Dimanche soir, le Super Bowl, événement télé de l’année outre-Atlantique, a battu tous les records d’audience. 106,5 millions de téléspectateurs. Jamais autant d’Américains ne s’étaient assis devant leur poste. Le précédent record, détenu par le dernier épisode de MASH, en 1983, était de 105,9 millions. Le match a été mouvementé, la victoire des Saints de la Nouvelle Orléans belle et symbolique d’une ville qui se relève difficilement du désastre de Katrina. Mais l’événement de la soirée, le vrai, s’est déroulé pendant les coupures pub. Le foot américain, comme tous les autres sports nationaux (baseball, basketball et hockey) est en effet calibré pour accueillir un maximum de pubs (le jeu s’arrête toutes les quinze secondes au pire). Pendant le Super Bowl, on attend donc avec impatience les spots spéciaux, filmés pour coller à l’événement. Au prix de la seconde de promotion (entre 1,7 et 1,9 millions d’euros pour 30 secondes cette année), en général, les marques s’appliquent. Cette année, deux pubs qui ont fait le buzz impliquent les séries télé.
La première est un court métrage inédit des Simpson, mis au service d’une fameuse boisson gazeuse (ci-dessous). Comme souvent dans ce genre d’exercice, les scénaristes n’ont pas peur des contradictions : le spot débute par un joli pied de nez à l’ultracapitalisme, avec la faillite de Montgomery Burns, l’irascible patron de la centrale nucléaire de Springfield. Déprimé, ruiné, Burns erre dans les rues, et fini dans un parc où tout le monde est heureux… grâce à la fameuse boisson. On voit bien passer, bras dessus bras dessous le chef Wiggum et son criminel préféré, le Serpent — sous entendu gay — mais le reste de la pub sent le politiquement et le capitalistiquement correct au kilomètre. La “morale” de l’histoire : les vilains patrons ruinés et les pauvres (Burns est désormais pauvre) peuvent être heureux grâce à cette fameuse boisson gazeuse, qui bien entendu n’appartient pas à un grand groupe plein aux as. Reste un joli film, que les fans des Simpson sauront apprécier.
Plus amusant encore, et étonnement au centre de moult débats publicitaires post Super Bowl, une pub pour une grosse voiture de sport de marque américaine (ci-dessous). Dans le spot, une suite d’hommes, visiblement tourmentés, déclarant qu’ils se raseront, qu’ils nettoieront le lavabo après, qu’il seront de parfaits époux, etc… s’ils gardent le pouvoir sur le volant, en l’occurrence celui de ladite grosse voiture de bourrin. En slogan, “Man’s last stand”, en gros “tout ce qu’il reste à l’homme.” Pitoyable, évidemment. Mais le plus drôle, dans cette histoire, c’est la voix-off de la pub. Écoutez bien. Ça ne vous dit rien ? Vous l’avez reconnu, c’est Michael C Hall, alias Dexter. Du coup, le sériephile s’offre une seconde lecture réjouissante de la pub, en parfaite harmonie avec la saison 4 de la série, qui débute la semaine prochaine sur Canal+ : Dexter nous promet d’être un gars comme il faut, de faire la vaisselle et de sortir les poubelles (comme dans ladite saison)… s’il peut conduire une grosse voiture bien dangereuse et nuisible pour l’environnement. Métaphoriquement : tuer des gens. Pas sûr que ce soit l’effet recherché par la pub, mais nous, on a bien flippé.