La déferlante de biopics

Par E.C

Regarder la liste des sorties de l’année cinéma qui débute en septembre revient à peu près à lire une compilation de noms célèbres car des deux côtés de l’Atlantique, on s’est passé le mot : la saison d’hiver 2013-2014 sera celle des biopics !  En France, par exemple, ce n’est pas un mais DEUX films sur Yves Saint Laurent qui se préparent (l’un officiel parrainé par Pierre Bergé et signé Jalil Lespert, l’autre réalisé par le talentueux Bertrand Bonello). A Hollywood, on parle déjà d’Oscars pour Le Majordome, ou Mandela …. Voilà donc ce qui vous attend prochainement au cinéma.

Les biopics de stars

DIANA (sortie le 2 octobre)

Princesse du peuple, silhouette de star de cinéma, amours impossibles… Voilà qui avait de quoi séduire Hollywood. C’est Oliver Hirschbiegel, réalisateur du très controversé La Chute, qui s’attaque au sujet. Mais la seule controverse cette fois-ci tient à la réduction de l’histoire complexe et non dénuée d’intérêt de Lady Di à une bluette à l’eau de rose. La presse britannique ne s’est pas gênée pour assassiner le film et la performance peu crédible de Naomi Watts. Dixit le Guardian : « Pauvre Princesse Diana. J’hésite à employer le terme de carambolage cinématographique. Mais voici la terrible vérité : 16 ans après ce jour tragique en 1997, elle est morte une seconde fois de manière affreuse. »

Pronostic de VW: naufrage total.

 

MA VIE AVEC LIBERACE (sortie le 18 septembre)

Le (dernier ?) film de Steven Soderbergh avait été réalisé pour la télévision HBO au Etats-Unis. Il sort cependant au cinéma en France, après avoir été projeté à Cannes, et c’est tant mieux ! Il aurait été cruel de cantonner ce beau film au petit écran. Michael Douglas interprète Liberace, célèbre pianiste virtuose qui affolait la gente féminine lors de ses shows exubérants à Las Vegas tout en vivant dans le privé de torrides amours masculines. Basé sur l’autobiographie de l’un de ses amants, Scott Thorson (joué par Matt Damon), le film retrace les tumultes de leur relation : des rapports fusionnels et enflammés  du début aux exigences cruelles de la star, qui demanda à Scott de subir de la chirurgie esthétique afin de mieux lui ressembler…

Avis de VW : à ne pas manquer

 

Les biopics politiques

MANDELA: LONG WALK TO FREEDOM (sortie le 18 décembre)

On parle déjà d’Idris Elba (le génial ‘Stringer Bell’ de la série Sur écoute / The Wire) pour l’Oscar du meilleur acteur. Le film retrace la vie de Nelson Mandela, depuis son enfance à son élection comme Président d’Afrique du Sud. La bande-annonce est assez alléchante et on attend le film avec curiosité. Seul bémol – de taille – au tableau : le réalisateur Justin Chadwick à qui l’on doit l’effroyable film historique Deux sœurs pour un roi

Pronostic de VW : un Idris Elba qu’on pressent extraordinaire mais une mise en scène qui risque d’être conventionnelle.

 

LE CINQUIEME POUVOIR (sortie le 4 décembre)

Polémique te revoici, avec ce film ayant pour héros Julian Assange. Le grand chéri de tous les nerds de la planète, Benedict Cumberbatch (alias Sherlock dans la série anglaise, et Khan dans le dernier Star Trek) prête ses traits au fondateur de WikiLeaks et l’acteur allemand Daniel Brühl, son associé. Et qui pensez-vous se trouve derrière la caméra ? Rien de moins que le réalisateur de Twilight Partie 4 et 5 et de la comédie musicale Dreamgirls, Bill Condon. Etrange, non ?

Pronostic de VW : on est optimiste et l’on fait confiance aux critiques plutôt positives du Festival de Toronto où le film a été projeté. (et tout ça malgré Twilight !)

 

Les anonymes

LE MAJORDOME (sortie le 11 septembre)

Oyez, Oyez ! Si vous n’avez pas encore entendu parler de ce film, préparez-vous à l’overdose ! Lee Daniels récidive après Precious et Paperboy avec ce film relatant le service d’un homme noir, Cecil Gaines, employé comme majordome à la Maison Blanche. Le film retrace donc une bonne partie de l’histoire des Etats-Unis : la lutte pour les droits civiques, la guerre du Vietnam. Lee Daniels s’entoure de stars Oprah Winfrey, Forest Whitaker, Terrence Howard et d’une galerie d’acteurs blancs qui ressemblent de loin aux divers présidents américains… Encore un film pressenti pour les Oscars.

Pronostic de VW : grande méfiance à cause de Lee Daniels principalement, mais aussi de l’ensemble qui ressemble fort à une machine à Oscars.

 

JIMMY P. (sortie le 11 septembre)

Arnaud Desplechin signe ici son premier film américain, et son deuxième en langue anglaise après le sublime Esther Khan. Jimmy Picard (Benicio Del Toro), un Indien Blackfoot ayant combattu pendant la Seconde Guerre Mondiale, présente de nombreux troubles physiques et psychiques. Il est interné au Kansas où il est examiné par un psychanalyste français, Georges Devereux (Mathieu Amalric). Le film a déçu à Cannes, mais les avis tendent à changer hors festival. Suspense donc.

Pronostic de VW : on a confiance en Desplechin pour se tirer d’un sujet aussi ardu.

 

FRUITVALE STATION (1 janvier)

Le film retrace la dernière journée d’Oscar Grant III, jeune noir-américain de 22 ans tué par balle sur un quai de métro par un policier le soir du Nouvel An 2008. Le film est très rigoureux dans les faits, et ne cherche pas à cacher le passé de petit délinquant de la victime. Michael B. Jordan (repéré adolescent dans Sur écoute / The Wire) est subtil et émouvant et s’affirme comme un acteur à suivre. La deuxième partie du film est sidérante de réalisme. On regrette cependant quelques manipulations émotionnelles dans l’utilisation de la fille d’Oscar Grant.

Avis de VW : formidable

 

12 YEARS A SLAVE (sortie le 22 janvier).

On vous le dit tout de suite : ce film est une révolution en marche. La troisième réalisation de l’artiste Steve McQueen (Hunger, Shame) retrace l’histoire de Solomon Northup, un homme noir libre,  kidnappé et vendu comme esclave dans le Sud  des Etats-Unis. McQueen s’est entouré d’un casting impeccable, à commencer par Chiwetel Ejiofor, acteur remarquable et sous-employé jusqu’ici. Michael Fassbender, habitué du cinéaste, Paul Dano, Benedict Cumberbatch, Paul Giamatti, et Brad Pitt sont également au générique. Il suffit d’avoir vu Hunger et Shame pour se rendre compte que Steve McQueen est sans doute le plus grand cinéaste de notre temps. McQueen n’a peur de rien, traite ses sujets de manière crue et souvent violente, sans jamais montrer de complaisance. Qui d’autre que lui aurait pu mettre en image la cruauté et l’atrocité de l’esclavage ? Oubliez vite Amistad, et autres tentatives… Car bien plus qu’un film historique et réaliste, c’est un film d’art que nous offrira Steve McQueen.

Pronostic de VW : Chef d’œuvre.

Viddy Well !

 

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