« Dressing couture » proclame Alexis Mabille qui a imaginé une vestiaire « flexible », modulable. Sa collection a été imaginée pièce par pièce et non en looks pour mieux permettre de jouer et de mélanger les différents éléments. Le créateur avait choisi une présentation statique (toujours très agréable pour voir les vêtements de près). Grand jupon de dentelle, redingote noire à col châle, haut en dentelle blanche, robe rouge sang, blouse en organza à volants (« manches extravagantes »)… Sans oublier les éléments du smoking qui se portent masculin-féminin avec une chemise en crêpe de soie et le noeud papillon cher au créateur. Le noeud se retrouve aussi en grand sur un long fourreau bicolore.
Quand : le 5 juillet 20h
Calendrier : In
Statut : Membre invité
Lieu : Angelina
Nombre de pièces : une vingtaine
Mariée : Non
lire le billetSi les épaules sont toujours à l’honneur chez Alexandre Vauthier, elles semblent un peu plus modestes ; mais donnent de l’allure à une femme conquérante. La silhouette est très féminine, voire même sexy. Cette saison dominent le noir et le blanc tandis que final est brillant, doré. A noter une remarquable robe bicolore travaillée dans un rectangle de tissu et qui se dessine tout en volume.
Quand : le 5 juillet 19h
Calendrier : Off
Lieu : Institut du monde arabe
Nombre de modèles :
Mariée : Non
Le plus : Une salle joliment parfumée avec une création de Francis Kurkdjian : AV1
lire le billetEn off des défilés, le couturier libanais George Chakra a imaginé une collection très « red carpet » où les tenues sont très habillées, sophistiquées. Une élégance grand soir aux accents hollywoodiens. Grands décolletés, traînes, broderies, drapés travaillés, reflets irisés…
Quand : le 5 juillet 17h
Calendrier : Off
Lieu : Palais de Tokyo
Nombre de modèles : 13
Mariée : Oui
lire le billetLa mode architecturée de Gustavo Lins est émaillée d’accents en hommage à l’Orient et au kimono. Inspiré cette saison par la chaise Fourmi d’Arne Jacobsen (coque unique entre assise et dossier), il a retravaillé l’idée d’une forme organique, d’une ligne circulaire et applique ce principe au vêtement. Se relie ainsi avec maestria l’épaule à la taille et aux hanches. La forme est plaquée dans le dos et se déploie, tourne autour du corps. Ample, le vêtement laisse un espace, une distance entre corps et enveloppe, comme celui qu’implique l’esprit du kimono. Mélange de matières, tissus recyclés construisent une collection où la dimension intellectuelle soutient le propos, mais s’efface devant des vêtements à la construction originale. Kimonos, imperméable, peignoir, composent un vestiaire… sous inspiration japonaise. Originalité et élégance.
Quand : le 5 juillet 16h
Calendrier : In
Statut : Membre invité
Lieu : Une galerie Rue du Perche
Nombre de modèles : 13
Mariée : Non
lire le billetL’histoire de la ligne 0 ou artisanale continue dans le même esprit pour la Maison Martin Margiela. Pour ce nouveau rendez-vous, le saint des saints, l’atelier où trônent les machines à coudre s’est ouvert. Les mannequins ne sont plus en partie cachés dans des alcôves, mais défilent respectant l’anonymat de mise avec des bandeaux noirs sur les yeux. L’hiver 2010-2011 met en valeur la peau animale, cuir, fourrure, … mais souvent déjà travaillée en étoles, en sacs. Récupérées, les peaux sont reprogrammées pour une nouvelle vie.
Les cuissardes-sacs assemblent des sacs autour d’une guêtre en cuir marron. Les sacs sont démontés et gainés d’agneau plongé. Au total 31 heures de travail pour construire les chaussures.
La veste à franges utilise la méthode des scoubidous (des pommes, des poires et…) en guise de décoration, mais avec des lanières de veau velours. 53 heures de travail.
La dernière pièce, une combinaison santiag en trompe l’oeil a nécessité 116 heures.
Une présentation intimiste dans un lieu idéal pour prendre la mesure du temps et le travail artisanal que nécessitent les pièces de ces collections.
Quand : le 5 juillet sur rendez-vous
Calendrier : In
Statut : Membre correspondant
Lieu : Atelier Maison Martin Margiela
Nombre de modèles : 10
Mariée : Non
lire le billetFrançaise d’origine marocaine, Bouchra Jarrar a été à bonnes écoles : Christian Lacroix et Balenciaga. La saison dernière en off, elle se retrouve en deuxième saison en tant que membre invité ; son travail ayant été remarqué et salué. Sa collection, sobrement intitulée N°2, est simple et épurée. Sous le signe du minimalisme, deux couleurs s’opposent et s’épousent : l’ivoire et le marine, parfois relevés d’une touche d’or. L’effet Midas se pose en épaule, en accessoires (ceinture, collier…). Un évident sens de la coupe construit une collection féminine et élégante, en toute simplicité. A remarquer : la robe à dos suspendu qui, de face, ne tient qu’à quelques fils autour du nombril. Une créatrice à suivre.
Quand : le 5 juillet 12h30
Calendrier : In
Statut : Membre invité
Lieu : Musée des arts décoratifs
Nombre de modèles : 19
Mariée : Non
lire le billetMembre invité, Christophe Josse a puisé son inspiration dans le cinéma, dans l’univers de L’Innocent de Visconti. Le créateur a imaginé une collection autour de la « fausse innocence ». Son inspiration se tourne vers le passé, mais s’ajuste aux techniques contemporaines. Si le corset modèle la taille, il est assoupli pour donner liberté au mouvement. Ses silhouettes légères privilégient les mousselines, mais aussi, pour marquer une opulence viscontienne, s’ajoutent des tissus plus riches, plus lourds comme les velours. Un joli travail sur les plumes (autruche notamment) qui virevoltent ainsi sur une robe rebrodée avec des effets « yeux de paon ». La palette de couleurs se définit joliment en : tourterelle, améthyste, noir, gorge de pigeon, suie, brume, gris perle.
Quand : le 5 juillet 10h
Calendrier : In
Statut : Membre invité
Lieu : Palais de Tokyo
Nombre de modèles : 21
Mariée : Oui
lire le billetLe calendrier de la Haute couture pour l’hiver 2010-2011 s’étale sur trois jours auxquels s’ajoute astucieusement une quatrième journée pour la joaillerie.
-Dix maisons ont désormais le statut de membres : Adeline André, Anne Valérie Hash, Chanel, Christian Dior, Dominique Sirop, Franck Sorbier, Givenchy, Jean Paul Gaultier, Maurizio Galante et Stéphane Rolland.
-Quatre sont membres correspondants : Elie Saab, Giorgio Armani, Maison Martin Margiela et Valentino.
-Les membres invités, au statut par définition transitoire, changent au fil des saisons. Cet hiver présentent Adam Jones, Alexis Mabille, Atelier Gustavolins, Bouchra Jarrar, Christophe Josse, Josephus Thimister, Lefranc Ferrant, Maison Rabih Kayrouz.
-Dans la catégorie Mode-accessoires figurent Loulou de la Falaise, Maison Michel, Massaro et le duo On aura tout vu.
-Dans la catégorie hors calendrier se retrouvent des créateurs formant une nébuleuse de off où certains s’approchent de la couture et de ses critères tandis que d’autres profitent de la légèreté du calendrier pour présenter des avant-premières de collections de prêt-à-porter de l’été prochain!
lire le billetSi la phrase de Caton (Carthago delenda est) demeure un fascinant souvenir d’école, la découverte de Carthage à l’heure de la mode dessine un nouveau contour à cette ville mythique. Enjeu des guerres puniques, Carthage fut, dit la légende, astucieusement fondée par Didon.
Aujourd’hui L’Acropolium de Carthage accueille les défilés sur le site de l’ancienne cathédrale Saint Louis, désormais désacralisée. Belle architecture au style byzantin émaillée de touches mauresques, le lieu peut accueillir des centaines de personnes dans sa nef. A l’origine du festival de mode, Syhem Belkhodja (qui a déjà à son actif un festival de danse prestigieux) a imaginé une manifestation loin des fashion week qui fleurissent aujourd’hui aux quatre coins du monde et qui tentent de promouvoir des créations locales très influencées par les passages en boucle de Fashion TV. Cette nouvelle manifestation a la particularité d’être ouverte à tous et a la simple et belle ambition de donner à voir la mode. Le grand public doit simplement faire la démarche de retirer un ticket d’entrée pour avoir accès aux défilés. Pendant quatre jours, la soirée est occupée par cinq défilés qui s’enchaînent, rapidement pour conserver l’attention du public. Des univers très différents se succèdent : des créateurs confirmés, des jeunes, des maisons qui viennent de Paris et des stylistes venant de différents pays d’Afrique. Ce joyeux métissage de styles ajoute l’éclectisme à une présentation éminemment sympathique. Cette nouvelle rencontre Orient Occident va du minimalisme épuré aux chatoyances des belles orientales.
-Ahmed Bel Hasssani vient du Maroc et puise son inspiration dans son pays avec des noms de collections, hommages géographiques : Au travers des sables, Week-end à Fès… Sa collection Escale à Shangri-la part sur le territoire de l’imaginaire tandis que fleurissent sur ses toiles de coton des fleurs brodées.
-Ouarda Helli s’inspire du folklore d’Algérie et imagine des tenues pour belles des mille et une nuits. -Siham El Habti prend la relève de la maison de mode que sa mère a créée au Maroc où le caftan est à l’honneur avec sa collection de Dream Caftans.
-Nabil Younes. D’ascendance tunisienne et libyenne, le créateur a étudié à Paris (Esmod) et a ouvert une maison au Liban. Pour le festival, il a imaginé des robes très habillées autour du thème de Carthage.
-Imane Ayissi vient du Cameroun et tente une hybridation entre l’Afrique et l’Occident. Avec Fashion Ghost, il développe très joliment une collection blanche et une collection noire.
-Clara Lawson Ames. Togolaise et burkinabaise la créatrice utilise le tissu wax hollandais Vlisco avec des coupes plus occidentales.
-Marie Bishara travaille en Egypte, mais défile également à Paris où elle présente ses collections réalisées avec le coton égyptien.
-Katherine Pradeau. Française, elle a notamment imaginé une collection « Caravanes » en collaboration avec une Ong du Niger.
-Didier Ludot. Antiquaire de mode, Didier Ludot a fait partager sa passion du vêtement en proposant une sorte de rétrospective de mode occidentale et très parisienne avec des modèles de Chanel, Courrèges, Dior…
-Adeline André. Membre de la Haute couture, la créatrice a proposé avec délicatesse et raffinement une sorte de happening conceptuel où son mannequin fétiche, Charlotte Flossaut portait ses robes en superpositions. Un moment de grâce et de fantaisie (l’esprit « corde à linges »).
-Faissal El-Malak. Palestinien et canadien il a étudié à Paris (Chardon-Savard). Pour sa présentation, il s’est inspiré des années 6O et d’un univers en hommage à Stanley Kubrick.
-Oliver Swan a fait défiler d’habillées robes du soir.
-Farès Chrait. Tunisien diplômé de la London School of Fashion, il a fait un stage chez Azzedine Alaïa. Sa marque Berbers mêle ses origines à des influences punk ou rock… notamment dans le travail du cuir.
-Said Mahrouf. Né au Maroc, il a grandi en Hollande et y étudié ainsi qu’à New York. Il crée des collections très féminines, mêlant à des découpes géométriques des drapés.
-On aura tout vu. Le duo formé par Yacen Samouilov et Livia Stoianova défile à Paris au moment de la couture. En ce moment Lady Gaga porte régulièrement leurs créations les plus excentriques. Pour Carthage, ils ont choisi un florilège de différentes collections pour montrer leur inspiration baroque, leur travail de broderies et leur humour.
-Anne Valérie Hasch. Française, elle a joué à confondre l’un et l’autre dans des collections androgynes où les vestiaires masculins et féminins se confondaient ; mais la créatrice sait aussi jouer de la féminité. Sa dernière collection transformait des pièces ayant appartenu à des personnalités : le pyjama d’Alber Elbaz en combinaison smoking, une robe de Bettina Rheims en bottes…
-Maurizio Galante. Italien, le créateur de Haute couture à Paris a clôturé le festival avec un magnifique défilé concert avec au piano Jeff Cohen et la voix de Pauline Sabatier. La jeune cantatrice s’est joliment prêtée au jeu de l’habillage sur scène entre chaque chant (dont Didon…). Raffinement des mousselines, travaillées en superpositions, formes enveloppantes, découpes en volutes. Photos Wassim Soltani