Supernatural, super métasérie

Super quoi ? Méta-séries, autrement dit, série consciente de son statut fictionnel, et qui en joue. Qui met en permanence son récit en abyme, et qui s’inscrit volontairement dans un monde fictionnel déterminé, dans ses codes, etc. Supernatural. Si si. La série de la CW, le truc vaguement horrifique pour ados, qui n’arrive pas à la cheville de Buffy, avec son duo de minets. Celle-là même. Ou plutôt, ce qu’elle devient pour peu qu’on s’y intéresse, et qu’on arrête de la prendre pour ce qu’elle n’est pas : une série pour boutonneux — avec tout le respect que j’ai pour les boutonneux, j’en étais un il y a 15 ans.

Supernatural n’a pas gagné ses galons de métasérie dès sa première saison. C’est avec le temps que ça s’est fait. Parce qu’elle est une des séries les plus “pop” du moment, nourrie de culture cinématographique, sérielle et musicale (vous en connaissez beaucoup vous, des séries qui s’ouvrent sur du AC/DC ?), et que rien ne vaut un peu d’humour et de distance pour rendre hommage à ses sources d’inspiration. Donc, d’un chouette mais un peu vain road trip horrifique à travers les Etats-Unis, la série est devenue un objet duel, tiraillé entre une histoire un poil boursoufflée (la fin du monde, le Diable, Dieu, les anges, etc.) et un ton très second degré (merci à Dean, l’aîné des frères Winchester, incapable de lâcher une phrase sans blague, cynique si possible).

Hier soir, je revoyais l’épisode de la saison 5 où Sam et Dean se retrouvent “enfermés” dans le monde de la télévision (le 8, qui sera diffusé dans deux semaines sur TF6). A mourir de rire (voir les vidéos ci-dessous). Du coup, je me suis dit que je posterai ce matin des extraits de ma rencontre avec les acteurs de la série cet été au Comic Con. Manque malheureusement Jensen Ackles, alias Dean Winchester. Mais les autres sont là (dont Jared Padalecki, à retrouver dans l’Hebdo Séries de cette semaine). Attention, ça va vite 🙂

Jared Padalecki (Sam Winchester) : “Au départ, on ne devait raconter que des histoires de fantômes et de monstres, mais avec le temps, on a commencé à rendre hommage à nos fans, à faire des épisodes où on est dans des conventions (Supernatural est une série de romans à succès… dans la série, ndlr) et des épisodes qui se moquent du genre, de films où Jensen jouait, où j’ai joué, etc. Il ne faut pas se prendre au sérieux. C’est super de faire partie d’une série qui se tourne en dérision. Franchement, dans une série si sombre, où les gens meurent, où nous tuons des gens, où mon personnage meurt, va en enfer, etc. il faut relâcher la pression de temps en temps…”

Misha Collins (Castiel) : “Les créateurs de Supernatural écrivent une série horrifique, mais ils ont besoin de s’amuser un peu. Du coup, ils dérapent régulièrement, sortent du cadre. Si je devais définir la série, je dirais que c’est une comédie romantique familiale horrifique de science-fiction… en fait je ne sais pas trop ce qu’est cette série. Je crois qu’elle même n’en est pas sûre.”

Jim Beaver (Bobby) : “C’est une excellente idée de se moquer du genre et de soi même… tout en racontant une histoire sérieuse. C’est essentiel de faire comprendre aux fans de la série et du genre horrifique en général que nous sommes tous dans la même barque, que nous avons les mêmes références, y compris les personnages eux-même. Les téléspectateurs peuvent se dire “leur monde, c’est mon monde.” Le côté “méta” de Supernatural, les parodies de séries, le fait qu’on laisse entendre que les héros sont conscients de leur statut, c’est le pied à jouer pour les acteurs.”

Image de Une : Supernatural, CW.