Cher Luc Besson,
Il y a quatre ans, je travaillais pour J’ai mes sources, l’émission de Colombe Schneck sur France Inter. Vous étiez invité pour parler cinéma, production, je crois déjà de votre projet de Cité du cinéma. J’avais osé une question : « et les séries ? » « Pas vraiment mon domaine, pas mon format », aviez-vous alors répondu, avouant hors antenne qu’elles ne vous laissaient pas complètement indifférent. Les années ont passées, et les séries sont entrées dans votre champ d’action. Vous venez de lancer – avec succès – No Limit sur TF1, et Le Transporteur, dont vous avez vendu les droits, mais sur laquelle vous n’avez pas travaillé, arrive ce jeudi sur M6. La série française est en pleine « bessonite. » Je vous ai invité sur Le Mouv’, dans mon émission “Saison 1, Épisode 1”, pour en discuter avec vous, mais j’ai reçu une réponse négative. Et puis, j’ai vu que Le Parisien avait eu la chance de vous parler un moment. Alors j’ai décidé de quand même vous dire un mot, à défaut d’avoir votre réponse – ne refermez pas l’article avant les derniers paragraphes, c’est là que se cachent mes espoirs.
Je doute que vous lisiez mon blog, aussi je vais vous résumer ce que je pense de No Limit et du Transporteur (ce n’est pas votre série, mais quoi que vous en pensiez, elle porte votre marque et les gens l’associeront à votre nom). Peut-être mon avis ne vous intéresse-t-il pas franchement, mais c’est la moindre des politesses que d’être honnête et que de vous dire mon sentiment. No Limit est un produit parfaitement calibré pour TF1. Côté cahier des charges, c’est un quasi sans fautes. Si j’étais employé de la première chaîne ou annonceur, je n’aurais rien à redire. Malheureusement, je suis un emmerdeur, le genre de critique qui aime bien les trucs d’auteur chiants. No Limit est une comédie d’action familiale gentille, avec un acteur sympa, un divertissement pas désagréable, juste vide de toute ambition artistique. Ce qui me chiffonne, c’est ce que vous répondez dans votre interview au Parisien, quand on vous demande pourquoi vous avez attendu si longtemps pour vous mettre aux séries : « j’avais peur de ne pas être à la hauteur. Ce n’est pas mon format. » Jusqu’ici, respect, belle preuve d’humilité. Puis : « avant d’y aller, je voulais être sûr d’avoir quelque chose de nouveau et d’étonnant. » Malheureusement, No Limit est tout sauf nouvelle et étonnante. Elle est formatée et prévisible. Solidement formatée, certes, mais en aucun cas renversante.
A propos du Transporteur, vous déclarez au Parisien : « je n’ai aucun rapport avec la série, je ne sais même pas si c’est bien ou non. » Tout d’abord, désolé de devoir vous l’apprendre (sérieusement, vous ne l’avez pas vu ?), mais ce n’est pas bien. C’est même assez catastrophique – et sur ce coup-là , je ne suis pas le seul à le penser. Les films étaient des plaisirs (très) coupables – des blockbusters en puissance, il en faut – la série (en tout cas, ce qu’on a pu en voir) offre une concentration assez impressionnante de ratés, à tous les niveaux. Un collègue inspiré et véhément la qualifiait de « nouveau néant de la fiction télé. » C’est dire. Encore une fois, ce n’est pas votre faute, mais que vous le vouliez ou non, quand les gens entendront « transporteur », ils entendront « Besson. » Enfin, vous déclarez au Parisien que Nikita, la série de la CW adaptée de votre film, est « très mauvaise. » Ce n’est que mon très humble avis mais, sans en avoir vu tous les épisodes, je la trouve supérieure à No Limit (ne parlons pas du Transporteur). Ce n’est pas un chef d’œuvre, loin de là , mais elle est plus surprenante, plus fun, plus intrigante, plus sexy.
Vous devez sans doute me trouver désagréable, mais c’est plein d’espoir que je vous écris cette bafouille. Plein d’espoir que l’arrivée d’un poids lourd du cinéma dans le monde encore en formation des séries télé hexagonales contemporaines puisse faire évoluer les choses – en bien. Le blockbuster à la française est encore à faire émerger, et vous savez ce que c’est que de produire des fictions à gros budget (tout est relatif à la télé) destiné à un large public. C’est cela que j’espère de votre entrée sur nos petits écrans. Des séries aussi cool que Le Cinquième élément, aussi brutes que Nikita ou Léon, des séries qui ne cherchent pas forcément à nous faire philosopher sur la couleur du ciel ou le battement des ailes du papillon, mais à nous emporter dans un divertissement un brin original et captivant. J’espère même que, si No Limit vous permet de faire quelques économies, de gagner quelque argent, vous pourrez aussi le réinvestir dans des œuvres dirigées vers un plus petit public – comme vous le faites parfois au cinéma avec EuropaCorp – Trois Enterrements de Tommy Lee Jones, c’était EuropaCorp, pour ceux qui ne le savait pas.
Outre la saison 2 de No Limit (et sans doute une troisième), quels sont vos prochains projets de séries ? Taxi : Brooklyn South, l’adaptation en série de votre franchise Taxi. Pas certain d’y trouver une œuvre d’auteur – à ce propos, vous a-t-on dit que Brooklyn South était une série des grands Steven Bochco et David Milch (notamment), diffusée à la fin des années 1990 ? Puis, une adaptation d’une autre franchise, Les Sous-doués. Je ne cacherai pas que les films m’ont fait, à l’occasion, bien rire. Mais là encore, pas de signe de ce « nouveau et étonnant » dont vous parliez au Parisien. Peut-être le trouvera-t-on dans Life after Life, une vraie création, sur laquelle vous bossez avec un ancien des Experts, Naren Shankar. Son titre me fait penser à un live d’Iron Maiden, mais j’ai écouté Iron Maiden durant mon adolescence, alors ce n’est pas forcément un mauvais signe. Bref, je m’égare. Quoi d’autre ? L’adaptation du Passager, un polar de Jean-Christophe Grangé, pour France 2, en six épisodes. Pourquoi pas ? Le mieux, dans la liste, c’est La Patrouille Perdue, une série fantastique dont Canal+ parle depuis un bail, dans les tranchées de la Première Guerre mondiale. Ça, ça fait envie.
Vous voyez, cher Luc Besson, je ne suis pas sans espoirs que votre engagement télévisuel puisse déboucher sur de bonnes choses. Je me permettrais juste d’attendre un peu avant de reconnaître que vous faites des choses « nouvelles et étonnantes. » Et je croise les doigts pour que votre potentiel impact nous permette d’avoir plus de grosses productions ambitieuses et, plus tard le soir et sur de plus petites chaînes, plus de séries novatrices et osées.
Ceci étant dit, la porte de mon studio de radio vous est toujours ouverte, si vous voulez en discuter…
Sériellement.
Pierre Langlais
Le Transporteur débute jeudi 6 décembre à 20h50 sur M6.
Image de Une : Vincent Elbaz dans No Limit (TF1)
Nan j’déconne…!
Je suis Luc Besson !
Salut mon Pierrot, non mais t’est bien gentil avec tes conneries mais tu comprends pas comment le monde y marche….moi perso j’écris plus rien les scénarios sont crées aléatoirement sur une machine que j’ai acheté aux States pour répondre 99% du temps au envie de la ménagère de moins de 50 ans . Comment tu veut que je me paye mes jacuzzis de niouf et mes autocars de putes,maintenant ce qui marche c’est les ninja, les bonasses,les bagnoles et les flingues je vais quand même pas me risquer à faire un truc original ça c’est juste la merde habituel que je sers aux journalistes (t’est concon quand même), je suis trop vieux pour ces conneries…bon sur ce je te laisse je vais finir d’oublier ce qui me reste de ma dignité dans une bouteille de scotch avec mes amis producteurs.
C’est pas de ma faute, c’est les gens. Ils font qu’Ã regarder des trucs pourris. Alors moi je leur donne!
Personnellement, je trouve que No Limit est très bien fait, dans le genre, et curieusement, les acteurs Français ne font pas de l’acteur Français 😉
De toutes manières, ce genre de truc n’est pas fait pour se poser des questions, c’est là juste pour divertir, et du coup, le contrat est bel et bien rempli.
Nombres de séries US sont dans le même genre sans que cela semble offusquer qui que ce soit et on est pas obligé de se fader du Mimi mathy ou du Véronique Genest à tout bout de champ sous prétexte que c’est Made in France !