On avance, on avance. La mi-saison américaine est rentrée dans sa période printanière, celle qui normalement accueille les nouveautés de certaines chaînes du câble… et quelques séries “de remplacement”, quasi condamnées d’avance, mais qui peuvent cacher quelques miracles. Au programme cette semaine, une série canadienne diffusée aux États-Unis sur chaîne britannique, Orphan Black, le retour de Sarah Chalke dans la série qui voudrait avoir le titre le plus long de l’histoire, How to live with your parents (for the rest of your life), et la très attendue Hannibal (comme dans Hannibal Lecter) . Alors, heureux ?
ORPHAN BLACK (BBC America)
De quoi ça cause. Une jeune femme, orpheline, rebelle, cheveux gras et blouson clouté, traine sa misère dans une gare. Une autre jeune femme, tailleur impec, joli sac à main, se jette sous un train. Comme la seconde est le sosie de la première (enfin, avant que le train ne lui passe dessus), la rebelle se fait passer pour la bourgeoise. Le hic, c’est qu’un troisième sosie pointe le bout de son nez… et que la rebelle réalise bientôt qu’elle pourrait être un clone, et qu’on en veut à sa vie…
Comment je la sentais. Au mieux comme une cousine de Nikita, au pire comme une cousine de Ringer. Ça avait l’air marrant, sans plus.
Ce que je pense du pilote. Ça ne changera pas la face de la télévision, mais ce n’est pas désagréable. Tatiana Maslany, dans le(s) rôle(s) central(ux), évite de justesse une paire de claques, et s’en sort finalement pas mal du tout — sauf quand elle se démultiplie, change d’accents et de style, et du coup fait un peu rire. L’essentiel, c’est qu’Orphan Black divertit, est rythmée, et suffisamment bien foutue pour qu’on se demande où son histoire de clones (encore floue dans le pilote, mais les bandes annonces sont plus claires) va nous mener. Peu importe si les seconds rôles sont inégaux. Les séries grand public divertissantes sans être trop poussives ou stupides ne sont pas légion. Alors profitons de celles qui s’en sortent avec les honneurs.
Ma note : 6/10, parce que je ne me suis pas ennuyé.
HOW TO LIVE WITH YOUR PARENTS (FOR THE REST OF YOUR LIFE) (ABC)
De quoi ça cause. Polly plaque son mari, un joueur glandeur et vaguement alcolo. Elle emmène sa petite fille, et trouve refuge chez sa mère et son beau-père. Le souci, c’est que la première est une nympho excentrique qui n’y connait rien aux enfants, et son beau-père un ado éternel. Contre vents, marrées et crise économique, Polly va devoir s’en sortir…
Comment je la sentais. Bof. Sarah Chalke (Scrubs) est sympathique mais peut parfois devenir crispante, les bandes annonces ne me faisaient pas rire, le titre à rallonge semblait cacher un vilain manque d’originalité.
Ce que je pense du pilote. C’est gentil, mais vite oublié. Tout est fait pour que cette familles dysfonctionnelle et moderne (How to live with your parents passe après Modern Family sur ABC) soit attachante. C’est mignon, sympathique, bon esprit… mais jamais vraiment drôle. Les acteurs sont plutôt bons (on retrouve Elizabeth Perkins de Weeds, décidément à l’aise en demi folle), et on aimerait vraiment les aimer… mais les dialogues sont plats, et on a beau chercher, on n’y trouve pas une bonne blague. Résultat, on regarde cette comédie avec bienveillance, mais on ne rit pas. Ce qui est un souci.
Ma note : 4/10, et encore je suis sympa, parce que les acteurs le sont, sympas.
HANNIBAL (NBC)
De quoi ça cause. C’est l’adaptation très libre de Dragon Rouge, le premier livre de Thomas Harris où apparait Hannibal Lecter, tueur en série cannibale rendu célèbre par Le Silence des Agneaux. Son héros, Will Graham, est un profiler quasi autiste, qui se glisse dans la peau des psychopathes pour comprendre leurs crimes. Lecter, psychiatre, est appelé en renfort pour lui donner un coup de main sur une affaire sensible…
Comment je la sentais. J’en ai marre des serial killers. Mais ici, c’est Bryan Fuller (Dead Like Me, Pushing Daisies) qui s’y essaye, et il a mis la main sur le formidable Mads Mikkelsen, Danois récompensé à Cannes en 2012, pour faire flipper en Lecter. Alors pourquoi pas ?
Ce que je pense du pilote. C’est beau. David Slade, derrière la caméra, avait réalisé le pilote de Awake, et on retrouve sa patte, ses mouvements de caméra, même ses choix sur la photo, délavée, vaguement irréelle. Habituellement, je déteste les séries où les effets de réalisation sont trop nombreux. Il y en a trop ici, mais ils sont supportables, sans doute parce qu’ils ne sont pas totalement gratuits. Bryan Fuller essaye, tout en répondant à l’agaçante nécessité de faire des intrigues bouclées — il faut une bonne vieille enquête pour la “ménagère” qui regarde un épisode sur quatre — de raconter une histoire humaine, où la folie, les visions et les hallucinations sont capitales. Il raconte Hannibal à travers le regard de Will Graham, un grand malade. L’étrangeté qui s’en dégage, quoi qu’un rien poussive et souvent maniérée, permet à son œuvre de se dégager de la masse des polars qui pullulent sur les grandes chaînes américaines. Le casting est lui aussi soigné, Hugh Dancy se sort bien d’un rôle casse-gueule au possible, Mikkelsen exagère un peu, mais est flippant à souhait, et Laurence Fishburne fait sobrement son job de supérieur du FBI. Attention toutefois à ce que Fuller ne cède encore une fois à ce qui fait l’originalité mais aussi la faiblesse de ses séries passées, et n’oublie trop souvent son histoire et ses personnages pour soigner son univers et ses visions…
Ma note : 6,5/10, pour la beauté et la qualité de production de ce pilote, et pour le casting.
Images : Orphan Black (BBC America) / How to live with your parents (ABC) / Hannibal (NBC/Canal+)
Dommage pour “How to Live with……” car j’aime bien Sarah Chalke (bien que je partage ce sentiment sur elle..) !