“Transporteur, c’est pas de l’art et essai, c’est de l’efficace.”

La semaine dernière, au MIPCOM, à Cannes, j’ai croisé Klaus Zimmermann, Directeur Général d’Atlantique Production, filiale de Lagardère chargée des productions internationales. Autrement dit, les coproducteurs de Borgia, qui commence justement aujourd’hui sur Canal+, et du Transporteur, en tournage en ce moment et attendue vers le printemps prochain (sur M6 chez nous). L’occasion de le cuisiner un peu sur ce projet qui, personnellement, me fait un peu peur — je n’ai pas aimé XIII, autre grosse coproduction musclée — mais qui pourrait, si M. Zimmermann et ses collègues s’y prennent bien, devenir un divertissement décomplexé. Ce qu’il cherche visiblement à être…

Les films Transporteur ne sont pas célèbres pour leur puissance métaphysique. En sera-t-il de même avec la série ?
Nous sommes là pour divertir. C’est de la télévision pop-corn, avec de l’action, de l’humour et de la romance. C’est pas de l’art et essai, c’est de l’efficace.

Un blockbuster comme Transporteur, ça doit être plus facile à vendre que Borgia, non ?
Sur Borgia, on a pris des risques financiers énormes, parce qu’on est parti avec un seul partenaire, Canal+, avant de convaincre des chaînes étrangères. Sur Transporteur, nous n’avons lancé le projet qu’une fois que la France, l’Allemagne, le Canada et les Etats-Unis étaient dans le coup.

Quand on fait une série comme celle-là, il y a un risque critique…
On ne fait pas Transporteur pour les critiques…

Parce que faire une copie de série américaine, c’est risquer de faire moins bien que les Américains !
Mais ce n’est pas une série américaine, c’est le développement d’une franchise cinématographique qui a clairement une sensibilité européenne, faite par des réalisateurs européens… En plus, la série est en bonne partie tournée en France, avec des techniciens français et des cascadeurs français.

Oui, enfin, ça reste une histoire de castagne et de courses-poursuites en grosses voitures…
Oui, il y a de l’action et du combat à l’américaine, mais il y a des différences avec ce qu’en ferait les Américains. Il y a notamment un second degré permanent, y compris dans l’action. On ne veut pas de sang qui gicle ! C’est un format d’action, mais familial.

Sur un film, l’action pure, ça va. Mais sur 12 épisodes, il faut développer les personnages. Comment allez-vous vous y prendre ?
On va essentiellement développer les relations que Frank Martin entretient avec les autres personnages, notamment l’inspecteur Tarconi, toujours joué par François Berléand.

Quand se déroule la série comparativement aux films ?
Au même moment. Frank Martin habite dans le sud de la France, à Nice, il travaille avec Tarconi, etc. Tout est identique. D’ailleurs, les premières minutes du pilote sont un clin d’œil aux fans des films…

Vous reprenez une marque, un nom identifiable. Est-ce un atout majeur ?
Clairement, autant pour séduire les chaînes et leur vendre la série que pour plaire au grand public.

N’est-ce pas en même temps un cadre contraignant ? Vous auriez pu faire Chauffeur, et être libre de vos mouvements…
C’est sûr que ça peut être une contrainte, mais le concept de Transporteur est tellement simple que ce n’est pas sorcier de le transposer à la télé. Si on avait fait Chauffeur, on aurait frôlé le plagiat en permanence…

La série est-elle en épisodes « stand alone » ou est-elle feuilletonnante ?
Il y a une mission à chaque épisode.

Comment faire Transporteur sans Jason Statham ?
En changeant justement celui qui incarne personnage. Jason est un paquet de muscles. Nous, on voulait quelqu’un d’entrainé, de prêt physiquement, mais avec plus de charisme et un éventail de jeu pouvant aller de l’extrême violence à la tendresse. Ce que Statham n’a pas… mais je ne veux pas dire qu’il ne fait pas, par ailleurs, son boulot !

Image de Une : Transporteur (M6/Cinemax/Largardère)



2 commentaires pour ““Transporteur, c’est pas de l’art et essai, c’est de l’efficace.””

  1. Cet entretien est l’exemple parfait de comment ne pas donner envie de regarder une série télé. Pourtant mon niveau de tolérance aux cours-poursuites-explosions-jolies-filles est normalement assez élevé. Allez, dites-le, vous avez fait exprès…

  2. @albi : je dirais les choses différemment. Comme précisé dans l’intro, j’avais un a priori assez négatif, du coup je cherche à bousculer un peu mon interviewé. Pour le reste, je vous laisse seul juge de ses réponses. Pour ma part, je suis comme vous, si c’est bien foutu, je ne dis pas non à un “grand spectacle.”

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