Artiste du quotidien, Barbara Segal choisit des détails de la vie : une nappe, un cadre, un vêtement et les transforme en oeuvres sculptées, figées dans la pierre.
Après des études à New York ((Pratt Institute de Brooklyn ) et aux Beaux-Arts de Paris, elle choisit la sculpture. Si elle a grandi avec le souvenir d’un arrière grand-père qui travaillait le bois, elle est fascinée par le travail du Bernin. Elle trouve sa voie en recréant des drapés de vêtements dans la pierre, en choisissant aussi l’usage de la couleur. D’un réalisme parfait, le résultat trompe l’oeil.
Son étonnant perfecto façon cuir brillant est réalisé en marbre noir de Belgique et métal.
Sa chemise à rayures de yankee est en marbre grec et marbre de Belgique.
Quasi translucide et toute en délicatesse sa petite robe orange et blanche est un travail d’albâtre.
D’un travail différent procèdent ses chaussures, rassemblant des matériaux divers (perles, brillants…).
Si quelques années passées en Italie l’ont familiarisée avec le marbre de Carrare et lui ont permis de mettre au point sa technique ; cet été, au festival Apart, elle a découvert le calcaire des Alpilles. Elle a imaginé « Fligt of Fancy », corset blanc et or pour le château de Dalmeran.
Si une partie de son oeuvre est intimiste par le choix des sujets, elle s’est aussi attelée à des projets monumentaux comme à New York. Pour la rénovation d’une station de métro, elle s’est plongée sur le nom indien de l’Hudson river : Mukheakantuck, la rivière qui coule dans les deux sens et a imaginé une sculpture évoquant mouvements d’un cours d’eau, entre turbulence et sérénité.
Festival Apart 2011 (Apilles-Provence-Contemporary Art).
lire le billet
Belle initiative que l’association entre mode et cuisine juste après les défilés de la couture avec la première édition de Haute cuisine. Installé autour des jardins du Palais royal dans des tentes éphémères et avec la participation d’une partie des boutiques, le “Cabinet de curiosité culinaire” s’est animé de dégustations, d’expositions et de conférences.
Chez Didier Ludot, en collaboration avec Ladurée, les modèles sélectionnés rendaient hommage à la thématique avec des créations de Christian Dior : une robe Salade (printemps-été 1960), une robe « Porcelaine » ou encore un modèle Absinthe de John Galliano. L’inspiration est venue d’un ouvrage publié en 1972 consacré aux plats qu’aimaient Christian Dior : « La cuisine cousu-main » par Jacques Rouët. Pour l’événement, la maison Ladurée a imaginé des mets en les associant à des modèles ainsi le délicat Porcelaine a trouvé son écho gustatif avec un riz à la rose.
Robe porcelaine (Dior, coll.Ludot)
Fidèle au blanc, la Maison Martin Margiela avait organisé avec Jean-François Piège un dîner blanc. Avec Sébastien Gaudard, le duo On aura tout vu a conçu le brunch ludique du dimanche. José Lévy mit le public aux fourneaux avec son « goûner », avatar fusion entre goûter et dîner, mijoté avec les restes du frigo. Une exposition présentait notamment les magnifiques photos de Jean-Louis Bloch-Lainé. Parmi les cuisiniers et pâtissiers : Guy Martin, Massimo Bottura, Christophe Ada, Angel Leon, Eric Frechon. Sans oublier la délicieuse association entre cuisine et parfums avec des conférences : Olivier Roelinger et Jean-Claude Ellena (parfumeur pour Hermès) ou encore Mathilde Laurent (parfumeur pour Cartier).
Absinthe John Galliano (Coll. Ludot)
Une joyeuse et délicieuse initiative.
lire le billet
Célèbre modiste au Japon, Akio Hirata est passé par la case de la réputée école Bunka de Tokyo et par un séjour en France aux côtés de Jean Barthet. Dans la capitale japonaise, où il a apporté la tradition française de « haute mode », lui a été consacrée une exposition hommage. Au cours de sa carrière, il a créé des chapeaux aussi bien pour la famille impériale que pour les designers japonais les plus renommés : Yohji Yamamoto (dentelles de paille insensées), Comme des garçons (chapeaux en « cheveux » synthétiques, cônes démesurés…). À Tokyo, où il avait une boutique et une école, son nom se continue aujourd’hui avec sa fille Ohko.
A Paris, en 1995, furent exposés ses modèles célébrant ses cinquante ans de création. Jeanloup Sieff signa quelques portraits de femmes arborant ses chapeaux, notamment en couverture de Femmes, recueil de clichés du photographe (La Martinière).
L’exposition, dans le bâtiment post-moderne de Spiral Hall créé par Fumihiko Maki, a été pour l’occasion revisité par un collectif de designers : Nendo. Né au Canada, mais ayant étudié à Waseda, Oki Sato a établi Nendo à Tokyo en 2002 et un bureau à Milan, capitale du design, en 2005. Parmi leurs dernières créations : des clefs USB en clip pour Elecom. La mise en scène utilise des silhouettes de chapeaux (en non tissé). Soucoupes volantes, les 4 000 carcasses fantômes viennent encadrer les créations d’Akio Hirata. Images d’un nouveau monde flottant autour du travail précis et construit du chapelier.
Aux côtés de pièces parfaitement maîtrisées s’esquisse aussi une touche d’humour et de fantaisie comme dans le chapeau nid.
Coup de chapeau à un grand maître qui a joliment jeté une passerelle entre l’Orient et la mode occidentale.
Photos Yohei Suzukawa
*les chapeaux d’Hirata
lire le billet
Délicieux trublions de la mode avec leurs défilés haute couture, le duo On aura tout vu a été choisi pour imaginer à Monaco une présentation originale de la collection de poupées et automates de Madeleine Galéa. Amie et proche d’Ambroise Vollard, marchand historique de Cézanne, Madeleine Galéa avait assemblé ses trésors étonnants dans ses domiciles parisiens. A sa disparition, son petit-fils fit don de l’ensemble au Prince Rainier. Installée à Monaco, la collection fut finalement installée Villa Sauber, une maison Belle Epoque restaurée et ouverte au public en 1972. Pour mettre en valeur les objets, le duo a plongé dans un univers onirique, ajoutant des monstres, des pièces couture, dans une démarche ludique. Les objets de décoration se rattachent à un monde enfantin ; des vestiges précieusement conservés du passé côtoient des pièces de l’air du temps (tenue de Lady Gaga). L’imagination débordante envahit les silhouettes hybrides de joyeux monstres et habille des poupées d’aujourd’hui.
Le petit se mesure au géant dans l’esprit d’Alice.
Les poupées fin du XIXe siècle, notamment les Parisiennes à tête en porcelaine, se redécouvrent proches de petits meubles de décoration pour leur insuffler un semblant de vie.
Une joyeuse installation dans le cadre du MNMN (Monaco National Musée Nouveau) dirigé par Marie-Claude Beaud.
Villa Sauber à Monaco jusqu’au 29 janvier
lire le billet
Toute jeune créatrice, Yquing Yin a présenté sa collection hors calendrier au moment de la haute couture. Très travaillé, son style revisite le smock et construit de magnifiques drapés et jeux de plissés. La première partie du défilé dessine une oeuvre au noir avec asymétrie et déconstruction.
Surgissent des effets de transparence jouant sur des effilochés qui viennent ajourer les matières.
La couleur surgit, mais reste sourde, délicate, passant d’abord à un gris des villes avec des torsades, des drapés subtils, des détails travaillés, incrustés. Construction dans la construction, effets de plissés coquillages.
Puis la silhouette se fait plus vaporeuse, s’enveloppe de mousselines. En final quelques pièces en fourrure aussi travaillées comme une construction, un labyrinthe d’enchevêtrements de lanières.
La créatrice parle de ses vêtements comme d’armures molles. Un côté sculpture, mais tout simplement aussi un vêtement conçu pour être porté. Cerise parfumée sur le gâteau d’un très beau défilé, une création imaginée par un grand parfumeur, Dominique Ropion.
Emigrée de Chine à l’âge de 4 ans (après Tian’anmen) avec son père elle arrive à Paris pour aller ensuite en Australie et revenir étudier à Paris. Une vie sur trois continents et une collection à ses débuts qui s’intitulait Exil… Diplômée de l’ENSAD (arts déco), prix de la création mode de la ville de Paris en 2009, finaliste à Hyères, Yiqing Yin vient aussi de recevoir le prix de l’Andam 2011 pour une première collection. Des lauriers, mais surtout un vrai talent à suivre.
lire le billet