C’est avec un « Bientôt mariés ! » unanime que les magazines people se réjouissent : Jen, petite fiancée de l’Amérique depuis une quinzaine d’années, a enfin trouvé l’amour ! Le vrai cette fois-ci, affirment-ils. L’actrice de 43 ans va épouser Justin Theroux (acteur-scénariste-producteur-réalisateur) sept ans après son divorce ultra-médiatisé d’avec Brad Pitt. Et cela fait sept ans que la presse people s’évertue à opposer Jennifer Aniston à Angelina Jolie, faisant des deux actrices des ennemies mortelles : c’est Jen vs Angie, à vous de choisir votre camp. Angelina Jolie nous est présentée comme la briseuse de ménage par excellence. Manipulatrice, calculatrice, ce n’est autre que le démon de la chair, Eve incarnée, qui a attiré Brad dans ses filets, comme un aimant semble-t-il, sans que ce dernier ait son mot à dire… Ce phénomène d’opposition entre l’épouse fidèle et bafouée, véritable ange du foyer, et l’affreuse tentatrice est bien loin d’être nouveau particulièrement aux Etats-Unis. Les magazines américains ont de tous temps pris le parti de celle considérée par l’œil public comme « pure » contre celui des maîtresses en occultant totalement le rôle joué par l’homme. On l’a vu récemment avec le cas Stewart-Pattinson-Sanders. Tout ça c’était bien la faute de Kristen, le pauvre Rupert n’a fait que céder… Depuis Adam on le sait, l’homme est faible et ne peut résister à la tentation. Avant lui, Brad était aussi sans défense face à la séduction destructrice d’Angie…
Ce qui est curieux pourtant, c’est l’hypocrisie avec laquelle la presse people prend (ou non) le parti de ces femmes. Ces magazines cataloguent les actrices ou autres célébrités dans un rôle précis. Jennifer Aniston sera à jamais la Rachel de Friends, celle pour qui les Américaines ont espéré un happy-end pendant les dix ans de la série, s’identifiant à cette jeune femme jusqu’à en copier la moindre coupe de cheveux. Jennifer Aniston n’a depuis jamais été détrônée de son statut de « petite fiancée de l’Amérique ». Tout le pays est en émoi lorsque la jeune actrice, simple « girl next door », réalise son « conte de fées » en épousant Brad Pitt, sex-symbol américain par excellence. Et à en croire les commentaires, si cette jolie sorcière ne s’était pas pointée, le mariage Pitt-Aniston serait encore d’actualité. Ainsi naît le combat Madone vs Eve, Ange vs Démon. Combat qui ne date pas d’aujourd’hui…
CATÉGORIE MADONE
Perçues par le grand public comme des femmes pures et innocentes surtout grâce à leur physique, de grandes actrices comme Grace Kelly ou encore Audrey Hepburn avaient beau êtres adorées du public, leurs mœurs n’avaient pourtant rien pour susciter l’admiration d’une Amérique ultra-puritaine. Grace Kelly pendant sa carrière hollywoodienne avait pour habitude de séduire tous ses partenaires masculins (à l’exception de James Stewart, dit-on). Mais la beauté froide qu’était Grace Kelly, avec son teint pâle et sa blondeur virginale, en faisait l’incarnation de la pureté et de l’innocence : une beauté aussi céleste ne pouvait faire d’elle qu’un ange. Et pourtant, l’actrice était bien plus séductrice que la Lisa de Fenêtre sur cour ou encore de Amy, l’épouse angélique du Train sifflera trois fois. Dans Mogambo, son personnage est opposé à la sensualité sans bornes d’Ava Gardner et c’est bien contre son gré que son personnage succombe à un Clark Gable irrésistible. Mais la belle n’ira pas plus loin qu’un baiser, et restera fidèle à son époux. Tout est bien qui finit bien ! C’est donc à sa beauté que Grace Kelly doit de ne pas s’être attirée les foudres du public, ce qui lui permit de conserver son image de femme pure et intègre. Autre image de la perfection faite femme : Audrey Hepburn. Cette dernière, au charme incomparable, eut pourtant plusieurs liaisons avec des hommes mariés. L’actrice vécut une célèbre romance avec William Holden, son partenaire dans Sabrina et Deux têtes folles, pourtant bien casé. Mais voilà, Grace Kelly, Audrey Hepburn, comme Jennifer Aniston aujourd’hui (précisons en passant que la filmographie de cette dernière est loin d’égaler celles des deux actrices précédentes) n’avaient pas un sex-appeal évident. Jamais celles-ci n’entraient dans la catégorie de ces actrices connues pour leur volupté ou pouvoir de séduction.
LES TENTATRICES
Marilyn Monroe, Ava Gardner, Lana Turner… On le voit bien à leurs filmographies, ces sex-symbols obtenaient au cinéma d’autres genres de rôles… Femmes fatales, prostituées… Elles étaient loin d’avoir des rôles d’épouses bien sages ! Lorsque la liaison d’Ingrid Bergman avec Roberto Rossellini fut connue, l’enfer s’abattit sur l’actrice. Ostracisée par Hollywood, le Congrès alla même jusqu’à fustiger cette relation immorale. Elizabeth Taylor, elle aussi, en fit largement les frais lorsqu’elle « débaucha » Eddie Fisher, marié à la petite fiancée de l’Amérique de l’époque, Debbie Reynolds. La grande Liz fut victime des pires accusations dans la presse people. Mais ces attaques n’étaient rien comparées à celles que la même Liz Taylor allait endurer quelques années plus tard lorsqu’elle entama sa liaison passionnelle avec Richard Burton sur le tournage de Cléopâtre. Rejetée par les Etats-Unis pour ses mœurs impardonnables aux yeux des puritains, critiquée par le Vatican, Liz fut longtemps l’incarnation de la tentatrice absolue. Qui, en effet, pouvait résister à ces fameux yeux violets ? On voit bien là toute l’hypocrisie de la société : on adulait Liz comme sex-symbol au cinéma mais il fallait l’agonir d’injures lorsque ces mêmes atouts s’exerçaient dans la réalité. Double hypocrisie d’ailleurs, puisque le mariage soi-disant harmonieux du couple Fisher-Reynolds était en réalité un arrangement trouvé par les studios. C’est bien le même phénomène que l’on retrouve aujourd’hui. N’est-ce pas son physique ouvertement sensuel que les médias reprochent à Angelina Jolie ? La presse people semble en effet obsédée par la vie sexuelle de la star à qui l’on prête mille amants et mille vices cachés. Et n’est-ce pas la vue de ces photos trop intimes qui ont choqué les américains dans l’affaire Pattinson-Stewart-Sanders ? Voir la virginale Bella de Twilight se révéler en jeune femme sûre de sa séduction dans les bras d’un homme marié, en voilà trop !
Angelina Jolie conserve aujourd’hui sa réputation de séductrice malfaisante alors qu’elle est maintenant en couple depuis pas mal d’années et mère de six enfants. En revanche, que Jennifer ait trouvé l’amour en séduisant un homme qui était pourtant en couple depuis plusieurs années (sans être marié, peut-être est-ce là toute la différence ?) n’a pas bouleversé les foules. Il faut dire que cette fois l’autre femme était une inconnue du grand public. On n’a donc que faire visiblement des non « people »…
Il est franchement agaçant de voir avec quelle hypocrisie on oppose ces femmes entre elles en les catégorisant, comme si leur physique les prédestinait à un rôle spécifique. La presse people a cette fâcheuse habitude de cataloguer les actrices comme des objets sur une étagère, oubliant le caractère humain de ces histoires de couples. Il serait bon de lire, un de ces jours, un article sur Jennifer Aniston qui ne reviendrait pas sur l’affaire Jolie-Pitt. Car comme le disait Billy Wilder : « Personne n’est parfait ! »
Viddy Well !
E.C
Excellent, bravo, mon psychanalyste approuverait certainement, Peut-etre vous lit-il.
Un article engagé, qui n’a pas peur de prendre position.