L’importance de la descente

C’est donc fait. Malgré ce que tout le monde disait (moi le premier) sur des Alpes amoindries dans le tracé 2010, peu mises en valeur, on aura eu une sacrée sélection, pour se retrouver avec le véritable duel attendu : Contador contre Schleck. Ils ont laissé, dans le col de la Madeleine, tous leurs concurrents derrière eux. Ca n’a donc pas été une bataille : les deux favoris, s’ils se battent de front, le feront dans une ascension du Tourmalet. Ce fut un détachement, principalement dans la Madeleine, donc.

L’écart s’est fait dans la montée de la Madeleine, donc. Au sommet, Contador et Schleck avaient mis leurs rivaux loin derrière eux : 1’39 pour Menchov et Leipheimer, 7’34 pour Evans. En s’attaquant légèrement (Schleck jouant avec Contador, qui jouait au patron réactif), ils ont de fait collabora pour distancer les petits joueurs.

Ce qui est néanmoins frappant, et amusant, c’est que l’écart s’est également creusé dans la descente. Contador et Schleck ont fait une descente fantastique de la Madeleine, et très bien roulé sur le bas. Ils arrivent avec 2’05 d’avance sur le groupe Leipheimer – Menchov, et 8’07 sur Evans. Trente secondes de mieux, grosso modo, sur les descentes des autres coureurs. Un tiers de l’écart final aura été fait dans la descente, deux tiers dans la montée. C’est rare, et ça prouve que le mythe de l’arrivée en hauteur ne vaut pas toujours : une descente, c’est parfois majeur, même si ça ne fait que succéder à une montée qui est l’endroit où se décide le classement. Schleck, qui n’est pas réputé un très bon descendeur, peut remercier la pugnacité et l’intelligence de Contador dans cette phase de l’étape : il a suivi le boss, dans sa roue, et profité de sa dynamique.

Cela fait voir certaines étapes à venir autrement. On se disait que l’étape monstre Bagnères de Luchon – Pau, avec le Tourmalet et l’Aubisque, ne serait pas forcément décisive, l’Aubisque étant loin de l’arrivée. La descente sera un peu amortie par une arrivée tardive. Mais il va falloir regarder aussi Pamiers-Bagnères, lundi prochain : le col du Port de Barès, hors catégorie, est à 20 km de l’arrivée. Les deux leaders vont-ils jouer une carte similaire ? Contador, fort de ses capacités de descendeur, va-t-il tenter de choper son jeune rival et lui gagner des secondes dans la descente ? Les ténors de second rang, qui se battent désormais pour la troisième place, ont compris qu’on pouvait manger des secondes dans cette phase de jeu : comment vont-ils anticiper ces étapes-clefs ?

Ce sont des cartes à jouer, et une leçon : la montagne, on y crée un classement dans la montée, on peut le modifier un peu dans la descente…

Un commentaire pour “L’importance de la descente”

  1. Ma maigre culture du cyclisme me rappelle aux bons souvenirs de Charly Mottet qui, dans les années 80/90, était un très grand spécialiste en la matière si je ne m’abuse.

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