Par E.D.
Downton Abbey est de retour avec une troisième saison qui rencontre toujours autant de succès que les deux précédentes. Moins « soap opera » que la deuxième pour l’instant, cette nouvelle saison se rapproche davantage de la première avec un style toujours plus affirmé.
C’est l’occasion de débuter une série de portraits de scénaristes, pauvres créatures de l’ombre dont on ne parle jamais assez… Avec le créateur de la série britannique : Julian Fellowes.
Également acteur et réalisateur, Julian Fellowes est surtout connu pour son travail de scénariste.
Après deux ans à Los Angeles dans les années 80 où il a tenté de percer en tant qu’acteur, accumulant des petits rôles dans des séries télé, Fellowes retourne en Grande-Bretagne où il persiste avec quelques rôles à la télévision. Ce n’est qu’à partir des années 90 que son travail de scénariste se fait connaître, poursuivant un succès croissant jusqu’aux années 2000 – véritable boom scénaristique de M. Fellowes.
En 1990, il débute avec le téléfilm Little Sir Nicholas. Puis avec les mini séries Little Lord Fauntleroy (1996) et The Prince and the Pauper (1996), Julian Fellowes poursuit dans ce genre dont les Anglais raffolent, les fameux « period drama », ou drames d’époque, souvent adaptés de classiques de la littérature britannique. En 2001, l’excellent Gosford Park (Robert Altman), pour lequel il gagne un Oscar, impose la marque de fabrique du scénariste – marque que l’on retrouve dans Downton Abbey (2010) ou la mini série Titanic (2012) – : l’illustration de la hiérarchie britannique au début du XXe siècle. Comme le parodient si bien les acteurs du Jimmy Fallon Late Night Show, il existe dans Downton Abbey, ceux qui sont « Upstairs », noblesse, Lords et compagnie, et ceux qui sont « Downstairs », les domestiques, les travailleurs, ceux qui viennent du fin fond de l’Angleterre rurale ou de l’Irlande, et qui parlent avec un accent si fort qu’on a besoin de rajouter les sous-titres….
Mais là où l’art de la plume (ou du clavier) de Fellowes diffère, c’est dans sa capacité à imaginer un réseau de personnages qui s’entrecroisent constamment. Bien que fortement présentes, les frontières entre les différentes classes sociales se dissolvent dans la narration car toutes les histoires interagissent, influant les unes sur les autres pour former un bloc de voix vivant sous un même toit, celui de Downton Abbey. Chaque personnage est développé et doté d’une profondeur unique, si bien qu’il semble difficile de discerner qui est un personnage principal et qui est secondaire ; tous ont leur importance dans cette composition chorale où la multiplicité des points de vue règne.
C’est sans doute en cela que la série se démarque d’autres fictions du même genre, et non des moindres. Nous pensons notamment à l’excellent film de James Ivory, Les vestiges du jour (The Remains of the Day, 1993), avec Sir Anthony Hopkins et Emma Thompson, adapté du roman de Kazuo Ishiguro. Son style, Julian Fellowes semble l’affiner au fil des adaptations. Ce n’est pas une coïncidence si ses scénarios à succès sont justement ceux où il exploite ce point fort de multiplicité des voix, par opposition à d’autres de ses films comme Vanity Fair, la foire aux Vanités (2004), Victoria – Les jeunes années d’une reine (2009), ou The Tourist (2010). Nous espérons donc le voir exploiter ce filon scénaristique dans ses prochaines adaptations…
Voici les projets du scénariste, actuellement en post-productions : Romeo et Juliette, réalisé par Carlo Carlei, avec Damian Lewis (Homeland), Paul Giamatti, Douglas Booth en Roméo et Hailee Steinfeld, la jeune fille de True Grit, dans le rôle de Juliette.
Crooked House, réalisé par Neil LaBute, avec Michael Sheen et adapté d’un roman d’Agatha Christie.
Si vous ne connaissez pas encore le travail de Julian Fellowes, Viddy Well vous conseille ses meilleurs scénarios : commencez par le film Gosford Park, puis dévorez la série Downton Abbey !
Bon visionnage !
Viddy Well !
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