Promis, je ne m’en prends pas au créateur des Desperate Housewives parce qu’il est Républicain. La preuve, j’adore Kelsey Grammer, et je crie au scandale quand je ne le vois pas nominé aux prochains Emmys. Je ne m’en prends pas non plus à lui parce qu’il a usé jusqu’à la corde son beau soap, le concluant un peu trop facilement à mon goût, et sur un sous-entendu conservateur – le fric et la famille, y’a que ça de vrai. Non, je m’en prends à lui parce qu’il n’a rien trouvé de mieux que Devious Maids pour rebondir. Ai-je vu Devious Maids ? Non, mais j’en ai vu la bande-annonce (voir en fin de post), et ça m’a suffit pour me monter une petite compilations d’a priori négatifs, qui ne demanderont, comme tous les a priori, qu’à être démentis à la diffusion de la série l’an prochain. En attendant…
Marc Cherry a du mal à enterrer ses housewives.
Présentée comme une nouvelle série, Devious Maids est en fait un spin-off-off. Ceci n’est pas une faute de frappe. Cette histoire de domestiques hispaniques qui travaillent pour de riches familles de Los Angeles s’inscrit dans l’univers de Desperate Housewives – la ville de Fairview sera-t-elle mentionnée ? – et une des héroïnes, incarnée par Roselyn Sanchez (ex de FBI : Portés disparus), est carrément apparue dans le « final » du soap de ABC. Le genre se porte encore pas mal, Revenge fait de bonnes audiences et NBC lancera l’an prochain Infamous, qui jouera dans la même catégorie. Cherry choisit donc de remettre le couvert. Il avait rafraîchi le service et les plats avec Desperate Housewives, il se contentera de les réchauffer avec Devious Maids, résidu de Wisteria Lane et remake d’une telenovela mexicaine, Ellas son la Alegría del Hogar (pardonnez mon accent, très moyen). Détail qui tue : Eva Longoria fait partie des producteurs.
Marc Cherry refuse de changer de disque.
C’est l’histoire de quatre femmes pleines de mystères, séduisantes, qui vont voir leurs vies bouleversées par la mort d’une de leurs amies. Non, ce n’est pas le pitch de Desperate Housewives, mais celui de Devious Maids.
Marc Cherry aime les jardins bien entretenus.
On faisait difficilement moins rock’n’roll que Wisteria Lane, propret et chic quartier factice. Évidemment, ça faisait partie des ressorts de Desperate Housewives, série sur les faux-semblants et le dessous des gens bien sur eux. Rebelote ici. Le soap à l’américaine (non hospitalier) a pour tradition de se passer dans des milieux fortunés, voire milliardaires – des Feux de l’Amour à Dallas – on ne doit donc pas s’étonner que Devious Maids sente les dollars à plein nez. On ne peut pourtant s’empêcher, en rajoutant une couche à nos a priori, de trouver que M. Cherry a un peu trop l’air d’aimer l’argent, et que, sous couvert de se payer le scalp des riches – visiblement méchants au possible dans Devious Maids – il est fasciné par eux. Rien de foncièrement mal à ça, mais si l’ambition de ses « Maids », c’est de prendre la place de leurs employeurs, je risque de ne pas m’accrocher bien longtemps.
Marc Cherry n’a (donc) pas forcément la fibre sociale.
Sur ce coup là, j’espère qu’il me fera mentir. Une série sur des employées latinos malmenées par de riches Américains ? Ça pourrait ressembler à la suite de Bred and Roses de Ken Loach, avec contestation sociale, dénonciation des traitements et des salaires… Ça pourrait même faire un bon soap à la britannique, un soap social, gouailleur, sans frime. Pas sûr, mais alors pas sûr du tout que ce soit l’ambition de Cherry. Et c’est bien dommage. Reconnaissons au moins un possible mérite à Devious Maids, celui d’offrir un peu plus d’exposition aux actrices latinos, et à la minorité latino tout court. A moins que ce ne soit un calcul cupide pour capter un public nombreux, plus gros fan de soaps…
Marc Cherry flatte notre libido, messieurs.
Marc Cherry aime les belles femmes, et ne se prive pas pour les embaucher. Devious Maids concentre la crème du second rôle latino qu’on aurait peut-être oublié dans pas longtemps : Roselyn Sanchez, ex FBI : Portés disparus, Dania Ramirez, qui pleurait méchamment dans Heroes, Ana Ortiz, la sœur de Ugly Betty, et enfin Judy Reyes, ancienne de Scrubs. Et tout ce petit monde en tenue de soubrette, sous le soleil de Beverly Hills, au bord de la piscine. Si la série marche, je donne 6 mois, max, aux producteurs de films X pour nous sortir la version porno.
Marc Cherry a fini sur Lifetime.
Je garde le meilleur pour la fin. Se faire rejeter d’un network américain, en cette période de manque d’inspiration crasse des grandes chaînes, n’est pas un bon signe du tout. A la base, c’est ABC qui devait diffuser Devious Maids. L’échec de Good Christian Belles a peut-être refroidi la chaîne. Se faire jeter d’ABC, donc, ça craint. Finir sur Lifetime, c’est pire. La chaîne câblée est surtout célèbre outre-Atlantique pour ses téléfilms racoleurs « inspirés d’histoires vraies », à la fois glauques et lisses. Plus récemment, c’est là que Jennifer Love Hewitt nous a fait croire qu’elle allait enlever le haut (et le bas) dans The Client List. Drop Dead Diva, pas méchante mais oubliable, et Army Wives (que je n’ai jamais vu, mais dont le titre fait effet d’un répulsif sur moi), les deux séries installées sur la chaîne, ne brillent pas par leur force dramatique. Bref, ça sent plus le placard foireux que la nouvelle chance.
Bonus : Marc Cherry a laissé une coquille dans sa bande-annonce.
Spéciale dédicace à Laurent, un des monteurs de l’Hebdo Séries, qui a vu passer un sous-titre, ou plutôt un titre, bref, une énorme coquille dans la bande-annonce de Devious Maids. Regardez bien, c’est entre la 34e et la 35e seconde, et ça dit « Night », quand une main prend le couteau dans la mitraillette d’images. Dingue de laisser passer ça sur un trailer mondialement visible…
Devious Maids sera diffusée en 2013 sur Lifetime. On en reparlera et, si c’est une réussite, promis, je fais mon mea culpa. Au risque de m’enfoncer, je ne parierais pas cher sur cette probabilité…
Je découvre ce nouveau projet de Mark cherry en lisant ton post, et effectivement on ne peut pas dire que le trailer soit particulièrement engageant… Ca ressemble à une sorte de négatif photo de DH, même le titre parait en être une déclinaison !
J’ai du mal à croire que Cherry ait si peu d’imagination, donc je vais supposer qu’on lui a commandé une décalcomanie de sa série phare.
Qui sait, d’ailleurs, si ça ne pourrait pas fonctionner, précisément grâce au public qui aime mater du soap, et non celui qui cherche une création originale, exigeante et inventive …
Concernant ton paragraphe sur la “fibre sociale” de Mark Cherry, ainsi que son gout présumé pour l’argent, tes remarques font mouche !
Je me souviens qu’à la grande époque de Carlos aveugle/masseur et Gaby grassouillette en survet’, j’avais poussé un ouf de soulagement : l’évolution de ces personnages était (à mes yeux) un des trucs les plus audacieux, les plus réussis et les plus émouvants de la série.
Sauf que nan, en fait : l’amour quand on est pauvres et sincère et qu’on s’en fout des apparences, ça va 5 minutes en guise de rebondissement passager.
Le bling bling, les grosses montres et les bijoux, c’est quand même mieux, et c’est comme ça qu’en fin de série, les époux Solis avaient bouclé la boucle et étaient redevenus ce qu’ils étaient au début …
Un des trucs les plus décevants de Desperate Housewives, d’ailleurs.
A tester en 2013, mais sans attente particulière de ma part en tout cas.
Quand je vois le trailer, çà me fait penser à une télénovela et les latinos qui ont Lifetime vont se faire un plaisir de regarder.
Après, connaissant Cherry, les intrigues risquent d’être bien ficelées mais déjà vu dans DH.
Après le casting des 4 latinos, on retrouve de la qualité avec une mention spéciale pour Dania Ramirez aperçu dans Entourage et qui m’avait marqué.
Quand on voit le casting, on se demande ce que fout DM sur une pauvre chaîne du câble. Cherry aurait pu attendre 1 ou 2 ans pour proposer ce programme aux network, histoire de faire oublier DH et Good christian bitch!!