10 règles sur le spoiler

Écrire sur les séries télé, c’est périlleux. Surtout en ce moment. Depuis l’explosion des réseaux sociaux en général et de Twitter en particulier, une petite bête qui n’embêtait que les farfouilleurs de la toile est devenu le cancer du clic : le spoiler. Il faut désormais prudemment scroller pour ne pas se faire spoiler, et prudemment critiquer pour ne pas se faire troller. Autrement dit, le moindre mot de travers, le moindre sous-entendu, voire la moindre expression de joie ou de déception peuvent vous entrainer la haine durable des fans de tous poils, bons ou mauvais. Il n’existe malheureusement aucune règle universelle sur ce qui est spoiler et ce qui ne l’est pas. Du coup, j’ai voulu prendre un moment pour risquer 10 règles qui définissent ma vision du spoiler. Attention, article sans spoilers – ou sans spoils, selon les choix grammaticaux. Moi j’opte pour la version anglaise.

1. Spoiler, c’est pas bien.
Personne ne cherche à le contester : balancer un élément de l’intrigue d’une série, c’est moche. Il faut respecter le plaisir d’autrui, et donc tout faire pour ne pas spoiler. Je ne comprend pas, par exemple, que certains fans veuillent apprendre en amont ce qui va se passer dans leur série. La surprise, la découverte, y’a que ça de vrai. Donc, répétons-le avant de détailler : spoiler, c’est pas bien.

2. Spoiler annoncé, spoiler pardonné.
C’est une question de bon sens. Dans certaines situations, pour aborder un épisode où des événements notables se déroulent (par exemple, le fameux 309 de Game of Thrones), il faut se fendre d’une « alerte spoilers. » Celle-ci doit être bien visible, en gras, au début du post, et dans le tweet qui met en avant le post, si possible avec un hashtag. Ceci ne marche pas quand on écrit un tweet qui donne directement le spoiler, avec l’alerte deux mots avant.

3. Spoiler involontaire, spoiler à demi pardonné.
Il arrive, malgré une vigilance renforcée, qu’un spoiler nous échappe. Dans l’instant, dans l’émotion, dans la discussion. On a beau l’effacer rapidement, ça arrive. C’est comme toutes les erreurs de la vie. On s’excuse, on efface, on avance.

4. Une émotion n’est pas un spoiler (quoi que).
Point délicat, qu’il faut préciser : si je dis « j’ai beaucoup aimé la fin de Dexter », ce n’est pas un spoiler, juste un sentiment sans éléments d’intrigues – et un gros mensonge. Si en revanche je dis « alala, la scène à la fin de la saison 12 de Dexter, j’arrive pas à m’en remettre », là c’est du domaine du spoiler. Il faut faire la part des choses.

5. Il y a spoiler et spoiler.
Lâcher un élément d’intrigue mineur de l’épisode 7 de la saison 4 d’une série, c’est moche, mais ce n’est pas dramatique. Balancer la fin d’une série, c’est plus grave – j’entends balancer la fin sans alerte spoiler, cf le point n°2. Il faut distinguer l’importance des spoilers. On ne taille pas un short aussi court à celui qui a osé divulguer la couleur de la chemise de Walter White en fin de saison 3.

6. On peut spoiler un autre jour.
Il existe une date de péremption pour un spoiler. Difficile de se mettre d’accord là-dessus, mais il faut bien, un jour ou l’autre, libérer les paroles. Globalement, j’aurais tendance à dire qu’on peut souffler à la sortie en DVD en France d’une série US. Donc, après la diffusion US et la diffusion française. Ça reste finalement assez court. Alors, pour les séries à fort capital spoilant, poussons jusqu’à 5 ans, max. La fin de Lost, par exemple, est encore un spoiler pour 1 an et demi. Celle de La Petite Maison dans la Prairie, faut pas pousser. Ça ne veut pas dire qu’il faut balancer ça sur Twitter sans retenue. Ça veut dire qu’on ne lance pas une fatwa sur une vieille fin oubliée au fin fond d’un article.

7. There is no frontier for spoilers.
Il faudrait dire ça aux Américains. Ce n’est pas parce qu’on est le Hollywood Reporter, EW, Deadline ou Variety à Los Angeles qu’on peut twitter et balancer avec un avertissement minimum des articles du genre « Untel réagit à la scène choquante de son personnage. » On n’est pas cons, on sait ce que ça veut dire : le type est sans doute mort. Les puissants n’ont pas plus d’excuses que les autres. Quand on spoile, on prévient, et on choisit ses mots.

8. Qui se jette dans le spoiler en assume les conséquences.
Ceux qui lisent un post, un article, qui regardent une vidéo ou écoutent un son signalés « spoilers », le font à leurs dépends — je l’ai fait, je m’en mord encore les doigts. On ne peut pas accuser de spoilage quelqu’un qui prend des mesures et prévient en amont. Ça serait comme se jeter à poil, sous un orage, dans un transformateur EDF, et venir se plaindre d’électrocution derrière. Be aware of spoilers, comme dirait la voix de la RATP. Ne cliquez pas sur un lien qui dit « ma critique de la scène finale de la série, attention #spoilers » si vous n’avez pas vu la fin de la série en question ! Ou alors ayez conscience de ce que vous risquez…

9. Le transfert de spoiler incombe au transfereur.
C’est un des cas malheureux qui arrivent sur Twitter. Vous twittez : « ma réaction à la fin de la série, attention #spoilers », et quelqu’un vous retweete mais, pour rentrer dans les 140 caractères, coupe le « attention #spoilers. » La faute revient à celui qui retweete, pas à vous ! Même un retweet complet d’un papier qui spoilerait, sans prévenir, est un spoiler à mettre sur votre compte. Faites donc attention à ce que vous faites circuler.

10. Spoiler n’est pas tuer.
Ben non. C’est juste spoiler. C’est chiant, c’est agaçant, ça peut être nuisible à un plaisir sériel, mais ce n’est pas la fin du monde. Donc, restons civils sur toute la ligne, comme dirait la RATP (je sais pas pourquoi je me mets à citer la RATP à longueur de post…).

Si toutefois ces quelques règles ne vous conviennent pas, vous pouvez essayer celles de College Humor, énoncées par quelques visages fameux des séries…

5 commentaires pour “10 règles sur le spoiler”

  1. règle de base ne jamais lire de commentaires avant d’avoir soit même vu l’épisode ou la série.

    sinon, il y a réellement une fin à la petite maison dans la prairie ?

  2. ATTENTION SPOILER

    Votre article m’a bien fait rire. il n’y a rien de pire que les couillons qui lisent un article sur la fin d’une série, puis pleurent et engueulent l’auteur de l’article parce qu’ils se sont fait spoiler…

    “Si en revanche je dis « alala, la scène à la fin de la saison 12 de Dexter, j’arrive pas à m’en remettre », là c’est du domaine du spoiler.”

    Ah bon ? Franchement ça veut rien dire : c’était triste ?c’était terrible ? C’était trop bien ?

    “« j’ai beaucoup aimé la fin de Dexter », ce n’est pas un spoiler, juste un sentiment sans éléments d’intrigues – et un gros mensonge. ”

    😉 )))))) SPOILER : B- – – – – -N

  3. Oui AP ils meurent dans un bain de sang c’est affreux.

  4. Merci pour le spoiler sur le 309 de GOT…

  5. J’adore une scène de Suits dans laquelle le héros fait un énorme spoiler sur Downton Abbey pour gâcher le plaisir d’un autre personnage.
    Le mieux est que c’est un vrai spoiler!

« »