Tic. toc. Tic. toc. Cette fois-ci, c’est la bonne. Depuis cette nuit, c’est officiel, 24, toujours appelé 24h Chrono par une bonne partie des téléspectateurs français, connait ses dernières heures. 11 heures, précisément, qui séparent la série de son dernier épisode, le 24 mai. En français, ça donnerait presque “le 24 mais…”. “Mais”, parce qu’on sait très bien que “fin” ne voudra certainement pas dire “fin”. Un projet de film est déjà en préparation. NBC s’est même dit, selon certaines rumeurs, prête à reprendre la franchise lancée par la Fox. 24 n’est donc pas complètement morte, mais sa première vie est clairement sur le point de finir. Et c’est tant mieux.
J’exprimais ici-même il y a quelques temps mon aversion pour les œuvres qui ne savent pas raccrocher. 24 y aurait sans doute eu sa place si elle n’avait pas décidé de faire de sa huitième saisons sa dernière. Depuis la disparition de David Palmer, la série avait perdu de sa superbe. Bien sûr, on prenait toujours du plaisir à se faire balader par ses scénarios abracadabrantesques, bien sûr on s’amusait comme des petits fous à chaque “damn it”, “freeze” et autre tics de langage de “Jacko”, bien sûr on adorait détester les méchants islamistes, les méchants politiciens, les méchants mafieux russes, les méchants tortionnaires chinois, les méchants dictateurs africains, les méchants tueurs à gage britanniques, les méchants tout le monde et leurs bonnes têtes de coupables. Mais quelque chose s’était brisé. La routine des heures qui tournent, sans doute.
Tic. toc. Tic. toc. Il faudrait bien plus qu’un post pour revenir sur l’impact de 24 sur l’histoire des séries, du cinéma et… l’histoire tout court. Série symbole de l’après 11 septembre, série brocardée pour ses positions conservatrices, sa mise en scène de la torture et son héros près à tout (y compris au meurtre) pour protéger le peuple et la Démocratie, 24 aura fait couler beaucoup d’encre. Elle aurait même eu un impact sur le subconscient des Américains, en leur montrant qu’un bon président afro-américain, ça pouvait exister. A la veille de l’élection de Barack Obama, on ne parlait que… de David Palmer, son grand frère fictionnel. Au-delà, 24 aura inventé le concept narratif le plus simplement génial de l’histoire récente des séries : le temps réel. Désormais, il sera dur, très dur (impossible ?) de faire plus trépident, plus “rythmé” que 24… Tic. toc. Tic. toc.
Jack Bauer est mort dix fois, dix fois ressuscité (un peu vite à la fin de la saison 7), mais il fallait bien qu’un jour il casse. On espère, en fan sadique, que ça finira mal pour lui. Kiefer Sutherland, rencontré l’été dernier, souhaitait le contraire, répondant à la question “comment 24 va-t-elle finir ?” par “j’espère que Jack trouvera enfin un peu de bonheur et de repos.” Parce qu’on l’aime en héros maudit, rongé par le doute et la culpabilité, parce qu’on se satisferait même d’une petite métaphore du martyr de l’Amérique, on lui souhaite bien du mal. On lui souhaite une fin traumatisante, plus proche de celle de la saison 1 que du happy ending. Dans deux mois à peine, nous aurons la réponse. Tic. toc. Tic. toc.
Image de Une : 24, Fox.
en serie plus realiste, il reste de remplacer le heros par directement une camera à hauteur de cou qui fonctionnera comme ses yeux, et avec les lunettes 3D pour le telespectateur(c’est tendance), et on ne verra peut-etre alors jamais la tete du heros(sauf quand il regardera dans un miroir) , le telespectateur aura l’impression de marcher, de courir à la place du heros, de viser, de tirer et meme de s’ennuyer en regardant ici ou là et cligner des paupieres, et peut-etre meme de penser comme lui( entendre les pensées du heros?), ce serait peut-etre amusant aussi de faire cela avec plusieurs personnages s’alternant en meme temps ou de façon totalement decalée pour avoir plusieurs points de vue comme dans le film Angles d’attaque.
cela a bien été l’evolution des heros dans les jeux videos, pourquoi pas en film?
strange days donc
Petite imprécision, Dire que c’est une “série symbole de l’après 11 septembre”, selon vos termes, est une erreur.
La diffusion du 1er épisode date du 6 novembre 2001, mais le scénario de la saison 1 était depuis longtemps bouclé et les épisodes étaient en boîte depuis quelques temps.
Le 11 Septembre 2001 n’a pas engendré 24, contrairement à ce que vous laissez supposer.
Buddy
Certes, mais ça n’en fait pas moins une série “de l’après 11 septembre”, sur une Amérique obsédée par les menaces terroristes. Que 24 est été lancée avant le 11 septembre est un fait qui, selon moi (et l’immense majorité des commentateurs), ne change pas, sur le long terme, son regard sur les États-Unis des années “post 9-11”.
P.S : fautes d’orthographes corrigées. Elles venaient d’une modification de dernière minute (au départ, j’avais juste “méchants Chinois, méchants Russes, etc.”) et d’un oubli de correction du à cette modification. Merci pour votre sévérité 🙂
Re-bonjour,
Concernant l’obsession des Etats-Unis face à la menace terroriste, post-11 Septembre, elle est évidente et ce n’est pas pour rien qu’ a été adopté le Patriot Act qui est -de mon point de vue- une aberration.
Cela dit, pour en revenir à 24, je crois qu’il y a plusieurs niveaux de lecture. Au premier degré, on peut y voir une fiction assez réactionnaire et obsédée par la peur de l’étranger. Il y a à cela bien des explications, à commencer par le fait que les USA n’ont pas été attaqués sur leur territoire depuis Pearl Harbour. Cela faisait donc un bail.
A un deuxième degré, je pense que cette obsession est, sinon ouvertement critiquée, du moins en partie relativisée. Je pense notamment à la dénonciation des armées privées qui faisait référence à Blackwater. Il est montré que ces armées sont une menace pour la démocratie. Certes, cette dénonciation intervient en saison 6 ou 7 (ma mémoire me fait défaut) à un moment où l’on sort de l’ère George W. Bush. Mais quand même.
Enfin, il faut se souvenir que 24 appartient à un genre, celui du thriller d’esionnage et que la série en respecte les canons fictionnels, exactement comme le faisaient les aventures de 007 à l’époque de la Guerre froide. De ce point de vue, 24 n’est pas plus obsédée par la sécurité que bien d’autres oeuvres de fiction avant elle. J’ai le sentiment que cette “crainte” a toujours existé. 24 n’en est qu’une nouvelle déclinaison.
Buddy