Rentrée US 2013-2014 : semaine 2

Accrochez vos ceintures, cette fois-ci c’est la bonne. Après une semaine de chauffe 100% Fox et seulement trois nouveautés, la rentrée rentre. Pour de bon. Il y avait 10 nouvelles séries cette semaine — et encore, je ne compte pas demain dimanche, qui sera dans la semaine 3. Dix séries, ça fait du pilote, des surprises (ou pas), des visionnages amusés, agacés, curieux, et un post du samedi qui fait mal aux doigts. Au menu : The Blacklist, Hostages, Agents of SHIELD (oui, on le fait sans les points), The Michael J. Fox Show, The Crazy Ones, Trophy Wife, The Goldbergs, Back in the Game, Mom et Lucky 7. Ouf. Prenons-les par ordre de diffusion. Alors, heureux ?

THE BLACKLIST (NBC)

Comment je la sentais. Gros buzz autour de ce thriller où un super criminel (James Spader) se livre volontairement au FBI, soi-disant pour les aider à choper ses concurrents eux-aussi très méchants. Presse verrouillée, promo agressive, témoignage enthousiaste de ceux qui ont pu voir le pilote… The Blacklist était la seule série à pouvoir faire de l’ombre à Agents of SHIELD dans la catégorie mammouths de la rentrée. Je m’attendais à du fun, même si je craignais un beau cabotinage de Spader.

Ce que je pense du pilote. Impression confirmée. The Blacklist est un gros machin excessif, mais ça marche. On est diverti, et c’est tout ce qu’on demandait. Certes, il y a là toutes les caricatures possibles du genre, avec agents du effbeeaï qui parlent avec pleins de mots techniques dans des bureaux sans fenêtres (ça fait une lumière inquiétante), des grosses voitures noires et des hélicoptères, certes la jeune fliquette que Spader choisit pour mener l’enquête avec lui est bien trop jolie, certes Spader en fait un peu des caisses — avec assez d’ambiguïté pour que ça marche. Mais on ne s’ennuie pas, ça fonce, ça rebondit, ça surprend, et il y a même un peu d’humour — merci Spader. Donc, en gros, c’est un thriller banalement efficace avec un bon acteur qui incarne un personnage énigmatique. Ça suffira pour avoir la curiosité de revenir.

Ma note : 7/10, parce qu’on ne demande pas à du Nutella d’être du caviar. Et que Spader fait bien ce qu’il a à faire.

 

HOSTAGES (CBS)

Comment je la sentais. Bof bof bof. Ma première réaction a été : mais que vient faire Toni Collette dans cette galère ? Contrairement à d’autres, je n’ai pas d’affinités avec Dylan McDermott, qui incarne un négociateur de prises d’otages… qui prend en otage une chirurgienne (Collette) censée opérer le Président américain le lendemain, et sa famille. Ça ressemblait à un énième thriller grand public bourré de bons sentiments et de rebondissements forcés. La preuve, Jerry Bruckheimer est à la production.

Ce que je pense du pilote. Bof bof bof en effet. Bruckheimer ne laisse rarement le temps de s’ennuyer, mais tout ça est cousu de fils blancs et de bons sentiments. Ça fonce, c’est tendu, mais les personnages ne sont pas attachants. Grossière erreur : les scénaristes nous font comprendre dès le début que ses preneurs d’otages ne sont pas des salauds — plutôt que de nous le faire réaliser sur la longueur. Toni Collete fait ce qu’elle peut, mais elle crispe plus qu’autre chose. Horreur, elle a des enfants ados (la plaie des séries thrillers américaines, de Homeland à 24h). En fait, le côté thriller fonctionne correctement, malgré quelques scènes ridicules. C’est le côté familial qui gonfle. Comme disait une mauvaise langue sur la toile : on dirait une intrigue secondaire de 24h.

Ma note : 4/10, parce qu’on a vu plus honteux, mais que je n’ai pas envie de voir la suite.

 

MOM (CBS)

Comment je la sentais. Crispé. Chuck Lorre, le créateur de Mon Oncle Charlie et The Big Bang Theory, sait très bien ce qu’il fait. Mais j’ai encore du mal à ne pas me tendre quand je vois Allison Janney, ex Maison Blanche, faire la grimace et s’agiter comme dans Mr Sunshine. Plus généralement, j’ai un peu perdu espoir dans le format sitcom pure, dont les rires en boîte ne semblent plus pouvoir me faire retrouver le plaisir de l’époque de Friends ou même de How I Met

Ce que je pense du pilote. C’est pro. Très pro. Propre, appliqué, bien joué, avec un effort louable de ne pas sombrer sous la ceinture trop rapidement. On ne rit pas à tous les coups, mais Chuck Lorre prouve encore qu’il sait faire une sitcom. Ce n’est pas déplaisant, on sourit, et Anna Faris, dans le rôle principal, celui d’une jeune maman débordée et au bord de la crise de nerf, est pas mal du tout, drôle (elle a un côté clown dont elle se sert depuis le début de sa carrière) et vaguement touchante dans la déprime. Evidemment, on navigue dans des eaux à des années lumières de Louie ou même de Community, mais dans un format classique, qui me laisse plutôt indifférent, c’est soigné.

Ma note : 5/10, parce que le boulot est bien fait, mais que ça ne me passionne pas plus que ça.

 

MARVEL’S AGENTS OF S.H.I.E.L.D. (ABC)

Comment je la sentais. Comme tout le monde : lourdement. Whedon ! Superhéros ! Avengers ! Action ! Drôle ! Je voulais du show, du spectacle, du fun, du sympa, du malin, du geek, je voulais de l’or, des diamants, la lune ! Je voulais tout ce que la télé grand public a de mieux à offrir. Je savais donc qu’il y avait de bonnes chances que je sois déçu…

Ce que je pense du pilote. Joss Whedon est un garçon timide. Il y va tout doucement. Du coup, on est un peu déçus, mais on ne lui en veut pas, parce qu’on est sûr que c’était un échauffement. Il y a déjà de bonnes choses : Coulson (Clark Gregg) est impec, drôle et charismatique. Ça rigole, pas aussi fort que dans Avengers, mais ça rigole. Ça bastonne, pas aussi fort que dans Avengers, mais ça bastonne. En fait, pour le moment, Agents of SHIELD donnerait raison aux gens (j’ai failli écrire “vieux schnocks”) qui pensent encore que les séries sont une sorte de sous-cinéma. C’est un Avengers timide. Mais ce n’est qu’une intro, et je suis sûr que les personnages vont se complexifier, que les intrigues vont s’épaissir, que le joujou de Whedon va devenir un vrai plaisir intelligent — j’aime déjà le fait que les héros, les agents du Shield, sont considérés par beaucoup comme des types de l’ombre, au service d’un pouvoir qui cache la vérité au peuple. Chouette ambiguïté. Bref, à suivre, bien entendu.

Ma note : 7/10, pour le potentiel, et parce que Whedon est un champion du divertissement intelligent, de qualité, pas un auteur, et qu’on aurait tort d’attendre qu’il fasse le prochain Breaking Bad.

 

TROPHY WIFE (ABC)

Comment je la sentais. Mal. Les bandes-annonces faisaient peur, donnaient l’impression d’un truc bête, gesticulant, bourré de clichés sur la vie de famille recomposée. Au pire, ça n’avait pas l’air drôle du tout, au mieux ça ressemblait à une cousine de Cougar Town, série qui, je l’admets avec un léger malaise, ne m’a jamais fait rire — pourtant, j’ai essayé. Pourtant, le buzz positif apparu quelques jours avant la diffusion me laissait espérer une bonne surprise.

Ce que je pense du pilote. C’est moins pire que je le craignais. En fait, pour un pilote de comédie, c’est même plutôt pas mal. La vérité, c’est que je n’ai ri que deux fois, dont une fois quand un hamster se fait écraser sous une porte — c’est dire mon âge intellectuel — mais je suis sorti de ces premières 20 minutes avec une impression positive. Il y a pourtant tout ce que je n’aime pas : une voix-off, des gosses insupportables, trop de personnages qui gesticulent dans tous les sens, et ce besoin que semblent avoir les comédies de networks d’en faire des caisses, dans tous les sens, quand l’humour est bien plus pertinent quand il vient d’une certaine économie de blagues, à mon avis. Mais les acteurs sont bons (Bradley Whitford, un autre A la Maison Blanche a tomber dans la comédie cette saison, est convaincant), et pour peu qu’ils trouvent leur rythme et que les dialogues respirent un peu, Trophy Wife pourrait être moins pire que son titre ne le laissait craindre. A suivre, pour être sûr.

Ma note : 5/10, dans le bénéfice du doute, et pour les acteurs.

 

THE GOLDBERGS (ABC)

Comment je la sentais. Pas mal. Il faut dire que, dans la bande-annonce, il y a des images de Alf. Et moi, voir Alf, ça suffit à faire mon bonheur. Sinon, je suis né au début des années 80, et une comédie sur cette décennie-là ne pouvait me laisser indifférent. Mieux, The Goldbergs semblait avoir un petit côté Malcolm ou The Middle, dans la catégorie séries familiales foutraques.

Ce que je pense du pilote. C’est décevant. Les années 80 n’inspirent pas plus les scénaristes et le réalisateur que ça, et se limitent à quelques plans de Retour vers le Futur et, donc, Alf, en intro, puis des décors et des fringues moches. Voix-off agaçante (encore elle), blagues plates, sketches déjà vu, The Goldbergs est au final générique au possible. Banale. Jeff Garlin est un type marrant, mais il ne sait jouer qu’en hurlant. Dans Curb your Enthusiasm, ça le fait. Ici, tout le monde beugle. Du coup, on sort de ce pilote à moitié sourd. Et les gosses, comme toujours, sont insupportables, à commencer par le double enfant du narrateur, flippant à souhait.

Ma note : 3/10, parce qu’on voit Alf dans l’intro.

 

LUCKY 7 (ABC)

Comment je la sentais. Je ne la sentais pas, parce que j’avais à peine connaissance de sa diffusion. Lucky 7 fait partie de cette frange des nouveautés dont on ne parle pas, les seconds rôles de la rentrée, ces séries qui semblent là pour rester dans l’ombre des blockbusters et des comédies à star. J’avais vaguement conscience que c’est un remake d’une série anglaise, et que la question centrale “il se passe quoi si on gagne au loto” ressemblait plus à une discussion de soirée chiante qu’à un bon pitch de série.

Ce que je pense du pilote. Pendant 20 minutes, j’ai aimé. Enfin des personnages simples, joués par des acteurs méconnus — dont Clay Shiiiiiiiiiit Davis de The Wire (Isiah Whitlock, Jr, de son vrai nom) — dans une histoire qui au final pourrait s’avérer sympathique. Celle d’un groupe d’employés d’un supermarché-station essence qui jouent ensemble au loto (vous connaissiez les “lottery syndicate”, cette façon de parier en groupe au loto, vous ? Y’a pas ça en France non ?) et qui gagne. Sauf que chacun a des soucis à régler, crise de couple, crime, etc., et qu’on se doute que tout va partir en sucette. Les premières 20 minutes, donc, sont sympas. Les acteurs sont bons, la réal est chouette, la photo surtout, a un beau grain brut. On est dans un univers souvent mal filmé par les networks, l’Amérique citadine populaire. Puis, malheureusement, les scénaristes se sentent obligés d’accélérer le rythme, et de multiplier les pistes narratives, les tensions, les suspenses, les enjeux. Du coup, le portrait chorale touchant devient un embouteillage forcé de problématiques. Défaut classique de la télévision qui croit que pour que le téléspectateur revienne, il faut remplir jusqu’à ras-bord sa tasse. Du coup, les dernières 20 minutes de ce pilote sont nettement moins réussies.

Ma note : 6/10, parce que si les scénaristes se calment, ils ont de bons personnages et de bons acteurs, dans un univers cohérent et intéressant, ce qui est déjà pas mal du tout.

 

BACK IN THE GAME (ABC)

Comment je la sentais. Une comédie autour du baseball et de la famille, comment vous dire ? Back in the Game devait être la série que j’attendais le moins de la rentrée.

Ce que je pense du pilote. Ne crions pas au génie, ni à la surprise, mais le résultat, en fait, n’est pas si mal. J’ai même ri franchement deux fois — sur des blagues sous la ceinture, j’avoue. De fait, le scénario de Back in the Game est proche du néant créatif. Une trentenaire divorcée retourne vivre chez son vieux père grognon, et prend sous son aile l’équipe de baseball (de gros losers) de son jeune fils. Bons sentiments, morale, conflits classiques, rien de neuf donc. Mais les comédiens (dont James Caan, un peu fatigué mais très bien pour le rôle) sont biens, et les scénaristes savent écrire de bonnes blagues et quelques bons sketches — notamment une sortie batte en main de Caan, qui referme l’épisode. Pas de quoi se fêler une cote, mais Back in the Game n’est pas le nanard ultime que je redoutais.

Ma note : 5/10, parce que sous la banalité, j’ai ri plus que je me suis ennuyé.

 

THE CRAZY ONES (CBS)

Comment je la sentais. Une série du fort sympathique quoi qu’inégal David E. Kelley (Ally McBeal) avec Robin Williams et Sarah Michelle Buffy, ça fait assez envie. Surtout quand James Wolk, un des acteurs à suivre depuis Lone Star, est aussi au casting. Ce double comique de Mad Men, comédie dans une agence de pub, devait donc être drôle… même si les bandes-annonces, pas hilarantes, m’avaient un peu refroidies.

Ce que je pense du pilote. Commençons par les bonnes nouvelles : James Wolk a vraiment du style, et se débrouille aussi bien en comédie qu’en drame. Sarah Michelle Gellar, dont j’ose dire qu’elle n’est une bonne actrice que quand on la dirige correctement (dans Ringer, c’était une catastrophe), est juste. Robin Williams fait du Robin Williams, en hystérique dépressif (ce qui est une bonne nouvelle pour ceux qui aiment Robin Williams et une mauvaise nouvelle pour les autres). The Crazy Ones est joliment produite, bien réalisée. Maintenant, les mauvaises nouvelles : c’est assez idiot. Ça chante tout le temps (un péché mignon de Kelley), pas toujours juste, et du coup on a l’impression d’être dans un karaoké avec des gens bourrés. Les blagues sont rarement hilarantes. Les gros sentiments entre Sarah Michelle Gellar et son père Robin Williams ne touchent pas. Et puis, on en parle beaucoup outre-Atlantique, ça ressemble à une pub de 20 minutes pour McDonald’s, le plus gros client de la boîte de pub des héros. Certes, McDo n’a rien demandé, ce n’est pas un placement de produit, mais Kelley doit adorer les burgers pour oublier de faire une blague ou deux sur le fait qu’ils font de l’Amérique (et pas que) un pays d’obèses.

Ma note : 3/10, parce que ça se passe comme ça quand on n’est pas très drôle.

 

THE MICHAEL J. FOX SHOW (NBC)

Comment je la sentais. J’aime bien Michael J. Fox. J’étais assez fan de Spin City, et je cite Retour vers le futur deux fois par jour. Alors le voir revenir, ça me faisait plaisir. Pas question de verser dans la pitié pour autant. Fox, malade de Parkinson, devait être drôle, comme il l’a souvent été par le passé. D’autant que sa nouvelle série est une sorte d’autofiction, où il incarne un ancien présentateur télé atteint par Parkinson, qui fait son retour. Mise en abyme, donc.

Ce que je pense du pilote. Je ne suis pas convaincu par le côté mockumentaire, les commentaires des différents membres de la famille fictive de Fox (renommé Mike Henry ici). Mais il faut reconnaître que le comédien n’a pas complétement perdu la main (ok, je sors). Il y a là de bons moments, notamment quand il joue avec sa maladie et le regard des gens sur elle — ceux qui confondent avec Alzheimer… Fox reste poli, mais arrive à pincer une ou deux fois. Pour le soutenir, il a récupéré deux acteurs de mes deux drames préférés du moment (plus pour longtemps) : Betsy Brandt de Breaking Bad et Wendell Pierce de Treme. Ça fait plaisir, même s’ils ne sont pas encore super à l’aise.

Ma note : 6/10, pour Fox, son aura, son humour tendrement vachard.

4 commentaires pour “Rentrée US 2013-2014 : semaine 2”

  1. Bon ben c’est bien, je vais pas m’ embêter avec des nouveautés cette année (encore).

  2. Pareil que Piechdibi, rien qui me donne envie parmi ces nouveautés.

  3. Plutôt d’accord avec The Crazy Ones, James Wolk a pour moi porté l’épisode, Robin Williams fait du Robin Williams et c’est bon mais j’ai peur que cela ne tienne pas au fils des épisodes et j’ai trouvé SMG plutôt mauvaise pour ma part, même si ce n’est pas une catastrophe.
    C’est vraiment dommage que l’épisode ressemble a une pub pour mcdo et qu’il n’y ai aucune remise en question des produits de la marque. L’épisode va vite et j’ai eu l’impression de regarder un épisode de mi saison et non un pilote.

  4. Les gars vous êtes dingues. Il y a encore 10-15 ans, une rentrée comme ça aurait ravi tout le monde.

    Du divertissement intelligent, des séries assez drôles (si on fait confiance au rédacteur du blog, ce que je fais, malgré qu’il ne rigole pas devant Cougar Town !), et du potentiel…

    Je manque de temps, je vais faire des choix, mais là, il y a 4-5 trucs qui me donnent envie de tester sur 2-3 épisodes !

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