L’été, haute saison des séries ?

Voilà, la saison est finie, on se reparle en septembre. L’été, sur le papier, c’est la période de repos. On y préfère la plage aux écrans. On se repose. On appuie sur pause. Les blogs soufflent – le miens n’a pas dit un mot depuis le 17 juillet dernier – les réseaux sociaux relâchent la pression, les photos de doigts de pieds en éventail et de mojitos remplacent les décryptages et autres sorties critiques. On appelle ça les vacances. Sauf que. En fait, l’été est peut-être bien une des périodes les plus utiles et les plus actives de la vie du sériephile – et du journaliste qui en fait son gagne-pain. L’été, haute saison ?

Si je vous demande, comme ça, sans réfléchir trop longtemps – si vous êtes sur votre serviette de bain, ça ne devrait pas être trop dur – de me dire quel est l’événement sériel de l’année, vous me répondez ? La fin de Breaking Bad, bien sûr. Et celle de Dexter, si vous voulez. Et ça se passe quand ? L’été. Demain soir sur AMC outre-Atlantique, Walter White entamera l’ultime descente de sa formidable chute. La meilleure série du moment – à mon très humble avis – est une série estivale. Vous avez bien entendu, une « série estivale », ce truc qui normalement repose le cortex, ce divertissement sans trop d’ambition, ce polar ensoleillé, cette romance boursouflée, ce feuilleton plagiste.

En général, quand arrive le moins de juin, on devient plus tolérant. On note plus gentiment les nouveautés, on se dit « bah, pour une série d’été, ça va, c’est sympa », on accorde un point de bonus aux bikinis bien remplis ou au abdos en béton, on ne cherche pas trop longtemps le sous-texte métaphysique, philosophique ou sociétal des gentilles fictions décoratives que nous servent les chaînes. Sauf que y’a plus de saisons ma petite dame. Cet été, on a découvert Ray Donovan, The Bridge et Orange is the New Black (photo). Soit certainement trois des meilleures nouveautés de l’année – pas encore des chefs d’œuvre, mais assurément de belles réussites. En attendant Low Winter Sun, malgré des critiques américaines très mesurées.

Alors, l’été, ventre mou des séries ? Plus vraiment. L’a-t-il d’ailleurs jamais été ? Vous connaissez la date de lancement de Mad Men ? 19 juillet 2007. Celle de Hung ? Le 29 juin 2009. Celle de Louie ? Le 30 juin 2010. Rubicon ? Le 20 juillet 2010. The Big C ? Le 15 août 2010. The Newsroom ? 25 juin 2012. Boss saison 2 ? 17 août 2012. Et tout ça sans compter, bien entendu, les bonnes « séries estivales », comme celles de USA Network (Suits, White Collar, lancée au printemps mais déplacée l’été) et une flopée de séries « ados », qu’on aime ou pas, mais qui font leur boulot.

Et puis, les gros mangeurs de séries vous le dirons : l’été, ils en mangent sans doute un peu plus encore. Combien d’entre-vous n’a pas dit, au moins une douzaine de fois depuis le mois de janvier, « ça, nan, j’ai pas encore vu, mais cet été je me rattrape » ? Sans l’été, nous serions tous complètement à la rue, côté visionnage. On ferme les volets, on allume la télé, et on fait du marathon. On rattrape son retard, avant que l’infernal mois de septembre ne nous tombe sur le coin de la télécommande.

Alors, l’été, haute saison ? Définitivement. Alors, remettons-nous au boulot ! C’est déjà la rentrée…

Image de Une : Orange is the New Black, Netflix.

3 commentaires pour “L’été, haute saison des séries ?”

  1. Début de Mad Men le 19 juillet 2017 ? Chouette, on va avoir 6 saisons inédites d’une super série ! 😉

  2. @Michelle. Baaaah, une coquille, évidemment…

  3. the bridge version initiale …tres tres bien ,pas sur de vouloir voir l’adaptation US
    Qu’en pensez vous ?

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