Il y a quelques semaines, ma très chère amie Charlotte Blum (chroniqueuse série dans Ciné, Séries et Cie sur OCS Max) et moi-même, sur un coup de tête nostalgique, avons décidé de revoir le pilote de Lost. Amusés, tristes, agacés, émerveillés, nous avons passé notre temps à le commenter. Quelques jours plus tard, nous remettions ça avec Buffy, MI-5 et The Shield. Et c’est là – donc un peu tard – que m’est venue l’idée : et si ces plongées dans notre passé de sériephile, nous les transformions en post ? Si nous essayions de faire une critique (amusée) des pilotes des séries qui nous ont marqué ? Nous nous sommes donc réunis lundi soir dernier pour revoir les premiers épisodes de 24h Chrono et de… Beverly Hills. Je vous dirai prochainement un mot de 24, mais ayons le sens des priorités : commençons avec les aventures de Brandon, Brenda et les autres. Direction le 4 octobre 1990 !
Ça commence fort. Brandon se réveille mulet en bataille. Sa première réplique (la première de la série) est un résumé méga didactique, du genre « premier jour d’école, pas d’amis, je suis le nouveau. » Merci, comme ça on sait de quoi cause la série. Brenda déboule dans sa chambre, et on se dit que Shannen Doherty a un peu la tête de travers. A l’époque, on était amoureux, alors ça doit être une forme de regrets. Voilà nos jumeaux dans leur caisse, direction l’école. Habillés comme des sacs. Mais ça, on en reparlera. Charlotte, sociologue dans l’âme, m’aide à lire entre les lignes : « ils ont une caisse de merde : c’est des pauvres. » Ah, ouais… « Par contre, devant l’école, y’a un voiturier, qui range des décapotables. » Donc, à Beverly Hills, les autres sont riches. Ça s’annonce puissamment critique, cette série.
Pas de générique. Juste un ballet interminable de voitures de sport. « Un court métrage de 15 minutes sur l’art de garer sa caisse décapotable », corrige Charlotte. Brandon a opté pour une super chemise à rayures, trop grande, bien rentrée dans un jean informe. Excellent choix – notez comme, scène après scène, nous allons nous transformer en chroniqueurs mode. Les coupes de cheveux sont à se foutre la tête dans un sanibroyeur. Tout est laid, sauf la bande son, étonnement rock. « Note les détails qui tuent sur les élèves, complète Charlotte : l’ordi portable en mode War Games (un truc d’au moins 20 kilos, genre mallette nucléaire), les faux punks qui se font traîner devant le proviseur pour apprendre les “restrictions concernant le cuir dans l’enceinte de l’école”, les mulets genre fans de heavy metal, les cyclistes portés sous les bermudas en jean à ourlets, des fringues de toutes les couleurs de l’arc-en ciel. » Et, aimerais-je ajouter pour compléter cette scène de découverte du bahut : y’a des élèves qui dansent comme des cons sur la pelouse, on sait pas trop pour quoi.
Déboule Kelly. Puis Steve. Un grand romantique, ce Steve, avec sa coupe de libéro Est-Allemand, qui dit à Kelly, son ex, qu’il lui a montré comment « manier le manche. » Je comprends pas, ils ont pas des voitures automatiques aux États-Unis ? En parlant de voiture, un peu plus loin (on va pas vous faire du scène par scène non plus hein) Brandon prend place dans une autre décapotable (j’attends la scène où il va pleuvoir, ils auront l’air con avec leurs décapotables) en sautant dedans, sans ouvrir la porte. Constat métaphysique de Charlotte : « Ils savent pas ouvrir une ******* de portière de voiture les acteurs ou quoi !!? »
Soyons sérieux deux secondes : ça joue pas mal, globalement. Par contre, ça manque méchamment de rythme. C’est là qu’on réalise à quel point la télé a appuyé sur l’accélérateur. La musique d’accompagnement est aussi moins présente. Quand elle est là, on l’entend bien, mais elle sait s’arrêter (trouvez moi une série du genre CW aujourd’hui où on prend le temps d’entendre les oiseaux).
Avançons un peu. Le sommet de ce pilote, c’est la fête chez Marianne, une super riche – qui disparaitra après ce pilote… « Elle porte une robe en velours genre Scarlett O’Hara », note Charlotte Lagerfeld. Son échange avec Brandon est sublime. « T’es sexy. Toi aussi. » Ouah. « You smell so good. » Pendant que des types jouent au tennis à l’arrière plan (sérieusement, pendant une soirée ?) et que Marianne écrit son numéro au rouge à lèvre sur le bras de Brandon (« Ils ont pas Facebook ? », se demande fort justement Charlotte), on se dit que ça va finir dans le jacuzzi ! On note un dernier truc avant de partir : David Silver (Brian Austin Green, intense moment d’émotion quand on se dit que ce bidule gominé va finir avec Megan Fox) se fait « traiter » de « geek. » Sous-titre : « Ringard ! » No comment.
Retour au bahut, et re-fascination sur le style des gens. « La prof d’espagnol est classe : elle porte son walkman à la ceinture, avec un casque à mousse. Top of the hype », note Charlotte Galliano. Tiens, revoilà Marianne, « riche, intelligente, incomprise, elle mange des sushi (en 1990, c’est limite futuriste) seule à la fontaine. Elle est touchée par la même maladie que Keira Knightley : la duck face permanente. » (Pour le fans de Keira, le numéro de Charlotte, c’est le 06 32 12). Tout le monde est tombé dans le fond de teint au réveil. Surtout Brandon. Autre truc bizarre, au lycée de Beverly Hills, il semble n’y avoir que deux cours : espagnol et chimie. Ça va faire une génération de terroristes zapatistes.
Bon, et Brenda pendant ce temps-là ? Brenda est devenue copine avec Kelly, et elles vont sortir dans leur décapotable (il pleut toujours pas – y’a un épisode de Beverly Hills où il pleut au fait ?). « Au Laguna Blue (la boite de nuit super hype où Brenda rentre sans ses copines, avec une fausse carte d’identité, et dans laquelle il est tellement compliqué de rentrer qu’il n’y a personne), on joue une chanson qui me parait être devenue, 20 ans plus tard, Hot in Here de Nelly. Plagiat ou quoi ? » note Charlotte. Je note aussi que le videur de la boite est joué par Djimon Hounsou. Dingue. C’est son premier rôle.
Pendant que Brenda se fait draguer par un type qui doit avoir au moins 35 ans (il dit en avoir 25, le petit malin), Brandon est… dans le jacuzzi ! Avec Marianne, toujours en duck face, mais moins sapée. L’actrice a 23 ans à l’époque (j’ai vérifié), donc je peux le dire : elle est canon, et si on était Brandon, on ferait mousser la bassine. Mais nan, Brandon, il est réglo. Il refuse les avances de Marianne (pfffffffffff). A la place, il se lance dans une réflexion existentielle pré-dawsonienne, parfaite pour une scène de jacuzzi.
Pour le remercier, Marianne lui envoie des roses le lendemain, en plein cours – « non mais on vit dans quel monde, là ? », se révolte Charlotte.
Il dure 90 minutes ce pilote. C’est long. C’est pas fini. On s’endort un peu quand même. Et si on regardait plutôt 24… MAIS ATTENDEZ ! Il est où Dylan ? Il est pas dans le pilote, en tout cas…
Ca donne envie de le revoir ^^…
Geek signifie littéralement “taré”. Selon les époques, ce terme peut revêtir différentes significations. Aujourd’hui, il est une évolution du terme “nerd” et présente même une connotation méliorative, en certains contextes. Quoiqu’il en soit, au début des 90’s, “geek” ne pouvait certainement pas désigner les malades de l’informatique/sciences dures/heroic-fantasy/nouvelles techno comme c’est le cas aujou’d’hui. Un geek pouvait très bien être un “paria” du fait de sa ringardise.
Si vous le pouvez, mettez nous le lien svp 😉
@Missy : j’ai les DVD 🙂
a.) je prends note du fait que t’as préféré chroniquer beverly hills en premier. je te laisse le bénéfice du doute, peut être que t’as essayé de faire de l’humour.
b.) je prends également note avec ces articles qu’être journaliste spécialiste en séries TV, c’est quand même vraiment risqué. je vois que j’ai finalement bien fait de rentrer à la CTU, et j’espère que la cuvée 2013-2014 sera meilleure pour toi
haha j’adore ! je veux d’autre analyse de pilote <3
ça donne envie de voir ce pilote en tout cas..