoré, les chaussures sont au coeur de l’histoire. Son héroïne jeune (Ludivine Sagnier) travaille dans une boutique de souliers ; son destin bascule avec le port d’un paire de chaussures dérobée. Avec son escarpin à boucle, le modèle « Chiquette », elle se transforme, devient objet de désir et, accessoirement, une « occasionnelle ». Son premier client lui propose : « 50 francs, ça vous va ? ». Sa fille (Chiara Mastroianni) raconte sa vie plus tard : « Maman calculait tous les escarpins qu’elle allait pouvoir s’acheter ».

 

Dans le film, la jeune vendeuse travaille chez Roger Vivier.

Nom mythique de la chaussure, Roger Vivier a débuté dans les années vingt avec Mistinguett, Joséphine Baker. Pendant la guerre, aux Etats-Unis, il réalisa aussi des chapeaux avec Suzanne (Rému). Véritable inventeur de talons allant des plus extravagants aux plus classiques (l’aiguille en 1954 c’est lui, le virgule, le polichinelle, l’étrave, le choc… ). Il est aussi l’auteur des bottes cuissardes créées pour Yves Saint Laurent qui permirent à Brigitte Bardot de ne reconnaître personne en Harley-Davidson. Pour le couronnement en 1953 de la reine Elisabeth II il racontait que l’un des paramètres les plus importants fut le travail sur la stabilité puisque la couronne de la souveraine était extrêmement lourde. Il créa des chaussures pour les plus grands couturiers : Christian Dior, Yves Saint Laurent…

Dans les années 60 (l’époque où débute le film d’Honoré), il avait effectivement pignon sur rue avec une boutique à son nom. En 1963 sa boutique était rue François 1er et c’est là qu’il lance en 1965 sa chaussure à boucle en métal. Ce type de chaussure est aussi celui que portait Catherine Deneuve dans Belle de jour (1967).

Il s’est ensuite retiré près de Toulouse où il continuait à faire ses collages. A plus de 80 ans il dessinait encore des modèles et fut choisi par Myris pour lancer une collection accessible en 1997.

Aujourd’hui son nom magique a été racheté par le groupe Tod’s. Le président Diego Della Valle a choisi Bruno Frisoni pour relancer la création tandis qu’Inès de la Fressange assure la communication. Une belle endormie désormais réveillée et révélée et qui figure joliment au générique du film.

www.youtube.com/watch?v=i9Fe5ufBzfk

 

 

 

 

 

Les commentaires sont fermés !

« »