Alaïa

Très jolie surprise pour finir les défilés de Haute Couture avec la présence, dans le calendrier officiel, d’Azzedine Alaïa,  qui souvent présentait quand bon lui semblait. Le défilé a prouvé, s’il en était besoin, qu’il a sans conteste une place de choix dans ce calendrier avec son travail de coupe d’une précision absolue. Pas de grande salle impersonnelle, mais toujours son lieu de prédilection : son bel espace de la rue de la Verrerie. Atypique, l’audience a des allures de famille même si figurent journalistes et acheteurs. La grande famille d’Alaïa se compose d’amis, photographes, designers qui ont toujours su apprécier son travail. Défilent les mannequins, des filles bien dans leurs robes coupées à la perfection. Du court avec la silhouette à jupe évasée qu’affectionne le couturier sur taille menue.

Passe un magnifique manteau vert.

Pour le soir, du long, une superbe robe mêlant velours et transparence que l’on rêverait de voir sur tapis rouge en lieu et place de meringues (parfois).

Cuirs précieux, laqués, vernis, un poil de fourrure… Des découpes au laser, des coupes parfaites, du grand Alaïa. Une collection sharp et simple applaudie par une standing ovation pour le créateur.

 

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Frank Sorbier

Promenons-nous dans les bois pour découvrir un couturier qui porte un nom d’arbre. Frank Sorbier a imaginé sa couture de l’hiver comme un hommage à la nature. Si les modèles ont tous été créés en blanc naturel, ils ont été ensuite teints et peints avec des couleurs évoquant la nature, vert, marron, rouille,… des compositions d’Isabelle Tartière. Dans le théâtre du Cirque d’hiver un décor de forêt avait été dressé, bois, souches, branchages, mousses,… pour y voir se rassembler les modèles qui tous portent des noms de forêts : Brocéliande, de Rothonne, d’Ashdown, de Villecartier, de l’Aube… Frank Sorbier a créé ses robes avec la technique qui lui est chère : la soie compressée cousue et recousue ; un travail qui porte sa signature couture. Le loup n’y est pas, les modèles enchantent la forêt.

 

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Maxime Simoëns

Couturier invité, Maxime Simoëns est une des jeunes pousses de la mode à suivre. Sa collection évoque l’ombre de Nosferatu qui plane et renvoie à Murnau mêlant une ténébreuse esthétique néo-gothique au sombre expressionnisme cher aux Allemands.

Les mots amplifient l’inspiration : « veste à découpes dents de vampire ». Le goût de la géométrie (une jolie constante) renvoie lui à l’art déco qui se manifeste aussi dans la collection avec notamment un motif inspiré de céramiques de Dunand. A partir de formes classiques et sobres s’ajoutent des broderies cloutées pour nouvelle garçonne en armure, des jetés de plumes, des formes de pantalons sarouels,…

Le rouge, dramatique, est ensuite mis, sur noir, majeur et sombre.

Douce épouvante.

 

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Jean Paul Gaultier

Les noms de lieux de la topographie du défilé donnent toujours des indices sur l’inspiration de la collection couture chez Jean Paul Gaultier. A petits pas, sur les pointes, s’esquisse un automne-hiver 2011 sous le signe de la danse, Black Swan est dans l’air du temps et les plumes au rendez-vous d’un défilé qui se prolongera par le lancement de Kokorico, le nouveau parfum masculin du créateur.

A l’ancienne (c’est un plaisir), chaque modèle porte un nom, comme dans le Falbalas de Becker qu’aime le couturier.  Hommage aux plumes avec les différents noms de chant du coq du kirikiki espagnol au kokekoko japonais en passant par le cocoroco portugais ou le kukeleku néerlandais ; même le wallon a droit de cité (ardente) : coutcouloudjou. Le Ludmilla Tcherina se dessine avec un motif de chinoiseries. Rudolf Noureev, pour homme, en duffle-coat encre. La mort du cygne voit rouge avec une robe manteau cuir et renard « sang ». Académique, Arabesque penchée, Grand écart, Révérence, Jeté-battu, les attitudes deviennent modèles.

Dame Margot Fonteyn en taffetas brodé de plumes de coq.

L’Oiseau de feu avec une robe imprimée « coups de pinceau ». Des tailleurs de jour, des robes toujours impeccables et des tenues du soir, raffinées avec tous les délices de la couture : broderies, plumes, fourrure.  Quelques touches Gaultier avec les bustiers, les trenchs,…  La mariée, Mylène Farmer en Libertine swan, dernier chant de la collection. Jean Paul Gaultier, couturier à part entière.

 

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Elie Saab

Membre correspondant de la haute couture à Paris, Elie Saab  est un des créateurs vedettes des tapis rouges avec ses robes toujours très habillées et travaillées dans des détails de couture (broderies notamment). Sa dernière collection  privilégie sa palette de coeur : les tons clairs, chair, rose délicat, bleu ciel léger, puis la palette s’assombrit vers les rouilles, le bleu marine, le noir.

Le créateur a imaginé un monde urbain géométrique et abstrait ; y déambule une femme intemporelle, incarnation de légèreté, parée de tulle, mousseline, soie… Sur les robes sont brodées de légers fils d’argent scintillants. Ophélie ruisselante de brillances, elle traverse la ville en robe drapée, plissée ; au dos découpé, découvert. Rêverie urbaine.

 

 

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On aura tout vu

Juste après la pluie, les On aura tout vu défilent dans le Jardin du Palais royal. De l’autre côté du miroir et ce que le duo y trouva : une inspiration fantaisiste qui se reflète presque en vanité dans le miroir de la méchante reine de Blanche-Neige. Leur haute fantaisie fait toujours plaisir à voir. Dans la vision des premières silhouettes, se dessine un jeu de jambes et de bras digne de Shiva ou de Bhadrakali avec les accessoires plexi et miroirs sur des vêtements seconde peau couleur chair et brodés.  Bollywood sur Seine, avec une touche de futurisme et de matériaux atypiques. La fantaisie va jusqu’à l’os des tenues qui parfois se découpent façon squelette.

Brillantes, les chaussures s’allument de strass. Un dos se décompose de motifs façon cervicales. Des modèles un peu jour, des détails de dentelle et toujours iconoclaste le miroir avec les journalistes en reflet. Un poil de fourrure, des  lunettes insensées, des parures de cheveux flammes, janusiennes. Parfois un masque, des silhouettes humoristiques, le fantôme des souvenirs de lucha libre de Mexico ? Miroir…

 

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Chanel

 

Au firmament du faste de la couture brille heureusement encore la maison Chanel. Sous la coupole du Grand Palais, au moment où le jour s’efface et où se glisse la nuit, avait été recréé le décor d’une virtuelle place Vendôme. Façades dessinées au néon blanc, colonne mythique surmontée d’une Coco Chanel en lieu et place de Napoléon. Un podium noir, un semis d’étoiles dans le ciel et des brillances au sol. Des silhouettes so Chanel en tailleur droit mais aussi qui s’évase. La classique longueur couvre le genou, mais aussi, couture oblige, du long et du vaporeux.

Des fourreaux sirènes. Trompe l’oeil avec une robe à fausse blouse en paillettes fuchsia.

Si de loin on ne voit pas précisément la qualité du travail, on imagine les broderies (Lesage), le détail des finitions. Les plumes sont aussi de la partie (maison Lemarié). Les petits canotiers chers à Coco sont revisités par la maison Michel et voguent sur la collection. Le camélia, signature Chanel, devient cocarde sur une place qui agita les révolutionnaires de la Commune.

La haute couture garde encore ici son sens premier. Entre le blanc et le noir se dessine le gris chiné, des tons charbon. Chics et élégantes, les citadines sont entrées dans Paris.

 

 

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Julien Fournié

 

Membre invité cette saison, Julien Fournié a proposé une collection métissée où l’esprit couture s’hybride d’une inspiration très street (sangles, sweat, …) et décontractée. Pantalon 3/4 avec sur-robe en mousseline légère. Du masculin-féminin où les pantalons s’habillent de tops en  tulles et mousselines. Jeux de transparence et longues jupes sur pantalons étroits. Métissage de styles, d’inspirations dans une gamme de couleurs sourdes, terres, gris, bronze.

 

 

 

 

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Alexandre Vauthier

 

Membre invité Alexandre Vauthier avait choisi une présentation monolithique autour d’une couleur vive, violente, énergique, puissante : le rouge. Inspiré par le Rouge baiser notamment dessiné par René Gruau, le designer cite aussi en référence un couturier qui le rouge a souvent mis : Valentino. Carmin, vermillon, bordeaux, sang, cramoisi, amarante, cardinal, cerise, pourpre… composent la palette du défilé.

La silhouette reste fidèle au style Vauthier, très structuré avec les épaules marquées presque en souvenir des années quatre-vingt. Ensuite les modèles habillés et de plus en plus féminins s’envolent vers des drapés flottants pour grands soirs. Une collection autour du monochrome très réussie.

 

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Gustavolins

 

Désormais membre à part entière pour la haute couture à Paris, Gustavo Lins a présenté une collection modeste qui a remporté tous les suffrages. A partir de chutes de tissus réorchestrées en mosaïques et assemblées, le créateur a imaginé des formes qui tournent dans l’esprit du biais. La plupart des pièces ont été délibérément construites coupées directement dans la matière sans passer par la case toile ou patron (à l’exception d’une robe–combinaison en jersey de soie). L’influence du Japon trame toujours les collections du couturier architecte avec des matières, des formes, des références. Pour cette collection :  des chutes de washi surpiquées (papier japonais en fibre de mûrier), crêpe japonais, manteau dit  kabuki… Les mannequins circulaient dans un petit espace où, en fond, était projeté un film autour de la construction de la collection, « work in progress » autour de la spirale emblématique de Gustavo Lins.

Robe tablier, robe housse bulbe en charmeuse de soie imprimée « dripping » iris bleu, robe étole grand noeud. Le charme atypique d’une nouvelle couture.

 

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