
Depuis 2007 Damir Doma a créé sa marque, sous son nom. Un travail rigoureux et poétique construit une silhouette qui pourrait être intemporelle et se dessine entre le masculin et le féminin avec des formes graphiques aux coupes très travaillées. La collection d’hiver s’inspire du Versailles Unseen de Deborah Turbeville. Des variations autour du blanc et du noir. Chemises amples, petits caleçons de cyclistes. Du près du corps et des formes plus amples. Magnifique long manteau noir.

Un jeu de superpositions de longueurs associe et dissocie blanc et noir.

Détails de matières ajoutées, une finition presque tuxedo, mais en col. Très joli esprit cape, un poil de fourrure, agneau de Mongolie. Sans oublier les coiffes en résille sur queues de cheval et les jolies bouches noir laque.
La délicate austérité se réveille avec les motifs fauve tacheté sur poulain. La couleur s’impose : ocre, marron, cuivre, orange mettent le feu à la palette bichrome.


En détail des bracelets aux souvenirs ethniques ajoutent une touche tribale et donnent encore plus de charme à une collection magnifiquement construite et très réussie.


Sous le nom Dévastée, un duo : Ophélie Klère et François Alary. Pour cet hiver sous le signe du « Magic mushroom », ils évoquent : « fantasmes et souvenirs des années 70 que nous n’avons pas connues et des années 90 de notre adolescence ». S’esquisse une alternance entre la douceur de tissus blanc brillant, lamé argenté, habillé et un noir plus gothique. Imprimés floraux, empiècements de satin, jeux de transparences. La maille sourit à la Joconde et se tricote en robes.

L’humour passe en filigrane. Serait-ce un imprimé crâne ou là une ville ? Le jacquard en puzzle. Une collection duo en blanc et noir.



Dans une ambiance feutrée façon des Hommes et des dieux, la musique est psalmodiée, liturgique avant de passer à la voix rauque et magnifique de Nico. Si Josephus Thimister y voit des anges déchus, alors pêchons ! Des capes travaillées en volumes s’animent de détails drapés. De magnifiques enveloppes en tissus fripés, froissés (peau, non tissé, coton ?) sont composées dans une palette sobre et sourde, blanc cassé, gris, noir. Des capuches, des liens ; du froissé, du chiffonné, du non tissé, de la laine bouillie. Une cape doudoune magnifique.



« Snow breath the reminiscent air of our old dear Tolstoi. » dit le créateur. Oui, ses modèles de laine feutrée, ses peaux aux airs de moutons cadreraient parfaitement avec l’esprit de la communauté de The last station (magnifique film contant les derniers jours de Tolstoï avec Helen Mirren et Christopher Plummer). Robes noires, découpes, capuches, drapés, noués. Une ambiance naturaliste, une allure monacale dans la rigueur des coupes, mais aussi une certaine douceur. Une très belle collection. Coup de coeur.




Créateur turc, lauréat un brin contesté l’année dernière du prix de L’Andam, Hakaan signe une collection double. S’oppose la vision d’une silhouette très sexy avec des mini robes près du corps (certaines très très courtes) à un thème construit en volume avec des formes amples et enveloppantes. Des effets de capes contrastent avec les robes où se dessinent des découpes d’où surgissent sensuellement des éclats de chair, corps mis à nu, voilé de mousseline. Le cuir est particulièrement bien travaillé et la fourrure a droit de cité. Si le noir et le blanc dominent, ils sont animés par l’éclat des passages rouge vif.

Accessible visuellement, la collection est dans l’air du temps.


Venu de l’univers de la chaussure (notamment pour la maison John Galliano), l’italien Corrado de Biase est passé sur les podiums mode. Le créateur imagine la garde-robe d’une Parisienne élégante en villégiature à Miami. Si l’imaginaire suppose le télescopage de tenues de skaters, surfers à un vestiaire couture ; au final la collection est une variation sur le même thème, monolithique. Le tissu noir relevé de surpiqûres blanches, façon jean joue les variations. Les zips s’affichent, les basques ondulent et les liens se multiplient à la chaîne.


Au thème blanc vient se greffer un motif imprimé et photographique, noir et blanc où la couleur s’impose progressivement, « Miami on fire ».


Diplômé de La Cambre (Bruxelles) et lauréat du festival d’Hyères, Anthony Vaccarello présente depuis plusieurs saisons à Paris. Oeuvre au noir pour sa collection d’hiver, mais tout en légèreté. Si un souvenir des années 60 plane un peu avec la rigueur des coupes géométriques sur mini-robes, c’est la féminité qui l‘emporte avec même parfois une allure très sexy dans les jeux de transparence qui voilent et dévoilent le corps.


Sur des plastrons de feutre s’inscrivent des fils métalliques. Découpes géométriques, jeux de transparences graphiques, un boutonnage en oblique s’esquisse. Le zip se montre, s’affiche ; les attaches s’approchent de l’épingle à nourrice. Une mode féminine, près du corps, aux détails géométriques graphiques et avec aussi une pointe d’asymétrie réussie.



Sous le nom d’Aganovich s’est composé un duo : Nana Aganovich, passée par la Saint Martin’s School, et Brooke Taylor, écrivain, qui se sont rencontrés à Londres. Lui est plus dans la conception et elle dans la réalisation. Leur démarche développe un vêtement puzzle dans un esprit ludique.
Leur présentation pour l’automne hiver est la cinquième. L’oeuvre au bleu vogue sur toute une palette de nuances allant de l’azur à l’outremer en passant par turquoise, pervenche, colbalt… Très structurée la collection débute par une première série mettant en scène du coton assez raide presque travaillé dans un esprit denim avec des surpiqûres.

Surgit ensuite le flou dans des matières légères avec fluidité. La maille se tricote dans de grandes robes pulls enveloppantes et cocon.

Les silhouettes ensuite hybrident les matières, les formes, les longueurs et se construit le puzzle. A noter les vêtements à trois poches, deux traditionnelles et une au milieu, plastronnant. Quelques plis, un travail sur les drapés, des épaules basses et un jeu de découpes ou parfois se découvre le corps.



Pas vêtement de travail, le grand bleu dessine une jolie collection aux allures conceptuelles, mais aussi très accessible à porter.

Photos Patrick Stable
lire le billetC’est dans le contexte très particulier de l’ « affaire Galliano » qu’a débuté la semaine de la mode à Paris. Si tous condamnent les inacceptables propos du couturier, chacun garde en mémoire l’émotion que suscitait ses défilés. Mais déjà se profile la question de la succession d’une des maisons les plus importantes de la planète mode. Beaucoup de supputations s’esquissent. Chez Dior où la Haute couture continue d’exister, qui pourrait en reprendre les rennes ? Parmi les noms qui reviennent sont cités l’actuel créateur de Givenchy : Riccardo Tisci et aussi (en mineur) Hedi Slimane qui avait fait les beaux jours de Dior Homme de 2000 à 2007 ou encore Alber Elbaz, actuellement chez Lanvin. La fashion week bruisse également d’un changement chez Yves Saint Laurent avec le départ de Stefano Pilati et l’arrivée de ??? Hedi Slimane ici aussi évoqué ou encore Olivier Theyskens.
Mais le « show must go on » avec neuf jours de défilés. Au programme 90 défilés dans le calendrier officiel et une dizaine en “off” sans compter les présentations en show-rooms et les salons.
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