Terrorisme et séries américaines : loin des caricatures

Les années d’après 11 septembre, celles où tous les méchants de séries US étaient barbus et grimaçants — donc islamistes — semblent loin. A l’occasion des 10 ans des attentats qui ont changé l’Amérique (et donc la fiction US), le très sérieux Norman Lear Center de l’Université de Californie du Sud (USC) à Annenberg — Norman Lear était producteur de All in the Family et The Jeffersons, deux classiques de la comédie — s’est penché sur l’image des terroristes dans les séries (surtout de networks) en 2010. Plus précisément sur leurs origines, leur identité. Le résultat de ce travail universitaire va à l’encontre de toutes les idées reçues sur les séries US, et révèlent qu’elles ont tourné — en partie — la page patriotique à l’excès de l’après 11 septembre.

Les responsables de l’étude ont passé au peigne fin 49 épisodes de 10 séries parmi les plus regardées, dont 24, NCIS, Law & Order, Les Experts Miami ou encore The Good Wife. Leurs conclusions (qui concernent aussi l’image du trafic de drogue) sont visibles sur le site du Norman Lear Center, et dans la vidéo ci-dessous. Elles se reposent sur 4 grands constats :

1. Les minorités sont rarement dépeintes dans des rôles de suspects. Sur 21 suspects, 1 était Noir, 2 Latinos, 3 originaires du Moyen-Orient et… 67% Blancs. 62% étaient citoyens américains ou résidents.

2. Les flics et les services secrets font mal leur boulot. 89% des interrogatoires se passent par exemple sans avocats, les droits ne sont pas lus… et le public n’est pas informé des menaces dans 75% des cas.

3. La violence n’est pas la solution. Plus d’un tiers des actions violentes des héros s’avèrent dangereuses pour des innocents. Et elles sont généralement des échecs.

4. Les séries montrent une version stérilisée de la guerre contre le terrorisme. Un seul type torture ouvertement, un certain Jack Bauer… 

Selon-vous, les séries US ont-elles tourné la page du 11 septembre, ou cette étude a-t-elle raté quelque chose ?

3 commentaires pour “Terrorisme et séries américaines : loin des caricatures”

  1. Je ne crois pas que les séries US aient tourné la page 11 Septembre rien qu’à voir Homeland qui arrive cette rentrée.

    Tout cela me fait penser à Generation Kill et cette étude appuie le fait que cette série est formidable.
    Pour ce qui est de “la violence n’est pas la solution”, Generation Kill en est le parfait exemple. Et puis c’est une série qui ne montre pas une version stérilisée de la guerre contre le terrorisme. Elle ne tombe pas vis à vis de cette étude dans les travers des autres.

  2. Il ne me semble pas que les fictions aient tant changé: on a toujours le principe du héros pourchassé par l’état, qui veut faire le bien et qui nous plait en tant qu’individu… Combien de films, avant et apres le 11 septembre, qui posent un individu qui va sauver le monde (face aux extraterrestres, face a une guerre mondiale), non soutenu par une armee qui veut tout faire exploser, et qui créerait un échec mondial… C’est plutot la multiplication de ce genre d’histoires qui a marqué le 11/09, pas vraiment le fait que l’Etat soit parmi les gentils, ou que la violence soit la solution… enfin il me semble

  3. “1. Les minorités sont rarement dépeintes dans des rôles de suspects. Sur 21 suspects, 1 était Noir, 2 Latinos, 3 originaires du Moyen-Orient et… 67% Blancs. 62% étaient citoyens américains ou résidents.”

    C’est la victoire du politiquement correct sur la réalité. Meme dans la saison 2 de 24, quand les terroristes étaient islamistes, ils étaient en fait manipules par des méchants industriels blancs américains. C’est la conjonction du fascisme bienpensant (donc le Politiquement Correct) avec le fascisme conspirationniste (Meyssan and co) sous la bannière d’Hollywood.

    Ca fait peur.

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