Rome avait déjà avec le MACRo un lieu dévolu à l’art contemporain ; avec l’ouverture du MAXXI, la ville devient incontournable dans ce secteur. Imaginé par Zaha Hadid le lieu est un petit bijou d’architecture contemporaine. De l’extérieur, les volumes s’imbriquent, se superposent, débordent avec aplomb.
A l’intérieur une circulation labyrinthique amuse, surprend dans la découverte des volumes et leur utilisation. Courbes, droites, escaliers, escalators se complètent en pointillé des silhouettes mouvantes des spectateurs.
Photos Iwan Baan, S Cecchetti. Courtesy ZahaHadidArchitects
Mais le MAXXI n’est pas une énième création architecturale à coque vide et collections fantômes. Les oeuvres qui occupent l’espace constituent une belle sélection où figure la plupart des grands noms de l’art contemporain : Lucio Fontana, Joseph Beuys, Gilbert & George, Michelangelo Pistoletto, Tony Oursler, Giuseppe Penone, Mario Merz… La collection, non seulement ne dépare pas avec les partis pris architecturaux, mais s’intègre à la perfection dans l’espace muséal.
Le nom MAXXI est un acronyme pour Museum for the Arts of the twenty-first century.
Parmi toutes les oeuvres exposées, quelques unes ont un intéressant lien avec le vêtement, voire en élargissant, avec la mode. Si les costumes de feutre de Beuys et la mite géante capable de les dévorer ou l’extraordinaire robe en viande de Jana Sterbak n’y figurent pas, d’autres oeuvres sont à découvrir.
-Yinka Shonibare, artiste anglo-nigérien, s’interroge sur l’identité culturelle de chacun, évidemment véhiculée par le vêtement. Il a choisi de perturber la perception de l’ordre des choses en installant des silhouettes de personnages historiques en donnant un twist à leurs tenues. S’il a choisi de respecter l’historicité du costume, il utilise pour leur réalisation des tissus africains de type wax ! Inquiétante étrangeté d’une rencontre entre Henry James et Hans Christian Andersen, tous deux vêtus d’imprimés bariolés typiques des boubous mais avec un style à l’allure de dandy. Une interrogation à associer pour l’artiste à une perception post-colonialiste de l’Afrique par les occidentaux. Par leur style, les silhouettes indiquent le statut défini par le vêtement dans la société, mais la tête absente, effacée, déshumanise la vision pour mieux montrer que le colonialisme a été décapité par les révolutions démocratiques (sic !).
Fabio Mauri avec Il muro occidentale o del pianto (1993) part en voyage avec une multitude de valises, bagages remplissant un espace compact de plus de quatre mètres. Loin d’un dépôt d’objets trouvés, d’une consigne ou de la réserve d’un malletier, la référence au mur des lamentations de Jérusalem surgit et l’oeuvre renvoie aux diasporas dans le monde.
-Ilya et Emilia Kabakov. L’installation du duo, « Where is our place » (2003) orchestre une perception humoristique autour d’une perturbation des échelles de grandeur, digne de Gulliver ou d’Alice au pays des merveilles. Si une série d’oeuvres est classiquement à portée d’oeil humain, la partie supérieure est occupée par des morceaux de tableaux engloutis dans le plafond. Ces oeuvres gigantesques sont visibles dans leur seule part inférieure. Encore plus étrange, les paires de mega jambes, traces de visiteurs imaginaires, à l’échelle des grands tableaux. Dans le sol, des trappes emportent vers un monde miniature. Amusé, perturbé, le spectateur tente de trouver sa place dans un monde curieusement dimensionné.
-Jana Sterbak. L’artiste tchéquo-canadienne, auteur de la robe de chair pour albinos anorexique ou de l’homme anthropométrique, tatoué dans le cou d’un code barre a imaginé une Faradayurt, yourte de Faraday (allusion à la cage) une tente cylindrique au sommet conique. La structure métallique en flectron, imperméable aux ondes électromagnétiques, orchestre une fusion entre habitat ethnique et technologie, un refuge pour l’homme de demain.
Couturier italien présentant chaque année en janvier en Haute Couture, Marurizio Galante travaille aussi dans le secteur du design avec notamment Tal Lancman. Dans le cadre de la semaine parisienne des designers, ils ont présenté une pépinière de « Coussins de belle-mère » sur lesquels les visiteurs ne s’asseyaient qu’après avoir vérifié l’absence de piquants réels du pouf en trompe l’œil. Une jolie façon d’échapper au piquant des belles-mères et de s’asseoir dessus. A noter le carton d’invitation avec un belle mamma italienne de noir vêtue. Le pouf (collection éditée chez Cerruti Baleri) a aussi dans son zoo un lapin, un hippopotame, un tigre et une exquise carpe japonisante (presque sushi!)…
mais le monde entier est un cactus
Souvent associée à la mode, la photo est aujourd’hui art à part entière et bien mise en valeur dans les musées ou lors d’expositions. Les différentes ventes permettent de mesurer l’intérêt croissant porté à ce secteur.
La récente vente organisée par Christie’s à Paris a rendu hommage à un grand photographe. Né en 1933, Jeanloup Sieff a publié sa première photo à 17 ans (dans Photo Revue). Il a travaillé pour Elle, a rejoint à une époque Magnum, a été récompensé notamment par le prix Niepce… Il et a publié de très nombreux recueils de photos : « J’aime la danse », « La vallée de la mort », « Torses nus » ou encore « Faites comme si je n’étais pas là ».
Si la vente a proposé une soixantaine de lots, c’est le mythique portrait d’Yves Saint Laurent nu qui a établi un record mondial pour l’artiste, adjugé à 39.400€. Ce portrait de 1971 où le couturier apparaît presque christique, nimbé de lumière, assis sur des coussins en cuir noir a notamment servi de campagne au parfum Pour homme de la maison YSL avec une accroche réussie : « Depuis trois ans cette eau de toilette est la mienne. Aujourd’hui elle peut être la vôtre. »
La photo d’un « Derrière anglais » s’est aussi très bien comportée, culminant à 27.400 €.
lire le billet